Genèse du livre

Parfois les choses se font naturellement, parfois elles sont provoquées, souvent par obligation, quelque fois par passion.

« Vous a-t-on mandater pour écrire ce livre ? » me questionna mon interlocuteur, surpris par l’initiative. 

« – Non ! Je suis libre ! »

Même à l’heure d’internet, ce livre m’est apparu comme une évidence, un besoin suite à des découvertes successives et imprévues qui, au fil du temps, génèreront leurs lots de questions.

Si la transmission du savoir, du patrimoine, se fait depuis la nuit des temps, depuis les dessins dans les grottes de Néantherdaliens, il arrive que le fil du quotidien nous fasse oublier certains sujets, devenus si routiniers, qu’il nous faut parfois stopper un instant l’horloge, pour se retourner et voir que cet acquis est né d’abord de faits exceptionnels.

 

Les déclencheurs

Plusieurs anecdotes m’ont amené à la réflexion vers cet écrit, trois ont été déterminantes.

 

Acte I – Lorsque j’ai lu l’indispensable ”AC/DC Tours de France 1976-2014”, publié en 2014, j’ai été séduit par le récit sur l’organisation des concerts en France dans les années 70 : le côté aventureux, la débrouille, le challenge et cet instinct de toujours aller plus loin.

Que l’on soit fan ou non du groupe, c’est assurément le plus beau livre sur le rock. Ecrit à trois en sept ans de recherches pour 712 pages au graphisme soyeux, on ne peut qu’être admiratif devant un tel travail et une telle dévotion. Ce bout d’histoire de France fait définitivement partie du patrimoine à transmettre.

 

Acte II – Début 2019, le disquaire Jet Records accueille un conférencier passionné de Frank ZAPPA, Pierre HAMELIN, pour commémorer les quarante ans de sa venue à Pau en 1979.

« Comment ? Un tel artiste, à Pau ? »

L’assistance composée de quelques anciens spectateurs clôturera logiquement sur LE concert de l’artiste. Chacun narra son vécu. Mais ce qui m’apparut flagrant, ce sont les à-côtés qui ont entouré l’organisation de ce concert à une époque agitée politiquement.

Déjà, je m’étonne de la venue ici de cette icône. Et mon étonnement rebondira alors sur d’autres grands noms ayant joué dans le coin dans les années 70 voire 80. Les noms fusent : AC/DC, John Lee HOOKER, IRON MAIDEN, URIAH HEEP, James BROWN, Johnny CLEGG, etc … Des noms dont la venue dans une ville de la taille de PAU aujourd’hui serait inconcevable (hors festival). A la sortie de la conférence, ingurgitant avec appétit toutes ces anecdotes, je balançai à ces témoins, un insouciant :

« Il faudrait que vous notiez ces souvenirs quelque part, un blog par exemple ! Ils me paraissent évocateurs d’une époque et d’une certaine exception, il serait dommage que ces récits se perdent ! »

Les récepteurs de ma remarque alors innocente, répondront positivement par des phrases ”bateau” du style : « Oui, faudrait qu’on le fasse ! » … Des paroles en l’air qui restent souvent lettre morte. Il était encore loin de moi l’idée que, titillé, je rattraperais plus tard au vol ma propre remarque tel un boomerang, et que je me lancerai alors, dans cette collecte de souvenirs.

 

Acte III – Les mois passent. Je suis en pleine promotion de mon premier livre sur DEEP PURPLE et je continue encore à chroniquer. Ce sera lors d’un échange collectif sur facebook autour de mon report du show de Nico Wayne TOUSSAINT, que je reçus une invitation à être ”ami” de Jacques GASSER que je ne connaissais pas.

Je vérifie son profil, si ce n’est pas une erreur ou un profil facebook-virus. Et là ! BOUM ! Sa photo d’en-tête semble être celle d’une pochette de DVD au graphisme vieilli, renvoyant à l’esprit des photos des années 20 ; son titre :

Mémoire de Blues de Jacques MORGANTINI – Jazz Hot Club de Pau Production

réalisation Jacques GASSER” …

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » M’interloquais-je !

Bien que je sois arrivé à Pau en 2000, mélomane, il me semble n’avoir jamais entendu parlé de cette odysée Pau-Chicago, née en 1946 par la passion de cet homme, bras droit d’Hughes PANASSIÉ, fondateur et figure du Hot Club de France, puis à travers cette association, le Hot Club de Pau qui prit fin en 1982.

Un souvenir brumeux me revînt alors d’avoir croisé sa silhouette au Zénith pour la dernière de Ciné-Cité, été 2010, avec un certain MAGIC SLIM. Je creuse ma mémoire et scanne mes souvenirs de fan, d’organisateur à la MJC du Laü et de mon entourage d’organisateurs et de musiciens … Les échanges et les questions fusent : ce sera la révélation !

Cette ”dernière” découverte fût le ”rewind”* qui rembobina tous mes étonnements cumulés et stockés inconsciemment depuis deux ans dans ma tête, du type : « Comment ? Ça aussi, cela a eu lieu à Pau ? »

Certes, la presse locale a évoqué par épisodes l’importance de cette épopée. Certes, le net va peut-être court-circuiter mon travail. Mais plus les jours passent, plus je me dis qu’il faut évoquer toutes ces sagas en profondeur et les centraliser dans un lieu : le fameux blog ? Pourquoi pas un livre ?

Ayant pour projet (abandonné?) de quitter la région, si je dois me lancer dans cette aventure, il faut que ce soit ”maintenant”. De plus, certaines personnes se font âgées, certaines sont même décédées ; Aussi l’urgence est là ! Je lancerai des premières sondes qui trouveront des échos favorables, déclenchant même un effet boule de neige. Pas de doutes, nous sommes bien au pied des Pyrénées.

J’officialiserai donc le projet afin d’obtenir un maximum de documents et témoignages et ce, afin de n’omettre personne.

Tel un enquêteur, de ces indices, il m’a paru ”élémentaire” d’en écrire le parcours, la genèse, non pas pour trouver ”l’assassin”, ni pour faire l’éloge de personnalités, mais tout simplement pour comprendre ce vecteur qui anime les passions, les actes, et font que des gens cherchent, découvrent et font avancer les choses.

Si il paraît impossible de penser à tout le monde, ne serait-ce parce que certains sont partis écouter la musique des anges, les absents se feront tout de même présents par procuration aux témoignages recueillis. En effet, rien ne dit qu’un volume 2 ne verra pas le jour, … tel un rappel de concert.

 

* Rewind = terme anglais = action de rembobiner (la bande d’une cassette d’un film)

 

 

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