”Pendant son séjour en Californie le 14 avril 1973, le groupe a reçu des albums d’or pour “Who Do We Think We Are” du président de Warners (Joe Smith) et du directeur (Mo Austin).” Deep Purple Classic
Soyons honnête, si niveau charts, ce quatrième et dernier album de la Mk IIa a connu un tel succès, c’est en partie grâce à la vague des trois premiers et d’un Made In Japan tout frais. Car pensez donc ! Quatre albums en 3 ans intercalés entre des tournées mondiales harassantes, ont vidé de son énergie ces cinq fantastiques ; ce qui amena le départ de Ian GILLAN puis de Roger GLOVER.
Les intéressés eux-mêmes le reconnaissaient via Deep Purple Classic :
Ce Who Do We Think We Are pâtit de cette ambiance instable et n’est pas au même niveau que ces prédécesseurs. Ironiquement, il fait preuve d’une totale ”simplicité” tant la formation revient ici aux sources du rock n’roll. Et si on fait fît de la comparaison et de la lassitude, il n’en est pas moins un très bon album. Il pourrait même paraître pour un album récréatif. Déjà il contient un classique en la présence de Woman From Tokyo qui ouvre l’album. Et vu la liste imposante de classiques qu’a su composer la Mk II, il est probable que certains titres que l’on juge moins bons, feraient de très bons classiques chez d’autres groupes qui n’en demanderaient pas tant. Quand on pense que certains n’ont fait carrière que sur quelques titres voire un ou deux, cela prêterait à sourire.
Pour ma part, j’inclus aussi Rat Bat Blue dont le solo de Jon LORD a du mettre à l’épreuve tous les claviéristes de MALMSTEEN et de DREAM THEATER, puis Place In The Line dont je n’aurai jamais compris l’absence dans les set-listes, à de rares exceptions près pour le premier nommé. Les modulations et l’intensité progressive vocale de Ian GILLAN, entre bluesman dépressif (pléonasme nécessaire pour marquer sa prestation), crooner appelant au streap-tease, puis rockeur hurleur flamboyant, le solo à tiroirs de Ritchie BLACKMORE qui met à genoux tous les plus grands guitaristes de blues – quel son !! – sur le second, complétés par une ambiance blues-boogie Lordienne, font de ce titre une des énigmes aussi incompréhensibles à mes oreilles que la censure live de When A Blindman Cries par RB. Ce sera une grosse frustration pour moi de ne jamais avoir pu vivre dans la fosse, cette Place In The Line. … Mary Long vient compléter ce duo avec son groove irrésistible et la voix angélique de ”Jésus”. Super Trouper peut être considérer comme un OVNI mais pour moi, ce pourrait être un parfait complément (une suite?) à Fool tant sa structure et son ambiance ont un côté progressif. Smooth Dancer ”pâtit” d’une production (trop) boogie alors qu’elle aurait pu aller dans la veine d’un Speed King si elle avait été plus nerveuse. Une chanson qui reste fun et qui rappelle aussi les origines rock n’roll 50′ du groupe. L’ombre des Gene VINCENT, Little CHARLES, Jerry Lee LEWIS planent fortement. Comment alors ne pas l’apprécier ?
Seul titre réellement faible de ce disque sera la ballade Our Lady ; faible dans le sens où son genre dénote avec celui de la Mk II. Elle aurait à la limite pu trouver sa place au sein de la Mk I … La Mark I, parlons-en un instant justement ! Our Lady, Super Trooper et le bonus Painted Horse, dont le riff ira germer dans The Man On The Silver Mountain, sonnent assez psychédéliques typés Mk I.
Si ce quatrième album avait été le premier de la Mk II et donc un pont de progression après la Mk I, il est probable que son aura aurait été plus éclairante auprès des fans. Car clairement, à un titre ou deux près, cet album pourrait alimenter toute set-list à lui seul. Album le moins hard de la Mk II mais malgré l’usure mentale de ses acteurs, le plus récréatif. Moins énergiques, usés, au final, ils se seront réfugiés dans les origines du Rock, celui du blues et du rock n’roll et quand on a leur talent, on ne peut être totalement déçu. Mais en passant après trois monuments, et ce avec une pochette décevante, plutôt ratée dans sa réalisation que dans son concept, la comparaison est brutale et déclinante. On comprend mieux alors la démission de Ian GILLAN qui aurait du amener le staff à accorder 6 mois de congés au groupe, le temps de se régénérer. Au final, il prendra onze ans avant la reformation. Mais cette séparation nous aura fait jouir de trois autres monstres : RAINBOW (Blackmore et Glover), WHITESNAKE (Lord et Paice), GILLAN … et une Mark III tout aussi légendaire avec l’arrivée de Glenn HUGHES et David COVERDALE en remplacement de Roger GLOVER et de Ian GILLAN ! Comme quoi, quand les choses peuvent paraître négatives, on peut en puiser du positif … Et quitte à comparer désormais avec le reflet de l’histoire, le groupe GILLAN a probablement puisé dans In Rock et Fireball pour leur côté direct puis légèrement prog, RAINBOW à un degré moindre par son côté sophistiqué, dans Machine Head, mais à coup sûr WHITESNAKE dans ce très boogie et vu les circonstances, paradoxalement funny, Who Do We Think We Are.
PS : En énonçant les noms des membres dans ces groupes qui constitueront la Deep Purple Family, il est étonnant avec le recul, de constater que Glover exercera plutôt chez l”ennemi” de son ami … Et quitte à parler de lui, il serait avisé de reprendre lors de son solo devenu convenu en 2022, la ligne de basse du bonus First Day Jam
Chronique rédigée par un gars qui se prend pour un chroniqueur 😉
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” Moi aussi je trouve cet album intéressant et un bon album…pas facile de passer après Machine Head…comme Fireball, je pense qu’il témoigne bien des tensions artistiques dans le groupe…hâte de lire tes commentaires sur cet album.. J’ai toujours une faiblesse pour Rat Bat Blue!!” Thierry Huort
” C’est drôle mais personnellement je n’ai jamais vraiment aimé Machine Head. Ya un côté trop” traditionnel ” et accepté de tous. C’est comme Paranoid de Sabbath. Les albums milestones populaire … ils m’ont souvent ennuyé assez rapidement. À l’inverse de Deep Purple, In Rock, Fireball et les 3 avec David & Glenn qui sont mes préférés. Ils sont plus ”dangereux”. On sent la transition plus lourde dans le son dans certains titres qui mèneront au type de compos heavy de l’ère Coverdale. Rat Bat Blue est une chanson que je vois bien chanter par David. En dehors qu’il y a le riff de Still of the Night dedans haha ! Les gens qui par inculture font une fixette que David pompe Led Zeppelin n’ont décidément pas cherché la bonne piste … ” Guillaume Joan Pépin
– C’est l’album le plus boogie de DP : suis d’accord avec toi que cet album collerait à DC ! par contre DC a déclaré que le riff joué par Blackmore et qui donna Still Of The Night, ne ressemblait pas à grand chose et qu’il a filé la démo à Sykes (Franck AndFurious)
– A l’époque, le terrain des riff était à défricher ! les mecs en créaient à la pelle ! quand on entend les impro et solo dans les concerts de l’époque on s’en rend compte ! il m’est arrivé de me dire ”wahou mais pourquoi il n’utilise pas ce passage improvisé pour en faire une compo !” (à moins que c’était une reprise que je ne connaissais pas !?) Jimmy Page le disait qu ils étaient prolifiques mais qu ils n’en avaient pas conscience alors (Franck AndFurious)
” J’aime cet album, tout à fait d’accord avec toi , belle chronique. Malgré tout on sent bien que la dynamique du groupe s’essouffle. “Place in line” est mon titre favori. “Our lady” serait le titre le plus faible de l’album. Mais c’est bien du DEEP PURPLE mk 2 !” Serge Aubert
Titre par titre – spécial 50 ans ! 1 mois = 1 titre ! (cliquez sur les noms des chansons pour les écouter)
Rien de moins qu’un Classique pour démarrer l’album ! Moins joué que ses jumeaux que sont Black Night, Strange Kind Of A Woman et l’incontournable Smoke On The Water (et plus tard un Might Just Take Your Life), il n’en fédère pas moins la communion dans la fosse.
Construit sur un riff rock et légèrement funky, appuyé par un orgue irrésistible, il est difficile de ne pas danser sur ce rythme d’autant quand arrive un solo et un final boogie sur lesquels le duo BLACKMORE-LORD se rappellent leurs influences auprès du rock n’roll cher à des Jerry Lee LEWIS, Gene VINCENT ou Little RICHARD. Jon LORD alternera piano et orgue, alternance faite dans les règles de l’art qui seront sa marque de fabrique et que peu au final, arrivent à faire avec cette efficacité d’enchaînements. Car dès le départ, quel régal d’entendre le claviériste répondre à la guitare légère et pourtant ferme de l’autre maestro sur ce riff invitatoire. Les interventions du guitariste légendaire sont ici d’une finesse exquise et qui devraient ravir adeptes du blues et du jazz.
Si on peut s’interroger pourquoi ce sont les jumeaux qui lui sont préférés dans la set-list, on pourra peut-être en chercher la raison sur ce pont lancinant qui rappelle Fool et qui casse un peu l’élan (ou le met en valeur selon si on l’aime ou pas). Car GILLAN y est d’une grande douceur … pour mieux contraster sur les couplets par un chant rugueux (dont Gene SIMMONS a du s’inspirer) et par des cris aigus explosifs qui accompagnent la partie boogie du célèbre duo.
Tel qu’on connait le groupe, on imagine bien que la version live sera encore plus dantesque, avec un GILLAN qui s’y déchaine et dont la fougue et la variabilité vocale en font le plus grand chanteur de l’univers … et pas que de Tokyo ! D’ailleurs ce morceau qui commence ici l’album, pouvait faire aussi un parfait rappel clôturant un set par une jam à l’infini …
Avec Mary Long, DEEP PURPLE démontre encore son art pour le groove swing-funky avec un rythme irrésistible. Point de hard-rock sur ce titre dansant car il n’est nul besoin de montrer toujours ses muscles pour faire savoir sa force et nous convaincre ! Ian GILLAN laisse aller sa voix d’Or en mode lyrique-crooner, un régal de finesse ! BLACKMORE le suit avec un solo délicieux. Le final vient flirter avec le prog psychédélique (Fool, Our Lady). En aparté, un passage vocal sur le final pourrait ressembler à un passage de la version de No More Cane On The Brazos chanté par ce seigneur en solo.
”Titre trop sous estimé, le refrain le plus mélodique de Purple mark II.” Eric Martelat (Messaline)
Après In Rock et Machine Head, ce Super Trooper parait anachronique ! Retour ici aux influences psychédéliques de la Mark I avec un zest de Fool dans la recherche prog ! Un titre étonnant donc, sous l’alternance d’un chant rugueux et lyrique qu’on croirait interprété sous pilule, accompagné par des cymbales et des claviers qui font planer ! Le solo de Blackmore suit l’ambiance, appuyé par une rythmique claviers sans ambiguïté. Si j’apprécie cette prise de risque, ce titre dispensable mais pas inintéressant, aurait pu trouver plus d’attention si il n’y avait pas eu les trois monstrueux albums précédents et si publié fin des années 60. Une sorte de successeur à Fool et d’ancêtre à Strangeways !
Smooth Dancer
Pour compléter le propos de la chronique, ce boogie puise dans les 50′ et la vague rockabilly, notamment dans sa rythmique piano, limite anachronique par rapport aux trois albums précédents, et dont seul le chant rugueux sur les couplets renvoie à l’esprit Hard-rock ainsi qu’un solo Lordien énergique et une rythmique bass-guitare qui sera reprise maintes fois par des milliers de groupe. Ce boogie a comme seul tort de ne pas avoir un refrain assez hard (surtout si on le compare aux boogie déjantés du groupe GILLAN) et de sortir au mauvais moment. Ce n’est plus ce son que l’on attend de la part de DP. Toutefois, difficile de ne pas prendre son pied à l’écouter ni d’apprécier la partie de slide sur la fin. On danse de suite ! Et au final, le boogie sera souvent présent dans les albums de Lord et Blackmore, jusque dans WHITESNAKE et RAINBOW et même dans l’album soul-funky Stormbringer.
Rat Bat Blue
D’entrée un riff saccadé, boosté par une batterie folle-dingue, vient nous attaquer le cerveau et les pores tel une mouche harcelante se transformant en pin-up streap teaseuse (plagiat caricatural du crapaud qui se transforme en Prince) ; une métaphore confirmée par un solo tournoyant d’orgue en mode ”plus dingo que ça tu meurs”! Jooooonnn LOOOOOORRRRD !!!! Quoi rajouter de plus à ce rythme qui donne envie de pogoter et de devenir … dingo ? Si ce n’est peut-être d’être interprété par une voix écorchée de … dingue ! Rat Bat Blue est probablement le pendant de Speed King en plus groovy ! Disons que si le second vous donne envie d’aller directement vous taper la tête contre un mur, le premier en fait de même, mais vous y aller en dansant (Aïe !) ! Même pas besoin d’un solo de Maître Richard pour que ce titre nous rende … fou ! (d’amour bien sûr)
Place In The Line
Our Lady
A l’inverse de Place In The Line, c’est le titre que j’aime le moins de la discographie.
Cette ballade est comme un retour en arrière, ère du psychédélisme et de la periode MkI. Mais retour en arrière ne veut pas dire mauvaise qualité. La MkI a produit de magnifiques ballades (April). Mais ici le fil s’emmêle.
La construction du titre est pourtant assez intéressante entre April et la partie planante de Fools. Mais la mélodie vocale, pourtant assez lyrique, ne caresse pas mes oreilles. Ca fait 50ans que je m’amuse à chercher l’ingrédient qui arriverait à me faire passer du ”mouais ya quelque chose à sauver sur ce titre” à un ”ca c’est de la ballade” qui me rendrait ”heureux”. En somme, jouer au jeu de ”vis ma vie de” musiciens … Et j’avoue que je n’y arrive pas et que c’est plus facile de critiquer. Ce titre me prend la tête.
Le plus schizophrénique, c’est que je le fredonne. L’effet ensorceleur de cette voix magique ? Ces riffs assez originaux au final ? Allez savoir mesdames ! Ma réponse est d’ailleurs peut être dans le titre : elles ont beau être imparfaites, on succombe quand même … Et c’est donc bien pour ça, que depuis 50ans je ne comprends rien aux femmes ni à cette chanson. Cette chanson est donc une oeuvre d’art. Elle a su captiver l’essence de ce mystère … Et si Our Lady était la Joconde de Deep Purple ? Si ça, c’est pas de la réflexion profonde …
Jolie fin pour clôturer la fin de la MkIIa, n’est ce pas ?
Painted Horses – bonus
Bonus de l’album qui pour une fois, n’est pas devenu un classique et on comprend pourquoi il ne figure pas sur le 33. Pas forcément mauvais, mais en décalage avec l’héritage MKII. Tout comme Our Lady, le groupe fait machine arrière et se laisse rattraper par ses influences des 50′ et 60′ avec ici une légèreté country (harmonica, slide, chevaux au petit trot, rythme pépère). Gillan est agréable à écouter, comme toujours, en restant dans un registre cool classieux.
Ce titre est sympathique mais ce n’est plus ce qu’on attend du groupe qui a inventé le hard Rock. Il confirme ma conclusion de l’album : il aurait été à sa place avec la MkI en appuyant sur le sentiment que Who Do We Think We Are aurait été un excellent premier album de la MkII. Mais passer après le trio d’albums connu auquel il faut rajouter le tellurique et frais Made In Japan, le rend anachronique ; bon mais has been. Reste que tout ne sera pas jeté de ce titre : le riff, sorte de petit frère espiègle de Smoke On The Water, va servir à inspirer Might Just Take Your Life et Man On the Silver Mountain. Le solo (très bon), a un quelque chose de similaire, funky, dans le riff de Lay Down Stay Down. Cela prouve que travailler autrement, le morceau avait de la ressource, mais que cette formation, dont certains membres ne pouvaient plus se voir en peinture car lessivés par le rythme tournées-hépatites-studios, en a fait une ballade country agréable, relaxante, mais mal à propos. Une ballade qui montre qu’ils en avaient alors plein les bottes.
Face 1
Woman from Tokyo – 5:48
Mary Long – 4:23
Super Trouper – 2:54
Smooth Dancer – 4:08
Face 2
Rat Bat Blue – 5:23
Place in Line – 6:29
Our Lady – 5:12
Titres bonus – L’édition remasterisée de l’album, sortie en 2000, comprend sept titres bonus. (source wikipedia)
Woman from Tokyo – 6:37 Remix de 1999
Woman from Tokyo – 1:26 Autre version du pont de la chanson
Painted Horse – 5:21 Chute studio
Our Lady – 6:06 Remix de 1999
Rat Bat Blue – 0:56 Session d’écriture
Rat Bat Blue – 5:49 Remix de 1999
First Day Jam – 11:27 Jam instrumentale entre Roger Glover, Jon Lord et Ian Paice.
Mark II
Ritchie Blackmore : guitare
Ian Gillan : chant
Roger Glover : basse
Jon Lord : orgue Hammond B3, piano
Ian Paice : batterie
Producteur Deep Purple
Label Purple (EMI) / Warner Bros.
Sortie (13?) janvier 1973
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