Carlos SANTANA + Kenny Wayne SHEPPERD – Marciac 2025

Réputé de l’autre côté de l’Atlantique, j’étais curieux de découvrir Kenny Wayne SHEPHERD. Et pour ma part, le concert aura côtoyé le sublime au futile. 

Commençons par le décevant. Le show propose deux chanteurs : le guitariste-chanteur et le chanteur-guitariste qui se partagent les compos. Leur registre vocal étant quasi similaire, je n’ai pas su voir l’intérêt. 

Certes KSW a une voix légèrement plus nasillarde, commune à la majorité des chanteurs de country mais il faudra attendre le quatrième titre pour que son acolyte pousse sa voix dans un style plus bluesy, légèrement plus rocailleux (skat) mais sans pour autant emballer mes oreilles. Quand on sait combien de chanteurs talentueux dans le genre galèrent, on s’interroge sur ce choix d’un anonyme qui n’a pas (encore) de référence. 

Auparavant trois titres lents ambiants, certes agréables, impatienteront mes doigts de pieds et pas que les miens, puisque mon voisin inconnu finira par s’asseoir pour … jouer aux Echec sur son smartphone. Entendons-nous bien, le chanteur a une bonne voix mais loin du niveau international. 

Le quatrième titre réveillera mon enthousiasme par un style davantage rock FM avec ses ”hoho” qu’un KING KING ne renierait pas… Mais il sera dit que le set ne dépassera pas le mid tempo. Aussi quand le bonhomme nous parle de rock’n’roll, ce seront celles de DALIDA qui me viendront à l’esprit : ”parole, parole, parole”. Le claviériste, plutôt aussi léthargique, me renverra aux souvenirs nostalgiques du Jerry Lee LEWISien, Mike LATRELL qui enflammait le feu ShowCase Time de Pau et autres salles en compagnie des Neal BLACK, Manu LANVIN, Nico Wayne TOUSSAINT etc …

Reste que si on programmait ce genre de formation dans nos EHPAD, je prends ! Mais je serai curieux de savoir ce qu’en pense l’ex-batteur de Stevie Ray VAUGHAN officiant ici et qui quittera le plateau sans avoir vraiment sué.

 

Côté positif, un saxophoniste et un trompettiste s’époumoneront jusqu’à imaginer voir soulever les toiles du plafonds du chapiteau ! Brillant ! Clairement ce duo là avait envie d’être reprogrammer au fameux festival de jazz.

Quant au maître d’oeuvre, dans son registre blues planant (pleonasme? On n’est loin ici du blues rock et encore moins du boogie), il balancera trois longs fabuleux solos qui enflammeront la salle, et qui effectivement méritaient à eux seuls la venue. Mon voisin finira par se relever et utiliser le sifflement en guise d’hommage. 

 

Un concert donc mi-figue mi-raisin qui, selon la réaction de la salle, place cet avis minoritaire mais qui aurait pu me gagner totalement à sa cause si un morceau rapide avait été inclus et si un second chanteur à la voix plus affirmée, avait été choisi.

Me déplacerais-je pour le revoir ? Uniquement pour être sûr de ne pas m’être trompé et offrir une seconde chance à ce qui est pour moi plutôt une déception. Il ne suffit pas d’accoler ses initiates KWS sur sa bandoulière pour mériter la comparaison avec SRV même si, encore une fois, ses solos furent somptueux.

 

SANTANA

 

Que dire d’une des légendes de Woodstock ? 

Certes, à son âge, il a joué les 3/4 du show assis – certains réclamant un rappel alors qu’il avait du mal à se déplacer – marche ou crève pour certains ; certes, la vitesse d’execution n’est plus aussi vive, compensée par un claviériste-guitariste qui assènera avec talent les solos shredders en duo avec le maestro … Mais quel son !!! quel son !!! quel son !!! 

 

C’était la première fois que je voyais l’auteur d’une de mes premières cassettes acquises, ado, début des années 80 !! Aussi si un brin de nostalgique motivait ma venue, ce son de guitare unique, si stellaire, appelait les derniers amoureux de ces sons de guitares si purs des années 70′ !

 

Si le show de Kenny Wayne SHEPPERD m’avait un peu fait somnoler, les grands classiques afro-latino vinrent vite réanimer mes pieds. Inutile de tous les citer, ce fut un véritable Best Of même si Europa se fit absente. Et j’avoue que la ballade instrumentale légendaire ne m’a pas manqué. Revenant du festival voisin de Vic Fezensac Tempo Latino, je restai ainsi dans cette ambiance cubaine salsa.

Quasiment tous ses musiciens l’accompagnèrent au micro, offrant ainsi plusieurs couleurs vocales. 

 

Évidemment, musique latino-jazz oblige, niveau percu, ca percute fort et groovy avec notamment deux batteurs et un joueur de congas ; un des deux alternant congas et batterie selon les besoins. Il faut dire que le batteur principal est une dame. Aussi, la question macho du jour sera de questionner : une femme peut-elle cogner aussi fort qu’un homme, aussi fort qu’un John BONHAM, qu’un Cozy POWELL ou un Tommy ALDRIGE ; ou aussi vite qu’un Ian PAICE, un Buddy RICH ou un … Michael SHRIEVE ? Au diable ces questions stupides !! Car la dame va délivrer un solo dantesque, comme au bon vieux temps des 70′ où les batteurs délivraient parfois des prestations de 10-20 mn ! Elle va tout donner ! Et c’est ça qui compte, c’est ça que l’on veut : voir un être se sublimer, suer, exprimer du fond des tripes sa passion ! Et elle soulevera une standing ovation bien méritée ! Bravo Madame ! 

 

Et quand on parle de passion, il est touchant de voir un personnage aussi culte et à son âge, porter un t-shirt à l’effigie de Jimi HENDRIX ! Respect Senior ! Nous n’étions pas à Woodstock mais Jazz In Marciac porte sa légende* aussi … ! Merci ! 

 

Alors, je ne saurai vous dire si ce concert était mieux que le précédent ou de celui du temps du duo de JOURNEY avec Greg ROLLIE et Neil SCHON, mais cet instant présent me restera éternel ! Adios amigos !

 

Epilogue

Côté merchandising, je serai milliardaire, que jamais je ne cautionnerai des t-shirts à 45€ ! … même si la tentation fut forte de garder un autre souvenir … mais surtout quand la buvette gérée par des bénévoles, conserve des prix tout à fait raisonnables. A la limite, je leur aurai offert … Hélas pour eux, je ne suis pas milliardaire. Mais l’important est de rester riche de passions !

 

*Marciac porte sa légende ! Pas seulement pour son festival mais le village en lui-même irradie aussi sa propre magie faisant de l’ensemble musique et village pittoresque, quelque chose de spécial ! Cela faisait 10 ans que je n’y étais plus venu alors que j’y allais quasiment chaque année ; et y manger une tranche de saveurs gersoises dans ce magnifique cadre au milieu aussi du festival Off, m’avait énormément manqué ! 

Aussi, quand on s’en retourne vers son véhicule et y croiser toutes ses tentes de baroudeurs de tout âge, de voir les gendarmes et policiers faire leur ronde autour du lac en vélo ou à cheval, … cela génère une forte dose de bien-être, d’apaisement ! 

Et lorsqu’à minuit, les jeunes musiciens des écoles et autres, se ramènent au camping et vous réveillent à coup de jam improvisée et mélodieuse avec leur cuivre, percu, harmonica, guitare, .. dans une ambiance bon enfant, vous vous dites qu’à part la main de votre douce, il n’y a pas plus beau réveil qui soit ! …et ce même si cela durera jusqu’à 4h’ du mat’ 🤣 … J’en ai encore des frissons comme le disait la chanson! … même si le lendemain fut rude 😉! 

Franck

 

D’autres avis sur la page Facebook Mémoire de Concerts 

 

Michel Raufast (photos-graphe) :

”Belle analyse des 2 groupes. Un peu sévère sur Kenny Wayne que j’ai trouvé quand même assez efficace à la guitare notamment son morceau instrumental ; mais mollasson ? je suis OK !

Santana c’est ce qu’il représente depuis 50 ans qui fait son charme . Aujourd’hui il accompagne son groupe en évitant les longs solos mais c’est quand même un son et une virtuosité que n’aurait pas renié le grand Jimi”

”J’ai du mal m’exprimer : je ne reproche pas ses talents de guitariste mais sa set liste qui, comme tu le soulignes, était mollassonne” Franck

 

Laurent Sabathé (photos-graphe)

“Une analyse que je partage tout à fait. Je ne suis pas un fin connaisseur de Santana mais au fil du temps, j’ai pu acquérir une relative connaissance de la musique blues et je te rejoins parfaitement dans tes propos.”

 

Stephane Bersauter :

“J’y étais aussi et j’ai commis une erreur que je n’ai pas faite avec Clapton l’an dernier : ils sont des légendes encore vivantes mais essoufflées. Comme l’ado que j’étais en écoutant Moonflower, j’attendais Dance Sister Dance et d’autres titres de Carlos. J’attendais aussi quelques envolées dont il a le secret avec sa PRS mais non, en fait. Je l’ai vu dans les années 1990. Je garderais ce souvenir, pas celui de Marciac. 

Pour le premier concert, la question est : faut-il aller puiser chez SRV sa référence musicale personnelle ? A vrai dire, pour citer une autre réf, la reprise de Voodoo Child m’a laissé de marbre, comme 90% du concert d’ailleurs à l’exception d’un instru bien foutu.”

 

Autres merveilles de Jazz In Marciac : EsPoir