SMITH / KOTZEN chronique

Avec une telle discographie chacun, que peut bien apporter ce duo avec le guitariste d’IRON MAIDEN et celui de THE WINERY DOGS ? Hé bien mon cher Dupond, je répondrai : de jolies nuances sur l’horizon du blues roots!

Si oeuvrer dans cet univers n’est pas un scoop pour KOTZEN, cela l’est davantage chez Smith. Les deux amis ”par alliance” – ce sont en fait leur conjointes qui sont amies, dixit – n’ont plus grand chose à prouver. Toutefois l’un apporte à l’autre une certaine complémentarité. Loin des joutes de leurs groupes respectifs, les deux guitaristes font preuve d’une belle délicatesse. Toujours adepte de la mélodie et d’une certaine soul, les parties de guitares sont exquises sans être bavardes : écoutez donc les conclusions de Running, You Don’t Know Me, I Wanna Stay et ‘Til Tomorrow, intenses de classe.

C’est aussi sur le terrain vocal que la plus-value se situe. La voix grave, bluesy et posée d’Adrian SMITH vient goûteusement compléter la voix plus lyrique, soul et aiguë de Richie KOTZEN. Ce dernier a la délicatesse de ne pas abuser de sa puissance vocale et permet ainsi une osmose parfaite entre les deux voix au service d’un album qui monte en puissance au fil des écoutes. Scars est le titre qui pourrait en être la meilleure définition : une ballade en forme de plénitude qui vous rend à la fois zen et addict comme si Fender et Gibson avait soudain compris la puérilité de se concurrencer pour enfin s’illuminer mutuellement en s’alliant. A la fin de ce blues onctueux, on se sent béat, comme si Monica Bellucci venait de sortir nue de votre salle de bain. Vous savez que cela ne peut être vrai et pourtant ce titre agit comme un enchantement.

Après deux premiers titres, deux caviars rock blues, on s’évadera ensuite sur des mid-tempo aux mélodies médicinales : de Some People, en passant par I Wanna Stay où la voix fragile de Smith, d’une simplicité étonnante est exponentiellement charnelle, ou encore la très roots Glory Road au refrain véhiculant une envie d’unité en ces temps de solitude, jusqu’à la fin du disque, ce ne sont que caresses, seulement entrecoupées par le Rhythm and Blues Kotzien Solar Fire, ou encore par la ballade swingante ‘Til Tomorrow.

Bien qu’ils aient invité Nicko McBRAIN, KOTZEN se chargera lui-même de la majorité des sessions de batterie avec son acolyte en solo, Tal BERGMAN. Il partagera la basse et la production avec SMITH avec au mixage Kevin SHIRLEY. Un album fait maison en somme.

Si Richie KOTZEN va toucher les fans de MAIDEN avec cette association, du moins ceux qui ne connaissaient pas déjà son tribute du Two Minutes To Midnight, Adrian SMITH s’est découvert là une nouvelle voie que ses ex-projets ASAP et PSYCHO MOTEL n’avaient pas révélé, celui d’un blues bien classieux qui lui va à merveille.

On craint toujours que des réunions de telles pointures ne fassent flop. Voix, compositions, parties de guitares, tout est soyeux ici mes amis. Avec cet opus qui sera un des tops de l’année, on tient là à coup sûr un nouveau projet à déguster : il suffit d’observer le succès que semble avoir cette rencontre sur les réseaux sociaux. Cela fait plaisir, on était peu nombreux à défendre en France, le brillant RK. Vivement qu’un fest les invite chez nous!

Clairement SMITH vient de trouver ”son Glenn HUGHES” quand KOTZEN vient d’inviter ”son David COVERDALE”! Tandem gagnant!