Joe Lynn TURNER Belly Of The Beast – chronique

Lorsqu’apparurent les premières présentations de ce nouvel album, ce fut le double choc ! Visuellement et musicalement !

Visuellement, le chanteur âgé de 71 ans assume (enfin) sa calvitie due à la maladie Alopécie dont il souffre depuis l’âge de ses trois ans. Joli crane dégarni, il se présente sous un nouveau jour à tous, à la surprise générale. Il casse enfin ceux qui se moquaient de son côté maniéré et de sa perruque. Nombreux arrivèrent les messages de soutien (voir infos). Et il était temps de proposer un nouveau look pour sa profession où l’image compte aussi parfois mais pas toujours.

Car son image était un peu comme sa musique, elles commençaient à tourner en rond. D’ailleurs son dernier album solo remonte à 2007 et son ”partenariat” avec le label FRONTIERS pour le projet SUNSTORM a été rompu d’une façon peu respectueuse (voir infos). Une description de son image par toujours exacte mais les impressions sont souvent figées, surtout quand le look ne suit pas une certaine évolution musicale comme pour son album heavy, Slam ou l’ambitieux mais avorté projet MOTHER’S ARMY ; il est vrai deux exceptions trop rares pour attirer l’attention. De plus, Joe Lynn TURNER a toujours pâti d’un manque de considération du fait notamment qu’il fut souvent le chanteur de remplacement (RAINBOW, MALMSTEEN, DEEP PURPLE), et ce malgré la qualité de son apport indéniable, notamment commercial, vu que les albums de MALMSTEEN et de RAINBOW avec lui au micro, ont été leurs meilleures ventes ; pour ce qui est de l’apport artistique, c’est un autre débat où la subjectivité domine davantage.

Mais cette rencontre avec le leader de PAIN et HYPOCRISY, Peter TAGTGREN, que j’avoue ne pas connaître, se devait d’être complétée par une image forte. En somme, c’était l’occasion ou jamais.

Car musicalement, le changement fut tout autant drastique. Ho ! pas au niveau de la mélodie marque de fabrique de l’américano-italien, faut pas exagérer, ni au niveau de la dramaturgie, quoique, vu que le chanteur a toujours apporté du blues dans son chant et autres déchirements, notamment dans son personnage de Nostradamus qu’il interprète dans l’opéra-rock de Nikolo KOTZEV – son duel avec l’inquisiteur Jorn LANDE reste un souvenir intense – mais ce changement fut un choc en allant vers le domaine du guitariste, celui d’un dark-metal industriel.

Si TURNER a la voix pour ce genre de concept, ils étaient peu nombreux chez les lutins à deviner qu’un jour le chanteur allait franchir ce vortex musical, une sorte de metaverse pour lui qui ne s’est jamais trop éloigné de la ligne de RAINBOW. Car comment décrire ce tube que serait Rise Up si interprété par RAMMSTEIN ? Un hit qui te détronche la tête avec ses tirs de rockets de claviers et guitares, limite techno, qui feront exploser la foule en délire : danse saute danse saute danse saute ! … Et oui tu as bien lu ! Quel chroniqueur aurait pu penser un jour référencer TURNER au groupe allemand ?

Et le reste ne fait pas dans la dentelle, même si parfois, il est fait appel à des orchestrations et autres violons (notamment sur l’intense ballade Dark Night Of The Soul) ! Le riff et le son de Belly Of The Beast arrachent d’entrée et bien à propos, les chev… Et ce qui dénote au-delà de ce gros son heavy et moderne, c’est la présence de choeur d’hommes, frissonnant de bout en bout : Black Sun et le tortueux Tortured Soul d’une émotion absolue … Cet album est gavé jusqu’à la gueule de titres forts, et ce de vieilles gueules cassées puisque je chronique aux lendemains de l’hommage aux Poilus de 14-18 ! Il te prend aux tripes ! Et ce n’est pas faire injure que d’utiliser ces qualificatifs envers ceux qui sont à la guerre, envoyés au massacre à cause de tordus en manque de rails de coke et de jantes alu.

Il n’y a quasiment que des hymnes ici, en sus de ceux déjà cités : Tears Of Blood, Don’t Fear The Word, Living The Dream. Même les autres pépites de ce disque qui ne postuleraient pas au rang de hit, n’en sont pas moins fort émotionnellement : Fallen World avec ce groove heavy et balancé appuyé par ces choeurs graves et mélancoliques, ainsi que Desire, fédérateur et pesant, sont de parfaits coéquipiers. Seule la ballade closer, Requiem, dont le nom du titre est bien vu dans ce qui n’est pas loin d’être un concept album, a un refrain un peu trop typé variété à mon goût. Il ne manquait pas grand chose en changeant quelques notes pour que ce final soit top.

Quand à la voix de ce grand monsieur du rock mélodique bluesy, elle est toujours aussi superbe et émotionnelle. On sait que TURNER peut s’adapter (Don’t Fear The Dark où on n’est pas loin de croire à un duo sur les couplets). On frôle par moments le théâtral pour le meilleur et sa voix module en fonction sans en faire des tonnes même si il fait preuve de fabuleuses fulgurances (Black Sun, Don’t Fear, Living The Dream, …).

Cet album est le croisement de RAMMSTEIN, DEPECHE MODE et ALICE avec un zest de NIGHTWISH pour le côté symphonique-opéra sans le côté néo-classique et BATTLE BEAST pour le côté stadium des refrains sans le côté trop ABBAcadabrantesque !

Cet album serait d’ailleurs chanté par Alice COOPER qu’on crierait au génie ! Certaines intonations de Joe ne sont pas sans rappeler la voix du maître de l’horror-show. Alors je ne sais pas si ce treizième – chiffre marquant – opus solo est original dans ce dense univers de la musique d’aujourd’hui mais il est à coup sûr original dans la discographie du maître de cérémonie. C’est aussi son plus sombre opus. Et il est probable que j’en fasse mon album de l’année, non seulement pour sa force indéniable mais surtout pour la double prise de risques artistiques d’un chanteur qu’on pensait être le plus conservateur de la DEEP PURPLE FAMILY ! Il faut savoir récompenser cela ! Enorme ! Félicitations aussi à Peter TAGTGREN, autre grand maître d’oeuvre, qui n’a pas eu peur de s’allier à un artiste au parcours que l’on pouvait croire opposé. Ce Belly Of The Beast est sans nul doute, un grand coup de maîtres, dans lequel Joe Lynn TURNER a frappé fort, et ce, par un double changement que l’on n’attendait vraiment plus de lui !

En posant le masque sur la table, il fallait aussi y poser ses couilles ! C’est chose faite, immense bravo les artistes ! Respect !

 

Epilogue : La question qui demeure est de savoir si il défendra cet album en tournée ! Et si oui quelle set-list présenterait-il lui qui a toujours eu peur de présenter ses titres solo ? Et comment harmoniser ces nouveaux morceaux avec ceux de son répertoire habituel ? Avec ces choeurs si prenant, peut-être pourrait-il les proposer pour les concepts du type Classic Meet Opera qui bénéficierait d’une chorale ? Ou alors, vite, un second album de ce type pour aller défoncer les festivals avec une set-list spéciale sur deux albums ! Reste plus qu’à acheter une canne classieuse, d’amener le python, de ne surtout pas remettre la perruque, et le look sera parfait ! Franck Andfurious dans ”Vis-ma-vie de producteur” 😉

Petite parenthèse : Quand on fait du coup rejoindre ce double choc, visuel et musique, il me revient à l’esprit ce clip d’ACCEPT, Generation Clash ou le film The Wall de PINK FLOYD. Quoiqu’il en soit le clip du terrifiant Tortured Soul, est à regarder en espérant que d’autres clips scénarisés suivent.

Petite dédicace personnelle : Un copain de rugby a subi une maladie de stress lui faisant perdre ses cheveux à l’âge de vingt ans. Et à l’époque des années 80, être chauve, était loin d’être à la mode ; difficile donc d’assumer. Il n’y avait que Yul BRUNNER et Telly SAVALAS aux crânes connus. Aussi, grand respect à des triplés qui par amitié et solidarité, se sont rasés le crâne. Personnellement, je n’aurai pas pensé le faire mais j’ai été content de lui avoir dit que son nouveau look lui allait super bien et que ça le rendait même plus beau. 

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”Belle chronique comme souvent. Album de l’année, assurément possible : album bluffant ! Son excellent, la voix le JLT sonne impeccable. Après cet achat et écoute, je n’avais rien ressenti de pareil avant Rising, voire Come Taste the Band. (pour rester en famille😂 ).” Christian Vergnaud

”Excellent album 👌🤘” Pascal Lecampion
C’est un excellent album, puissant et mélodique” Nicolas San-Galli

Titres

01. Belly Of The Beast
02. Black Sun
03. Tortured Soul
04. Rise Up
05. Dark Night Of The Soul
06. Tears Of Blood
07. Desire
08. Don’t Fear The Dark
09. Fallen World
10. Living The Dream
11. Requiem

Musiciens

Joe Lynn Turner – chant
Peter Tagtgren – guitares, basse, programming
Sebastian Tagtgren – batterie
Love Magnusson – guitare solos

Production  Peter Tagtgren

Label  Mascot Label Group / commander : lnk.to/JoeLynnTurner

Sortie le 28 octobre 2022

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