J’ai découvert récemment KLONE au Ready For Prog 2022. J’étais tombé sous le charme de leur musique envoûtante.
Un peu essoufflé par l’accumulation des concerts du fest, j’avais juste émis le p’tit reproche d’un manque de diversité de rythmes.
Car ici on oeuvre dans un metal doom prog atmosphérique dont les titres mid-tempo sont rois. Donc parfois, inclure un titre speed permet de maintenir l’attention. Le disquaire Jean-Luc complètera ”On dirait que c’est toujours pareil et pourtant, c’est plus varié qu’on ne le pense au premier abord et surtout ca marche !”
Cette impression d’entendre la même chose se fait souvent présente quand on ne connait pas le répertoire. C’est une remarque qu’une ex-compagne, non adepte du metal, m’avait faite à l’écoute de ”ma” musique … Cela m’avait surpris et fait réfléchir, et par ricochet devint une remarque que je me suis faite mienne quand j’aimais moins un genre musical : on trouve toujours que c’est pareil ! Faîtes le test avec le reggae, le jazz, le classique, Guy Béart … ou toute musique à laquelle vous êtes peu initié. Donc façonner son oreille reste un petit effort éducatif à faire ; un effort ici peu violent tant la musique captive d’elle-même. Ecoutez le titre After The Sun !
En fait, cette (fausse) impression de linéarité était un reproche qui s’adressait à moi-même, sur ma capacité à enchaîner les concerts lors du festival toulousain.
Car une pointe de death metal vient coloré l’ensemble autour d’un magnifique chant clair majoritaire, parfois ”déroutinié” par des passages puissamment aigus et grollés. La voix captiverait n’importe quelle oreille novice. Belle, “simplement” belle !

L’album sorti en 2024 avait fini de me convaincre, le citant dans mes albums de l’année. (<= cliquez)
Aussi leur venue à Pau, ville si avare en metal, pour seulement 20€, était une invitation à ne pas refuser.
Et ma foi, l’enchantement fit encore une fois son office.
En sus du chant et des mélodies gagnantes, je me laisserai porter par la basse. Les guitares réalisant surtout une nappe rythmique, ce sera étonnamment cet instrument qui jouera le rôle de soliste sur certains titres : exquis ! Idem : si la batterie n’a pas pour but ici l’usage de la double grosse (à fond la) caisse, ces rythmes lancinants exigent une certaine créativité de groove.

La musique planante de KLONE vous embarque petit à petit. Et la basse joue ici un rôle telle une valse qui tournoie autour de vous avec un ange qui veille sur vous. On a l’impression d’assister à une séance de lévitation dans laquelle votre corps se laisse porter … , ou à coup sûr, votre esprit, si comme moi, vous êtes en surpoids.(rires)
Le public venu nombreux, ne s’y trompe pas et ”valse” comme un seul couple de danse. Intense !
Superbe concert ! Hypnotique … il fait voyager sur place … et sans produits 🤩👍🙏🤘Et le comble, sans aucun effets visuels ! On imagine l’ambiance si le show, qui se suffit à lui-même – j’insiste – ajoutait des effets à la PINK FLOYD ! On met d’ailleurs un petit moment pour atterrir après ce beau voyage. Je me suis même mis à rêver à assister à leur concert dans un cadre idyllique* tel au Pic du Midi, au Théâtre de Verdure ou en bord de plage en nocturne, ou encore dans des salles magiques comme le Théâtre Saint Louis ou le Palais Beaumont … Merci messieurs ! C’était un beau voyage !
(* Clin d’oeil au livre ”Ceux qui font chanter te saluent ! Mémoire de Concerts” qui met en valeur, entre autres, les concerts organisés dans des lieux historiques) (<= cliquez)
A classer avec des musiques d’ambiances relaxantes même si une pointe de mélancolie règne, entre un MARILLION ou un MUSE (en plus nerveux) et un LEPROUS (en moins prog).
Fabrice Roussel, mon mentor du temps où l’on organisait ensemble des concerts, insistera : “C’est mieux que le Marillion seconde vie ! ” c’est dire !
En co-tête d’affiche, THE OLD DEAD TREE oeuvre aussi dans un metal atmosphérique, légèrement plus death metal que KLONE. Si ma préférence ira à ses derniers, le plaisir sera présent aussi avec une belle intensité sur le final.
Si je voulais faire ma mouche – non pas ”posée sur sa bouche”* (Polnareff) – je bzzzzezzzeterai sur un sample de choeurs pour un titre qui ne s’imposait pas. Les samples pour du live, c’est comme la confiture sur le foie gras : c’est bon mais ça gâche le goût noble du foie ; d’autant que ce passage d’ambiance mériterait justement d’être testé à capella : le chanteur ayant une voix qui se défend.
Pinaillerie faite, avec ces deux formations, la soirée aura été une fabrique à bien-être … qui ne m’aura donc pas fait regretter de rater le match de rugby du vendredi !
Franck Urban
Venez partager vos impressions sur Facebook Mémoire de Concerts
Ps : Interviews par Paulo DeXira des deux formations dans l’émission RockStage (Radio Païs) mercredi 16 avril 20h puis podcast n° 248
Voir le concert du Hellfest avec le saxophoniste