TRAPEZE You Are The Music We’re Just The Band

Alors que le second album, Medusa, restait encore dans un registre classic rock bluesy et qui déjà portait le registre des FREE, en le portant encore plus haut, cette fois l’influence funk se fera ici plus présente. Le terme ”novateur” ne sera pas appuyé faute d’études précises de ma part sur l’histoire de la musique mais on ne doit pas être loin d’une forme de création.

L’opener Keepin’ Time ne fait pas dans la demi-mesure si j’ose dire pour du funk, mais le rythme est donné. Mais pour ne point déconcerté les rockeurs puristes, la slide et le ton plus hard viendront rappeler les racines du blues britannique qui sonne déjà comme un air d’Amérique. (LYNYRD SKYNYRD sortira son premier album l’année suivante).

Way Back To The Bone enfonce le clou avec son rythme répétitif à la Sex Machine, rehaussé d’un final plus explosif. Feelin’ So Much Better avec son refrain accrocheur auréolé d’un piano, aurait du faire la pige aux hits des BEACH BOYS et autres EAGLES. Loser, tout comme d’autres chansons, envoie le message suivant à la planète : Glenn HUGHES n’a pas besoin de choristes : il se charge de tout. Tantôt soul, tantôt funk, tantôt blues, tantôt west coast, tant … tout !!! Et non : Glenn HUGHES n’est pas un Perdant, malgré sa noire décennie suivante. Il va gagner ses galons de noblesse dans l’univers du chant. Paul RODGERS, Stevie WONDER, et tant d’autres n’ont plus qu’à bien se tenir. Ce petit jeune d’alors peut se charger de la relève à lui seul. L’incontournable You Are The Music gravera à jamais les influences funk de HUGHES au point que je me demande ce qu’en aurait pensé le maître James BROWN ? Que des comparaisons élogieuses qui démontrent que TRAPEZE est probablement passé à côté d’un succès planétaire.

Ces trois pépites funk bluesy hard sont accompagnées de ballades qui sont tout simplement des perles. L’hymne Coast To Coast est plus connu dans sa version plus épurée sur l’album HUGHES/THRALL. Mais déjà l’incompréhension me guette quant au non succès de cette ballade qui aurait pu (du) rivaliser avec celles des The BEATLES, Elton JOHN, Billy JOEL et autres spécialistes du piano-voix. Peu connu, What Is A Woman’s Role est l’ancêtre, en plus complet, de I Found A Woman figurant sur l’indispensable Play Me Out. La guitare de Mel GALLEY, mélodique à souhait a du influencer celle de Tommy BOLIN tant leur jeu élégant semble voisin. Les arrangements et nombreux instruments ainsi que le final funky, démontrent que TRAPEZE avait un potentiel énorme. Enfin, Will Our Love End est probablement le bijou qui amènera un autre bijou, à savoir le suave You Keep On Moving de la Mark IV. Le saxophone ici apporte une complicité parfaite avec la voix sensuelle du jeune bassiste tel un couple qui s’enlacerait. Tout simplement beau ! Coast To Coast et This Time Around sont des ballades si belles, si pures, que j’hésiterai à écrire que Will Our Love End est probablement meilleure, et pourtant …

Après l’album Medusa, Glenn HUGHES dévoile toute sa délicatesse et l’immense chanteur qu’il est, et qu’il va devenir aux oreilles de la planète de la ”bonne” musique. Un chanteur unique !!

Si TRAPEZE puise donc ses influences chez FREE, James BROWN et à un degré moindre encore ici, de Stevie WONDER, il apportera sa pierre à l’innovation de la musique avec son world blues funk hard. Et si TRAPEZE n’avait pas perdu Glenn HUGHES, alors il serait probablement devenu un icône comme le furent ceux qui ont pris sa relève tels des LYNYRD SKYNYRD, PRINCE, Terence TRENT d’ARBY, EXTREME, Richie KOTZEN et même un BAD COMPANY si FREE n’avait pas existait avant … Il suffit aussi de regarder le nombre de musiciens, d’instruments et d’arrangements présents pour ne pas douter de la richesse de sa musique.

DEEP PURPLE y a gagné un grand bassiste et un fabuleux chanteur inégalable qui constituera avec David COVERDALE, le plus grand duo de l’histoire de la musique. Mais quelque part, on n’a peut-être perdu le nouveau LED ZEPPELIN ! Oui Monsieur-Dame, pas moins que ça !! D’ailleurs, John BONHAM ne s’y trompait pas en traînant souvent avec le trio.

Car ce trio, c’était tout simplement de la haute voltige. Un groupe C.U.L.T.E !!!

 

Autre propos détaillé par Guillaume Joan Pepin :

”Cet album a des compositions incroyables qui prouvent que l’ami Glenn a aussi bien contribué à la naissance du genre bien avant son intégration dans le Pourpre et aussi de l’orientation Funk metal. D’ailleurs Glenn chantait davantage comme Steve Marriot ( plus agressif ) que Stevie Wonder qu’il abordera plus dans Deep Purple …

Et la grosse surprise qui en fait me laisse vraiment … dubitatif … c’est Dave Holland. Même si je ne reviendrais pas sur mon appréciation de ce qu il a fait dans Judas Priest et qu’il n’était pas le ”bon Gars” … Mais putain sur cet album, il fait quasiment tout ce qu’il ne faisait pas dans Priest. Jeu beaucoup moins raide … putain ça groove. Là où il ne faisait pas de double grosse caisse live, ou de double avec Priest, il le fait ici à plusieurs reprises. Notamment sur le titre d’ouverture dont l’alliance avec le riff tranchant de Mel, évoque le prototype à la fois thrashy et Groove (Quel son de gratte!) … un peu comme Budgie sur Squawk la même année.

J’ai également lu un post de Allan, le fondateur et ancien chanteur de Judas Priest de 1969 à 1972, qui a travaillé avec Dave sur un de ses albums et qui déclarait qu’il savait bel et bien jouer de la double. C’est très bizarre … et même si ce n’est ni comparable à Simon Phillips, Les Binks ou Dave Dowle qui avait failli prendre la place… c’est à se poser des questions si une décision de goût ou d’objectif très discutable du groupe, n’est pas en cause.

Ça ne me fera pas aimer le Priest des 80’s mais sur Trapeze , ”credit is due”. Et il faut être honnête et reconnaitre ce qui est reconnaissable.

Le jeu de basse est monstrueux aussi.”

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Pépites

1. Keepin’ Time  (Mel Galley, Tom Galley)

2. Coast to Coast  (Glenn Hughes)

3. What Is a Woman’s Role  (Hughes)

4. Way Back to the Bone  (Hughes)

5. Feelin’ So Much Better Now  (Hughes)

6. Will Our Love End  (Hughes)

7. Loser  (Mel Galley, Tom Galley)

8. You Are the Music  (Mel Galley, Tom Galley)

Artistes

Glenn Hughes – bass, piano, vocals

Mel Galley – guitar

Dave Holland – drums, percussion

Musiciens invités

B. J. Cole – steel guitar on “Keepin’ Time” et “Coast to Coast”

Rod Argent – electric piano sur “Coast to Coast”, piano sur “Feelin’ So Much Better Now”

Kirk Duncan – electric piano sur “What Is a Woman’s Role”

John Ogden – percussion sur “What Is a Woman’s Role”

Frank Ricotti – vibraphone sur “Will Our Love End”

Jimmy Hastings – alto saxophone sur “Will Our Love End”

Production   Neil Slaven

Label  Threshold Records  / Cherry Red  //  Amazon CD / Deluxe 3CD / LP / K7

Sortie le  23 novembre 1972

Retour sur la discographie chroniquée de Glenn Hughes

Album en écoute ci-dessous