Quand on est un die-hard fan et que l’on va assister à un tribute, le piège est de tomber dans le jeu des comparaisons qui vous empêche parfois de se laisser aller pleinement au live sans à priori, même si il y a un cahier des charges minimum à respecter quand on reprend une légende du Rock.
Et quelle légende !! Exigeante sur le plan technique mais aussi dans sa substance. Et ma foi avec ce tribute, vous aurez les deux ! …du moins selon votre degré d’exigence d’espérer entendre le même son que GillHughCovAndCo. Car voilà, il est impossible de reproduire l’imreproduisible (mot qui n’existe mais qui au final exprime bien la difficulté de copiage – rires). Et quelque part, c’est tant mieux sinon le live perdrait sa magie. Car le paradoxe, c’est que ce qu’aime le die-hard fan du Pourpre, c’est justement le fait que DEEP PURPLE ne reproduise pas à l’identique son show de la veille, ses solos, ses impro, voire sa setlist. Il y aurait donc comme une contradiction à exiger d’un tribute, un clonage, alors que c’était la surprise que l’on espérait chez l’original.
Pour moi, ce tribute band a bien respecté cet état d’esprit de DP, en nous proposant un parfait équilibre entre imitation et adaptation. Pour imager, ils ont jammé sur les jam du Pourpre. Et ce même si les duels voix-guitare sur Strange Kind of a Woman et Speed King, reproduits à l’identique, donne un sentiment étrange de briser l’excitation de l’instantané. Mais au final, qui n’a pas reproduit cet échange dans sa chambre, sa douche ou sa voiture ? C’était pour moi le seul moment de difficultés d’apprécier un Tribute Band, qui par sa mission, se heurte parfois à la libre expression qu’on attend aussi (surtout?) d’un concert. Un mini détail coupable vite annihilé quand on se laisse jouir à nouveau vers cette nostalgie et cette musique qui nous (a) fait tant rêver.
Car une des marques de fabrique de DP étant le duo guitare-orgue, on tient dans ce tribute band deux duellistes de très haut niveau. Je ne suis pas musicien pour vous graduer le niveau, mais moi j’ai pris mon pied et je n’ai pas été le seul dans la salle à saluer leurs prestations. D’ailleurs, en exagérant, je me suis presque vu regretter que le guitariste ne fasse pas une fausse note ou un larsen comme le maestro BLACKMORE pouvait lâcher parfois.
Moi qui suis un grand fan de Steve MORSE, il était jouissif d’entendre à nouveau sur ce répertoire, un guitariste ”habillé tout en noir”. Bien qu’il respecta l’œuvre de Ritchie BLACKMORE, j’ai bien apprécié sa patte, notamment sur le final de Mistreated et sur les interludes de Perfect Strangers, esprit néoclassique et arpèges bien là.
Quant au claviériste, je n’oserai pas dire que je le préférerai à Don AIREY mais … ATCHOUM ! P’tain de premiers jours de froid qui m’ont filé un début de crève … Hum ! Lui aussi fit l’unanimité autour de moi.
BLACKMORE-LORD, ce sera le répertoire de la MkII & III à l’honneur ici et donc la set-list. Si le public a vibré tout du long, le die-hard fan aussi ! Mais ce dernier est pénible en espérant un titre ou deux que DP ne joue jamais ou peu (Bad Attitude, Not Responsible, Place in the Line, et tant d’autres… A quand un tribute band de Face B, surtout quand on sait que des Face B de DP furent des classiques ?). On aura droit tout de même à Demon’s Eyes et à deux titres de RAINBOW. Belle consolation !
La voix ici plus proche d’un GILLAN, HUGHES et DIO que d’un COVERDALE, prend toute sa mesure. Un vocaliste qui reprend de la DPF se livre en pâture à la critique négative. Dans un registre légèrement moins rock et peut-être plus metal, il s’en sortira pourtant largement avec les honneurs.
Un exemple :
On retient souvent le refrain de Child In Time pour la performance dans les aiguës mais rarement les modulations et la suavité des couplets de Ian GILLAN. C’est surtout là que j’attendais mon ”suspect”. Car c’est justement sur ce type de registre, que personnellement j’apprécie le plus l’expressivité d’un grand chanteur. Rares sont ceux qui mettent autant d’expression dans ce passage. Et bien, notre invité contentera ”haut la voix” votre serviteur. Bravo et merci à lui d’avoir respecté l’esprit de la noblesse du chant de ces couplets.
Il offrira aussi une belle montée d’octave sur le couplet de Kill The King, tout comme des passages bien bluesy sur Mistreated alors que sa voix serait plutôt dans le registre lisse, lyrique que rocailleuse.
Carrément, j’aimerai bien l’entendre sur son propre registre musical.
Il se donnera à fond tout du long du set. Et c’est ce qui compte au final. Belle perf’ comme on dit.
D’ailleurs, cela ne doit pas être évident de lâcher toute son expressivité et son enthousiasme quand on oeuvre sur le répertoire d’un autre ? Vous rajoutez le fait de vous produire devant des gens qui dinent, moins attentifs à votre prestation, bref … Malgré cela, les 5 auront délivré un set enthousiasmant.
Il est probable que nous, public, ayons un rôle à jouer pour aider à casser ces barrières, par des encouragements, même par les plus timides comme moi. C’est ce qu’auront fait certains en délaissant leur table pour aller danser sur la piste et d’autres en reprenant les choeurs des Smoke ou Space …
On aurait pu leur poser la question.
Prévenu tardivement et induit en erreur par un ami pensant qu’ils étaient espagnols, langue qui m’est étrangère, je regrette de ne pas avoir proposé une interview de ces … montpellierains (sic!). Mais j’ai cru comprendre que, Paulo, notre Francis Zegut local et présentateur de Rock Stage, l’émission metal qui va bientôt fêter sa 200e chez Radio Païs, allait en diffuser une. Donc Stay tuned !
Pour 10€, il serait dommage que vous passiez à côté d’une telle soirée, au point que je me poserai la question de savoir si ils ont enregistré le set !?
A noter aussi la belle déco et la bonne qualité sonore de la salle pour un set de hard rock, car elle présente pas mal d’espace, resto oblige.
Seule petite fausse note pour l’After show quand le DJ nous annoncera une demi-heure de musique hard rock en fond sonore puis un passage au disco. La fausse note sera double : la Demi-heure se transformera en 1/4 d’h et le passage hard-disco se fera sans douceur avec un direct tube à la VILLAGE PEOPLE. On pourrait peut être lui conseiller une transition plus subtile avec un I Was Made to Loving You KISS , Endless TOTO, Inside Information FOREIGNER pour les groupes les plus connus … ou plus simple encore en restant dans la DPF, le Four on the Floor de Glenn HUGHES (cliquez!), un classique des boites de nuit des années 70&80.
Quoiqu’il en soit merci à cette salle de concert-brasserie au charme bien musical, pour sa programmation. D’autres concerts tribute y seront programmés. Mais n’oublions pas aussi la création musicale. Défendre un patrimoine est important car il prépare aussi le présent et le futur … d’où mon livre “Mémoire de Concerts – Ceux qui font chanter te saluent!”
Set list
Highway Star
Demon’s Eyes
Burn
Mistreated
Strange kind of a Woman
Child in Time
Perfect Strangers
Kill the King (Rainbow)
Greensleeves (Rainbow)
Stormbringer
Smoke on The Water
Black Night
Space Trucking
Lazy
Speed King
Liens Sites Purple Child – Jam Pub – Rock Stage – Radio Païs – Mémoire de Concerts, le livre & sa page facebook
Bonus Photos
Vidéos amateurs sur les facebook de
Paulo Rock Stage (avec un nigaud qui fait les choeurs en écho sur Space – rires)