Grosse ”demi-surprise” quand en l’An 1997, Ritchie BLACKMORE lance cette nouvelle entité, sa troisième après DEEP PURPLE et RAINBOW. Celle-ci est axée cette fois, sur l’univers médiéval et donc une musique principalement folk. Le terrible Ritchie qui faisait exploser des ampli, met quasiment aux oubliettes sa Fender, pour se transformer en troubadour Richard, cœur de griffons.
Coeur ? Oui parce que le chevalier propose sa muse à la place des grands chanteurs avec qui il a oeuvré jusque là. La douce Candice nous offrira une voix des plus … douces ! (merci mes vassaux, on m’applaudit bien fort!) … loin donc du côté hard-rock, blues & soul de ses prédécesseurs. Choix vocal un peu étonnant quand on connait la légende d’Excalibur (épée => rocher => rock ! Tu vois le truc ? Non ? Ben va voir un druide, il t’expliquera mais ne goûte pas à tout ce qu’il pourrait te proposer hein ?;) )
Demi-surprise ? Car on connaissait déjà sa passion pour la musique médiévale, déjà présente dans les partitions précédentes, que ce soit dans ses solos ou carrément dans des compositions ou reprises qui laissaient peu de place au doute quant à cette sorcellerie qui l’habitait (Soldier Of Fortune, Temple Of The King, Rainbow Eyes, etc …). Mais cela restait tout de même une surprise de le voir basculer principalement dans cette magie noire, le folk, lui qui a tant fait pour la musique électrique et le hard-rock.
Etait-ce vraiment cette passion qu’il voulait à tout prix un jour exprimer pleinement ? Il en parlait déjà dans les interviews en 1975. Il vénérait un Jeff BECK qui changeait de style musical à sa guise. Ritchie BLACKMORE avait déjà adopté la formule du Roundabout (le ”Carrousel”, principe qui faisait changer de musiciens pour espérer maintenir l’inspiration). Il avait ainsi changer de formule musicale à plusieurs reprises même si il restait dans l’esprit gros rock (voir l’histoire de DP et ses Mark, puis celles de RAINBOW : en synthétisant, allant du rock psychédélique, au hard rock bluesy en passant par le hard somptueux puis commercial).
Etait-ce le succès relatif du dernier album du pourtant excellent Stranger In Us All sorti en pleine Grungemania en 1995, qui lui fît vouloir transformer son manager en écuyer ? Pourtant, des rumeurs de reformation de la légendaire Mark de RAINBOW avec Ronnie James DIO et Cozy POWELL furent denses en 97-98. Hélàs Messires, le décès du batteur viendra faire taire ces rumeurs encourageantes.
Etait-ce alors le charme de sa princesse qui le fit jusqu’à même partager son nom en haut du parchemin ? La réponse se trouve peut-être dans la pérennité de cette aventure médiévale jusqu’à ce jour de 2022, jour d’écriture de cette ”Oyé Oyé” de chronique, et peut-être un peu aussi au nombre d’enfants qu’elle lui donna par la suite … et ce, même si revînt le temps de trois étés de 2016 à 2018, probablement imposée par quelques lourdes dîmes, cette (Black-more) Masquerade de reformation scénique de RAINBOW. Depuis donc, finit l’esprit de ce carrousel et place au carrosse enchanté… Enchanté? surtout sur les premiers albums, plutôt embourbé sur les derniers …
Si ce musicien aime bien varier de styles, comme à son habitude à chaque changement, il assurera encore en intégrant à ses compositions, quelques reprises de bon aloi. Contrairement à un Jeune PAGE, Ritchie de Weston-super-Mare n’a jamais caché ses réelles influences. On retrouve donc ici quelques œuvres de SUSATO, TCHAÏKOVSKI et d’autres (voir liste ci-dessous) … et même la participation du chanteur flûtiste de JETHRO TULL, Ian ANDERSON, pour qui Sire Richard voue une réelle admiration.
Alors, qui dit médiéval, dit principalement instruments acoustiques : de la ballade folk, de l’instrumental folk, de la belle valse folk (Be Mine Tonight, Magical World, Renaissance Faire) sur lesquelles votre bouffon a même adoré valser. Et après une belle ballade introductive aux influences orientales réussies et connues de la fan-base, adoucissant ainsi l’effet de rupture (Shadow Of The Moon), le maître d’oeuvre n’hésita pas à faire savoir sa nouvelle croisade musicale à coup de trompettes et de cors dès le second morceau (The Clock Ticks On) : un titre typique festayre, qui à l’époque était acceptable – on peut bien pardonner et participer même au délire de notre vénéré, le temps d’un album ou deux – mais qui après X albums incluant ce genre de grivoiseries, finira par me lasser. C’est bien connu : les bonnes ”Blackue” sont les plus courtes, une fois.
Heureusement, seront conviés aussi quelques moments de virilité sur Play Minstrel Play avec quelques choeurs de guerriers qui scandent on ne sait quoi (moi je comprends ”Rhum !” lol mais il probable que des dames comprennent ”Mum !” ou les anges ”âmes”, et toi ? ). Dans tous les cas, on a envie d’y participer, de taper sur la table, surtout sur l’accélération solo de Ian ANDERSON. Reste que des moments de pures (hum!) douceurs comme sur Ocean Gypsy, sont un vrai délice saupoudré par la jolie voix câline de Candice.
Le maestro, quant à lui, semble baigner dans son élément à la guitare sèche. Que ce soit sur les chansons ou les morceaux instrumentaux, on sent vraiment sa passion. Ses interventions et autres arpèges se faufilent avec volupté dans chaque épreuve du tournoi. Ce qui a d’étonnant, et bien que je ne sois pas un expert de la guitare acoustique, c’est que même sans le son électrique, on entend, on ressent son fameux touché. Pardonner le pléonasme mais … les cordes ”sonnent” ! L’album est soigné. Il n’a pas été pris à la légère. C’est très pro, très impliqué … Et, conscient du virage, et comme le laisse espérer la pochette avec la guitare posée sur l’arbre, BLACKMORE reprendra sa divine Stratocaster le temps de l’envoutant Writting On The Wall et des féériques No Second Chance, Greensleeves et Wish You Were Here comme si il voulait nous dire que cette nouvelle carrière était écrite, comme si il nous invitait sur une piste vers de nouvelles étoiles. Et il n’y a pas mieux qu’une nouvelle valse telle que Renaissance Faire pour se laisser tournoyer la tête pour se laisser enivrer par ces nouvelles notes d’élixir et nous convaincre que cet opus est une grande réussite. Ritchie BLACKMORE est juste un magicien de la musique ! Qu’on se le dise Bonnes Gens !
Cette première verra donc l’aval des seigneurs. Ces derniers se verront même avoir le plaisir d’en vouloir une suite. Finir cet album par l’exquise reprise Wish You Were Here, était comme une invitation difficile à refuser… Mais ces derniers espéraient tout autant voir une alternance de carrière avec un projet électrique, que ce soit une autre mouture de RAINBOW ou autre projet électrique (blues?). Hélas, cette alternative ne verra jamais le jour. Il fût un autre temps où des seigneurs auraient sanctionné sur un bûcher, la vie de cet insolent pour manque de respect envers les fans de DP & RAINBOW ou plutôt envers son immense talent et son implication dans l’Histoire de la musique. D’ailleurs, au sujet de l’Histoire, je suis assez surpris des Charts vis-à-vis des albums suivants comme si les gens validaient des reprises de ses propres morceaux sans en connaître les versions originales bien meilleures : celle de Rainbow Eyes pour n’en citer qu’une !!?? Toutefois, à l’heure de cette lune-ci, les adaptes de la Stratocaster pourront se faire une excellente compilation de tous les titres électriques de la discographie de BN ; oeuvres qui auraient pu composer un flamboyant neuvième album studio de RAINBOW ; notez que cela aurait été un beau clin d’oeil à celui qui a repris la 9e de BEETHOVEN. Mais soyons patient, il est probable qu’une maison de disque nous proposera un jour cette compilation.
Au fil du temps, on aurait aimé voir aussi inviter à ce concept, David COVERDALE et Ronnie DIO dont les voix étaient idéales pour ce style. Etonnament, il n’y aura eu que Joe Lynn TURNER qui, sur l’album The Village Lanterne, aura été convié à partager le bal, le temps d’une reprise de Street Of Dreams, avec Candice, pour casser une certaine monotonie de la certes jolie voix de la muse.
Quoiqu’il en fût, j’avoue garder un sentiment validant à deux mains cette tournure, un sentiment même ému aux souvenirs de cette première, même si je me délaisserai de cette croisade au bout du quatrième album, stade auquel le Maître avait l’habitude de changer d’orientation. Il n’en sera rien cette fois-là, hélas ! Mais au moment de ce virage musical, on retiendra que cette nouvelle onde musicale se fait donc enjouée et… douce. (Applaudissez à nouveau mes vassaux … ou plutôt agenouillez-vous!). Sire Richard avait, là encore, réussi à prendre nos … cœurs … et nos écus!
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”Chef d’oeuvre” François Lefevre + Phil Lizzy
” Plusieurs très bons titres, à l’exception du lac des cygnes version disco-ABBA” Hubert Allusson
Titres
1. Shadow of the Moon (Ritchie Blackmore, Candice Night)
2. The Clock Ticks (On Trad. Tielman Susato, Blackmore, Night)
3. Be Mine Tonight (Blackmore, Night)
4. Play Minstrel Play (Trad. Pierre Attaingnant, Blackmore, Night)
5. Ocean Gypsy (reprise du groupe Renaissance) Michael Dunford, Betty Tatcher)
6. Minstrell Hall (instrumental) (Blackmore)
7. Magical World (Trad. Wassail, Blackmore, Night)
8. Writing On the Wall (“Lac des Cygnes” Trad. Tchaïkovski, Blackmore, Night)
9. Renaissance Faire (Trad. Susato, Blackmore, Night)
10. Memmingen (instrumental) (Blackmore)
11. No Second Chance (Blackmore, Night)
12. Mond Tanz (instrumental) (Blackmore)
13. Spirit of the Sea (Blackmore, Night)
14. Greensleeves (Trad.inconnu, Blackmore)
15. Wish You Were Here (reprise du groupe Rednex) (Leskelä Teijo)
Bonus Éditions anglaises et américaines + coffret The Beginning (2012)
16. Possum’s Last Dance (Instrumental)
Édition japonaise (1999)
16. Minstrel Hall (version avec cordes) (Instrumental)
Menestrels
Candice Night chant, chœurs
Ritchie Blackmore guitare acoustique et électrique, basse, tambour, mandoline, tambourin
Pat Regan claviers
Gerald Flashman trompette, cor d’harmonie
Tom Brown violoncelle
Lady Green violon, alto
Musiciens additionnels
Ian Anderson flûte sur Play Minstrel Play
Scott Hazell chœurs sur Play Minstrel Play
Production Ritchie Blackmore & Pat Regan
Enregistré 1997 au Minstrel Hall, New York
Label Edel AG
Sortie 2 juin 1997
Retour à la discographie chroniquée de Ritchie Blackmore
Album en écoute ci-dessous