Ritchie BLACKMORE’s RAINBOW

Ce 15 août de l’Ascension 1975, deux hommes gravirent une montagne en argent ! L’un pour atteindre des sommets de musicalité, le second pour y faire résonner sa majestueuse voix sur le monde entier !

Bien avant que Tony Stark ne balance sur les grands écrans du vingt-et-unième siècle son fameux ”Je suis Iron Man”, Ritchie BLACKMORE sera encore moins modeste avec son fameux ”Je suis l’Arc-En-Ciel” (carrément!). En 75, DEEP PURPLE arpente les routes mondiales avec le gruppetto des ”maillots jaunes” affirmés de l’époque. Aussi, c’est au plus fort de sa renommée que le guitariste décide de sortir ce qui est censé être son premier album solo.

Alors quen 72, Ritchie BLACKMORE nourrissait déjà des envies de s’évader de la pression Pourpre du temps de la Mk II, avec notamment le projet mort-né BABY FACE, devant inclure Ian PAICE et Phil LYNOTT, le co-fondateur voit son leadership contredit par les nouveaux venus formant désormais la Mk III, Glenn HUGHES et David COVERDALE. Après un premier album Burn, pleinement réussi, l’entente s’effrite lors de la production du second, Stormbringer (clique sur la discographie chroniquée de DP et les membres).

En effet, Glenn HUGHES veut apporter des éléments funk et soul, genres qu’apprécient que modérément le guitariste. Et avec le soutien du jeune COVERDALE, ils refusent d’enregistrer une reprise de QUATERMASS, Black Sheep Of The Family, que BLACKMORE propose. Ayant goûter aux premiers gros cachets de la tournée précédente et des royalties, découvrant une taxation à 82%, les deux chanteurs argumentent ne pas vouloir partager les droits d’auteur en jouant des reprises et veulent privilégier leurs compositions.

Maître Ritchie sur son Arc-en-ciel perché, contrarié aussi par un divorce, décide tout de même d’enregistrer cette reprise avec le chanteur d’un groupe dénommé, ELF, qui a fait la première partie de DP. Le résultat plaisant au maître, celui-ci décide alors d’enregistrer un album solo qui n’est censé encore alors, n’être qu’un projet parallèle à DP. Le chanteur négocie l’embauche de ses partenaires de ELF, à l’exception du guitariste bien entendu. BLACKMORE accepte, peu regardant et un peu paresseux pour chercher des musiciens pour ce qui était il y a encore quelques mois auparavant, qu’une récréation à DP. Le meneur a déjà musicalement quasiment tout écrit. Aussi, tout est prêt, il n’y a plus qu’à filer en studio pour tout enregistrer.

Désireux de suivre des envies de néo-classique initiées par Jon LORD en les poussant vers un registre médiéval, il prendra même des leçons pour apprendre le violoncelle auprès d’un musicien du Electric Light Orchestra. Bien que l’apport de musique classique existe déjà dans les répertoires des groupes de rock progressif, dont JETHRO TULL, cette orientation musicale poussée, sera saluée par la critique et jugée même innovante.

Puis devant le succès de l’album et de la tournée, ce projet solo va devenir celui d’un nouveau groupe, RAINBOW. Hormis Ronnie James DIO, les trois autres membres seront déjà remplacés pour la tournée et l’album suivant. L’entente musicale avec le chanteur sera immédiate puisque ce dernier appose à la musique, des paroles touchant au domaine féérique. Coup de tonnerre alors, Ritchie BLACKMORE décide donc de quitter pour la première fois DEEP PURPLE.

Musicalement, on est loin du hard rock tellurique d’In Rock. On se situe plutôt vers une certaine décontraction à la Who Do We Think We Are avec un zest de classe de Machine Head, quelques crans qualitatifs en dessous. Si DP a déjà abordé la musique classique, ici le Guitar-Hero veut aller plus loin en abordant le médiéval déjà aperçu avec Soldier Of Fortune et un The Gypsy dont on parle moins, à tort ou encore avec Anyone’s Daughter. Aussi si cette approche apporte un vent de fraicheur et va même initier un nouveau mouvement appelé le Néo-Classique, cet album semble avoir assez mal vieilli si on le découvre aujourd’hui.

Pour moi, lors de ma découverte dans mes années adolescentes, il s’agit d’un must dans lequel le nouveau feeling BLACKMORien et la voix ensorceleuse de Ronnie James DIO font des merveilles en mon bon pays. N’est-ce pas Alice ? (ok je sors) Mais j’aimerai bien avoir l’avis de quelques jeunes d’aujourd’hui. Car si à l’époque, Man On The Silver Mountain fait office de nouveau Black Night coupé à du Smoke On The Water, au point que le génie chanteur en fera son hymne en solo et, bien que le son de la rythmique saturé soit accrocheur, j’ai aujourd’hui du mal à retrouver mon grand enthousiasme évident d’alors, même si ma nostalgie me piquera à un certain plaisir encore. Ce qui est bon reste bon, mais la concurrence d’aujourd’hui en font pour ma part une antiquité, au charme certain, mais antiquité tout de même. (Ceci dit, quand on entend le son froid et métallique des productions actuelles, ma préférence va encore à ces années 70 savoureuses.)

Cet hymne étant quasiment le seul vrai titre hard rock de l’album, on peut imaginer qu’il faudra alors faire appel à un peu d’ouverture d’esprit. Mais après Stormbringer, on est paré. C’est donc du rock sans hard (et sans funk ni soul) et avec du médiéval, qu’il faudra donc s’ouvrir les écoutilles. Et elles s’ouvriront avec grand plaisir sur les mélodies irrésistibles des Self Portrait, Snake Charmer, Sixteenth Century Greensleeves, The Temple Of The King et sur la magnifique ballade Catch The Rainbow, qui vaut à elle seule l’achat du disque, ou plutôt celui d’On Stage pour sa version live  magnifiée et prolongée de quinze minutes.

Sur le solo de Self Portrait, à écouter au casque, on se croirait dans la pièce avec le Maestro (Merci Martin BIRCH). La sensibilité et le touché du guitariste prennent encore une ampleur ici ; c’est dire après les albums de DP, combien ce magicien a un bagage large : à tomber! BLACKMORE va aussi marquer son empreinte avec un titre instrumental. S’attaquer à Still I Am Sad des YARDBIRDS n’est pas anodin pour insinuer qui est le véritable boss du trio de mousquetaires BECK, CLAPTON, PAGE, et donc, qui est le vrai d’Artagnan (oublié par une presse rancunière).

 

Ce disque, important à l’époque, moyen aujourd’hui (?), sera donc le premier du duo BLACKMORE–DIO. Quand on écoute déjà ici la qualité, il est difficile d’imaginer que cette association fera encore mieux par la suite. Le magicien guitariste aura donc le mérite de définir plus précisément le Néo-classique et de nous faire découvrir, après celles de COVERDALE, HUGHES et GILLAN, encore une superbe voix, celle d’un nouveau Grand. … Un Grand qui, pour ma part, n’aura jamais mis autant bien en valeur sa voix, qu’au sein de RAINBOW : le duo parfait ! Le duo magique !

Ce disque est probablement le véritable lancement du néo-classique. Sa pochette, bien qu’un peu infantile aujourd’hui (?), faisait rêver ! Un opus : parfait concept entre la musique médiévale, les paroles féeriques de Dio et cet artwork enchanteur!

Les contemporains d’alors nous préciseront si ce choix de date de sortie nationale était une prière à Marie (et non Alice) de succès commercial, ou un simple choix commercial de la maison de disque ? Quoiqu’il en soit, cette date lance une nouvelle carrière qui amènera l’Homme en Noir, devenu désormais multi-colore, vers quelques 50 millions, non pas d’amis, mais de ventes de disques avec ses 8 albums Arc-En-Ciel !

 

Partagez votre avis sur facebook, ils en ont déjà dit :

” C’est le son qui a vieilli… avec une re orchestration de groupe, l’album pourrait encore voyager sans problème… par contre, cela demanderait un sacré taf, donc du temps et donc… Au chant c’est carrément du challenge mais pourquoi le faire alors que 3/4 accords + un chant tout aussi niés suffisent à contenter la plage… Ce château aura toujours sa part de mystère et son arc en ciel mais il est à l’état de celui de Montségur aujourd’hui,  sauf pour les gens qui aiment encore le craquement du 33 tours évidemment :)” Laurent Pineaud

” Pour un premier album, c’est un sacré album même le sieur Blackmore n’est pas un novice, on ne peut pas en dire autant des membres survivants de Elf qui complètent le line-up. Quelle claque, une brochette de classique dès la première galette de cire. Blackmore-Dio un duo de genie; dommage que leur association n’est durée que le temps de 3 albums studio mais quelle triplette. J’aurai aimé voir cette formation en concert (Live in Munich 1977). Ma chanson préférée de cet album, c’est « Temple of the King ».” Stéphane Polowczyk
 
Je ne m’en lasserai jamais ! ✌️” Dominic Marchal

 

Titres  tous les morceaux ont été composés par Ritchie Blackmore et Ronnie James Dio sauf ().

Man on the Silver Mountain

Self Portrait

Black Sheep of the Family (Steve Hammond) – reprise Quatermass

Catch the Rainbow

Snake Charmer

The Temple of the King

If You Don’t Like Rock ‘n’ Roll

Sixteenth Century Greensleeves

Still I’m Sad (Paul Samwell-Smith, Jim McCarty) – reprise Yardbirds

Musiciens

Avec

  • Shoshana : chant

Production  Martin Birch, Ritchie Blackmore, Ronnie James Dio

Label  Polydor Records  // Amazon CD / LP / K7

Sortie  15 août 1975

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Album en écoute ci-dessous