DEEP PURPLE Abandon

Deux ans après le très surprenant Purpendicular, la MARK VII s’élance pour un second saut ! Elle aura la lourde tâche de confirmer et surtout de ne pas laisser trop d’arguments aux fans de Ritchie BLACKMORE de tirer à tout va !

Deux ans, c’est court pour composer quand on connaît aussi l’investissement mis sur la route par le groupe et une période Grungy qui n’en finit pas de s’éterniser. En feuilletant à nouveau les magazines d’alors pour le bien du livre, leur sommaire étaient plutôt déprimant. On apprendra aussi des années plus tard que Jon LORD était en train de se détacher de plus en plus du groupe. Mais de ce contexte défavorable, les gars n’en ont cure, habitués à devoir se surpasser après des In Rock et Machine Head, … et surtout, ils semblent impatients de remettre le couvert avec leur nouveau guitariste qui les (nous) a enthousiasmé lors du ”premier” album, même si loin du style de son prédécesseur. Ils sont regonflés à bloc et ça va se vérifier.

Cela va se vérifier dans les intentions mais la réalisation sera maladroite.  Et c’est là que le faible écart entre les deux albums semble peser car Abandon a des qualités mais aussi des défauts qui pour ma part prennent le dessus. Dans le positif, les intentions sont louables : revigorés, une envie d’en découdre, de chercher à innover encore avec ici un Métal Funk Jazz et même de se moderniser avec un Funk Rap, notamment avec un Any Fule Kno That qui annonce clairement la couleur et poursuit l’esprit d’un Ted The Mechanic. PURPLE aurait été avisé d’inviter Zack DE LA ROCHA comme l’avait fait AEROSMITH avec RUN DMC pour Walk This Way. Car on pourrait presque dire que cet Abandon est le RAGE AGAINST THE MACHINE ou le RED HOT CHILI PEPPERS du catalogue Pourpre en version soft. Même si GILLAN avait déjà rappé dans le passé, cette intention de modernisation serait plutôt réussie si on prend les titres un à un. Bien sûr, le chanteur aux multiples capacités ne fait pas que rapper comme sur le suave Fingers To The Bone ou l’ambitieux Seventh Heaven qui promettait mais qui semble aller nulle part.

Hélas, dans le contexte d’un album, la même couleur funky est bien trop étalée ce qui rend l’ensemble poussif. Du coup, afin de casser une monotonie due à la succession de morceaux au même groove, groove qui a pour but au contraire de nous sortir de notre routine, 69, le titre qui poutre, est placé bien trop tard, quant la prenante ballade bluesy Don’t Make Me Happy, est elle, située bien trop tôt.  Les outils actuels nous permettent de changer l’ordre de passage et donc chacun fera comme il le sent. Mais cet album regorge trop de titres jumeaux. On a même là des sextuplés, c’est trop. 

Ajouté à cela que malgré la qualité de certains titres et la louabilité de l’orientation musicale, Abandon est le seul album qui ne présente pas un classique potentiel. Certains titres auraient pu en être comme Don’t Make Me Happy, si ils n’en avaient pas composé déjà des meilleurs comme When A Blindman Cries. Je développe le tout dans le livre. Les intentions étaient prometteuses, le manque de recul a sabordé cette bonne énergie. Dommage !

A noter la belle pochette mais qui représente au final un groupe qui plonge un peu dans le vide sur ce coup-là et pourtant, ces nageurs sont encore très bons.

Album mitigé, médaille d’argent pour certains, gros plat pour d’autres, donnez vos avis sur la page facebook !

”Super album que Franck m’a donné envie de réécouter ce soir. Ce disque sort des sentiers battus, il reste un soupçon du passé et un côté plus explorateur” Christian Albinovanus

”Je ne le trouve pas trop mal au final… peut être assez compliqué à faire après l’excellent Purpendicular. Burn puis Stormbringer….. Machine Head, Who Do We Think We Are… c’est un méga groupe qui a su manoeuvrer tout au long de sa carrière.” Phi Lou

” Pas le meilleur mais très sous-estimé. Un peu comme House of the Blue Light (auquel il ressemble dans l’esprit) ou Who Do We Think We Are. Un album pour les die hard fans. Lorsque je les ai vus en 1999 au Zenith, ils en ont joués 6 extraits… et ça passait très bien en concert. Hormis un ventre mou de quelques titres répétitifs dans sa seconde moitié, cet album, bien pêchu, me plaît bien. Et puis rien que pour Seventh Heaven, Don’t Make Me Happy, Fingers to the Bone et Watching the Sky, cet album vaut l’achat. Et puis il y a aussi le hard rap Any Fule Knows That, l’entêtant Almost Human, le super heavy She Was (avec son riff typiquement Purple) et le trépidant 69. Sans compter la remise au bout du jour Bludsucker.” Hubert Allusson

– D’accord dans l’ensemble. Comme j’essaie de l’expliquer dans ma chro, je pense que ce qui fait qu’il est sous-estimé c’est la répétition de certains titres. A part ça, à l’époque, je me souviens avoir kiffé sur ce ”nouveau” son jazzy funky hard ! Pour moi, c’est un peu la suite de Come Taste The Band, qui lui, est plus diversifié. (Franck andfurious)

Titres

1. Any Fule Kno That

2. Almost Human

3. Don’t Make Me Happy

4. Seventh Heaven

5. Watching the Sky

6. Fingers to the Bone

7. Jack Ruby

8. She Was

9. Whatsername

10. ’69

11. Evil Louie

12. Bludsucker (Blackmore, Gillan, Glover, Lord, Paice)

Mark VII

Ian Gillan : chant, harmonica

Roger Glover : basse

Jon Lord : orgue, claviers

Steve Morse : guitares

Ian Paice : batterie, percussions

Production  Roger Glover & Deep Purple  

Label  EMI  // Amazon CD / LP  / K7  

Sortie 2 juin 1998

Le coin Collector : LP x2 signé + cd interview – merci à Philippe Leroy (pic@copyright)

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