WINGER Seven

Nous ne sommes qu’au mois de mai mais il va être difficile de détrôner de la première place de mes albums de l’année ce winner là. Voilà ! c’est dit!

WINGER existe depuis 1987. A l’époque, les réseaux sociaux et leurs bashers n’existaient pas, ou du moins n’avaient pas la place qu’ils ont aujourd’hui. Mais médire sur quelqu’un est un réflexe qui existe depuis le temps des sorcières, par ceux qui ont un avis sur tout, en ne sachant rien sur rien et qui ont souvent des ”cadavres” à cacher.
WINGER fut railler en étant pris pour le groupe tête de turc-gondole des groupes de Glam (qu’il n’était pas vraiment), notamment par certains groupes de Thrash-Speed Metal. La campagne de dénigrement s’étala jusque dans la série à gros succès, spécialiste de l’humour sarcastique, Beavis ans Butt-head, et ce avec la complicité de METALLICA. Il est donc assez cocasse de constater que les deux albums des deux formations sortent quasiment en même temps.
 
Car quand on connaît le bagage musical de Kip WINGER et surtout quand on l’écoute, il paraissait pourtant évident que moquer sa formation, était une grossière erreur.
Déjà sa voix n’a rien à envier à celle d’un James HETFIELD en terme de puissance. Et puis se moquer soit-disant pour leur mièvrerie alors qu’on s’étale soi-même en états d’âme dans les médias (“bouh! suis trop alcoolisé, suis trop vieux,  …”)  jusqu’à en faire un DVD (Kind of Monsters) semble être le boomerang qui nous revient un jour dans la gueule (le fameux cadavre).

Car Kip WINGER passionné de musique Classique, de Jazz et de Comédies Musicales, s’est fait connaître chez ALICE. Il y a pire comme référence, d’avoir sur son CV, le nom du maître de l’Horror show. Nul doute que le bassiste y peaufinera l’art de marier rock et théâtralité ; musicalement et non scéniquement parlant. Un Alice qui, quant à lui, participera à une des dernières versions (2015) de la comédie musicale née en 1971, Jésus Christ Superstar. Le monde est petit et les boucles sont faites pour être boucler. Les grandes gueules aussi parfois ! James HETFIELD l’ouvrira plus tard à bon escient pour s’excuser auprès de Kip ; excuses qu’il acceptera même si amer, le mal était fait et qu’il attend encore celles de Lars ULRICH. Mais qui n’a jamais dit de bétises dans sa vie ? L’important est la repentance. Mais je m’égare …

Fit du passé et des années 80, la discographie de WINGER est elle, restée de qualité. Et avec ce septième album, Kip WINGER n’a jamais aussi bien maîtriser la fusion entre Classique, Comédie Musicale et un Hard-rock, parfois un peu Prog, Heavy (Tears Of Blood, One Light To Burn, Time Bomb  …) ou un peu FM (Heaven’s Falling), parfois un peu tout ça, et souvent classieux ! C’était déjà le cas lors des précédents albums mais ici on touche l’état de grâce. Et c’est un chroniqueur plutôt allergique aux comédies musicales qui vous le dit, les ressentant souvent pompeuses. Do or Die par exemple, arrive à être heavy avec pourtant une base de guitare acoustique, notamment par ses choeurs guerriers pendant que son pont mélodique colle l’auditeur à ses écouteurs, le tout avec un clin d’oeil à LED ZEPPELIN sur une partie du solo. Bref, un mélange dans l’écriture vers lequel peu de formations oserait s’aventurer. Dans un autre registre, Stick The Knife and Twist mélange rythme speed et percutant avec refrain Glam fédérateur qu’un SKID ROW enfin retrouvé, aurait pu emprunté.
 
Ces grosses influences se traduisent par des ponts du plus bel effet et surtout des choeurs à faire frissonner les poils de tout imberbe. Il ne s’agit pas des ”ho ho” habituels qui servent de ficelles trop faciles pour aider l’accroche, même si on y a droit par endroits. (On applaudit bien fort mes pléonasmes) Non! Ici tout se marient bien avec tout. Le dosage est parfait. Même les” ho ho” guerriers, plus évidents, cimentent au final l’ensemble de l’album. Ces choeurs là, jamais les mêmes, sont hyper chiadés. DEF LEPPARD avait montré les ”voix” ! WINGER a dépassé le maître ! P’tain ces choeurs ! Un vrai travail d’orfèvres dans ces arrangements.
 
De toutes les influences citées, les compositeurs alternent chansons au format court-rentre dedans (3-4mn) avec celles au format Prog.
Cette alternance permet de ne pas noyer ni lasser l’audition et au contraire, de la maintenir tout en haut de l’intérêt et du plaisir ! Là aussi, on sent l’expérience, avec cerise sur le gâteau, la participation d’un certain Desmond CHILD sur l’opener qui n’est pas forcément le titre le plus FM qui soit, comme on on pourrait s’y attendre tels les hits des années 80 à la BON JOVI. Je l’aurai plutôt cru co-compositeur sur Heaven’s Falling ou Ressurect Me ou encore sur It’s Okay.

Reb BEACH intervient vocalement dans un quasi duo (It’s Okay). Si il n’a pas la plus belle tessiture de l’histoire du rock, sa précieuse intervention apporte une couleur supplémentaire et permet de faire rebondir le morceau, un régal ! On en redemanderait si la voix de Kip n’était pas aussi intense. Et dire que John ROTH a une voix qui se défend bien aussi … De quoi faire un double album pour la prochaine fois ?

Niveau guitares, le limier du SERPENT BLANC se bonifie d’album après albums. Il se voit même postuler pour l’Award du meilleur solo de l’année sur cette merveille de ballade épique à tiroirs qu’est It All Comes Back Around ; un solo qui n’est pas sans rappeler dans le même esprit, celui magnifique de Steve MORSE pour Bird of Prey. Et question choeurs, on appréciera aussi le passage à la Child In Time (sans les octaves aigus). John ROTH, trop peu utilisé en lead, vient tout de même poser ses griffes pour un duel d’enfer sur Stick The Knife and Twist et ne lâche rien en rythmique à son acolyte. Avec deux guitaristes de ce niveau, à la rythmique, ça fracasse autant que des SAXON ou JUDAS PRIEST (usage aussi de la Talk Box). Les claviers, parfois piano, quant à eux, posent leurs mains sur cette oeuvre, de façon discrète mais avec ingéniosité qui fait sublimer le tout.

Ces virtuoses là n’ont plus rien à prouver. Ils mettent tout leur savoir au service de la composition, à l’inverse d’un DREAM THEATER qui s’est complétement égaré. La bande à KIP navigue avec grand talent entre hits et titre épiques, que ce soit des ballades ou des titres qui poutrent. WINGER vient de fusionner tous les bons arômes de ses albums précédents pour en faire l’album ultime qui contentera ses fans de Glam, de Prog ou de Hard, tout en rendant l’ensemble compact ! … C’est le genre d’album tellement empli de composants qualitatifs, qu’on pourrait en faire une chronique ”titre par titre”. Si je devais noter ce septième du nom, je lui donnerai un 10 sur 10! A l’inverse, si on devait lui faire un reproche, c’est à la limite qu’on en veut encore plus ou qu’il manque ce petit plus qu’un concept album peut obtenir parfois et qui transforme un album indispensable en chef d’oeuvre. Rien que ça! Ils ont mis neuf ans pour donner un successeur à Better Days Comin’, titre annonciateur (De Meilleurs Jours Arrivent). Car ça valait grandement la peine d’attendre. Oui, un meilleur album est arrivé ! On peut même s’inquiéter si ils pourront faire mieux? Mais qui sait ? Ils ont un tel potentiel ! En attendant, Carpe Diem, profitons déjà de cette offrande : il nous faudra du temps pour en apprécier toute la volupté ! L’incandescente pochette ne s’y trompe pas avec ce Phénix métallique sous fond de soldats égyptiens (?) ! Quand on sait qu’on ne sait rien des mystères et des beautés de l’Egypte, cela laisse encore la place à l’imagination envers ce groupe-là, qui a tout d’un Pharaon !

Ce WINGER, classieux et monstrueux à souhait, sans aucun titre bancal, est probablement le winner (gagnant) de l’année, bien loin devant ses anciens bourreaux qui eux, ont mis du jaune dans leur noir comme on transformerait un corbeau en canari. Seven, c’était aussi le titre d’un film-thriller : ils viennent là de tuer l’oeuf du dit canari ! Brillant comme le jaune du soleil !! Pas moins !!!
 
Vos avis sur Facebook ?

” Je ne connaissais pas. Effectivement, le peu que j’ai écouté m’a plu.” Christian Vergnaud 

”Excellente chronique d’un Winger qui tourne en boucle depuis sa sortie. Il sera…. c’est certain, dans mon top 3…des meilleurs albums de 2023. Quelle voix !!!! La pochette, les compositions, la production, l’interprétation, les arrangements…. Tout y est… La messe est dite.” Manuel François

” Hello Franck ! très belle critique partagée ! Pour confirmer ton opinion, à chaque écoute de cet album, je fais des nouveaux heureux de notre musique” Eric Bouger

 
 
Titres écrits par Kip Winger et Reb Beach, exceptés ( )

1. Proud Desperado  (Winger, Beach, Desmond Child)

2. Heaven’s Falling

3. Tears of Blood

4. Resurrect Me

5. Voodoo Fire   (Winger)

6. Broken Glass   6:52

7. It’s Okay

8. Stick the Knife in and Twist   (Winger, Beach, Grant Van Dijk)

9. One Light to Burn   (Winger, John Roth)

10. Do or Die   (Winger)

11. Time Bomb

12. It All Comes Back Around   (Winger)   7:29

Bonus édition japonaise

13. Proud Desperado (Acoustic)

 

Musiciens principaux

Kip Winger  chant, basse, claviers – Alice Cooper

Reb Beach  lead guitar et rythmique, choeur – Dokken, Whitesnake, Black Swan

Rod Morgenstein  batterie – Dixie Dregs

John Roth  guitare rythmique et lead, choeur – Black Oak Arkansas, Jimi Jamison, Giant

Paul Taylor  claviers, choeur – Alice Cooper, Steve Perry, Brian Ferry

Discographie

1988 : Winger

1990 : In the Heart of the Young

1993 : Pull

2006 : IV

2009 : Karma

2014 : Better Days Comin’

Production  Kip Winger
Label  Frontiers Records
Sortie  05 mai 2023
 
Album et clips en écoute

Medley de titres des groupes respectifs des membres de Winger