IOMMI-HUGHES The Dep Sessions 1996

Quelle bizarrerie encore de l’industrie musicale ! Ce second disque du duo IOMMI-HUGHES a été enregistré en 1996 mais n’est sorti qu’en 2004. Evidemment, il y a des petits malins qui ont sorti un bootleg à l’époque bien nommé ”Eighth Star”. Ce dernier inclut un titre Shaking My Wings qui ne figure pas dans l’officiel. Alors pourquoi nous avoir fait attendre quasiment dix ans ? Oui pourquoiiiii ?

 

En 1995, BLACK SABBATH sort son ”dernier” album studio Forbidden avec l’excellent Tony MARTIN. Excellent mais qui n’empêche pas le SAB’ de petit à petit sombrer dans les classements des charts mondiaux et surtout américain : Forbidden étant le seul album avec Tyr à ne pas entrer dans les charts US. En plein Grunge, même si c’est un genre qui au final n’a pas fait de mal à un groupe comme le SAB’, bien au contraire, il semble que le guitariste ait eu besoin de se ressourcer avec son ami HUGHES. Forbidden a été enregistré dans des circonstances particulières suite au départ de DIO et donc de Vinnie APPICE puis plus tard de Cozy POWELL et aussi, suite à la fin du contrat avec le label IRS Records : une période donc où règne la confusion dans l’entourage du moustachu guitariste.

En 1997, un certain OZZY organise son Ozzfest et y invite ses anciens comparses. De là, le line-up original se reformera quelques temps plus tard avec l’espoir pour les fans d’en voir un nouvel album studio ; espoir réalisé qu’en 2013 avec … 13. La tournée du BS originel durera jusqu’en 2000, moment où les membres décideront de faire une pause et de vaquer à leurs projets solo. On pourrait penser que ce The Dep Sessions 1996 verrait alors le jour mais le guitariste préfèrera se consacrer à un ”véritable’ album solo sobrement nommé Iommi.

Nous voilà donc en 2004 et il est dommage que le bootleg ait intelligemment pris le nom de Eighth Star. Car ce Dep Sessions est une très bonne suite au … Seventh Star. On y retrouve bien entendu la patte des deux complices : le côté rugueux du guitariste et le côté doux du chanteur, même si ces deux-là savent se rejoindre sur les qualités de l’autre.

Gone ouvre l’album et est déjà connu pour figurer sur l’album solo de GH, Return Of Crystal Karma sorti en 2000, un titre bien heavy-doom à la BS.

From Another World est un des must de l’album incorporant la soul de Glenn et un riff en mode Led Zeppelin sur le refrain. Ce mix ajouté au riff Sabbathien sur le couplet et le final, est une belle réussite. Un pur bijou !

Don’t You Tell Me est pour moi le titre qui symbolise le plus le dilemme que je ressens à l’écoute d’un album du duo : à savoir des qualités individuelles indéniables qui se marient excellemment mais à qui il manque un petit truc pour rendre le tout encore plus magique qu’il n’est, voire plus dingue, un comble ! Ici, je suis pris entre la jouissance de ce riff Iommesque et une légère frustration sur un manque de groove en mode plus funky, plus Hughesien en somme. Mais le groove, c’est comme le feeling, c’est une question de goût. Certains diront que ça groove mieux de cette façon heavy, d’autres comme moi ressentiront que cela aurait pu être amener davantage vers une folie funky. En somme, Glenn HUGHES va sans mal sur le terrain de Tony IOMMY, la réciproque est plus délicate à percevoir. En même temps, la comparaison est un peu déloyale quand l’un surfe sur cinq octaves alors que l’autre ne joue que sur trois doigts et demi. Pourtant ce duo fonctionne à merveille … mais …

Bizarrement, ce sera le mot du jour, cet album est excellent mais il me manque un p’tit truc comme sur Don’t Drag The River : un titre quasi parfait.

Fine pourrait être le filler de l’album. Le titre le plus Hughesien dans sa facette The BEATLES flower power que j’aime modérément. Là aussi, l’interprétation et la composition ont beau être au top, on sent que ces deux là ne vont pas au bout du concept. Question de production peut-être ?

Valeur certaine, plus Sabbathien que ce Time Is The Healer, tu meurs !

I Am Not The Same est le titre speed qui vient booster l’ensemble avec une mélodie vocale sur le couplet à tomber dont le chanteur est un Maître. Un autre must.

Marque de fabrique, le duo clôture par une sublime ballade, It Falls Through Me, dans laquelle leurs talents respectifs jaillissent telle la lave d’un volcan : magnifique !

Les trois albums du duo comportent les mêmes caractéristiques : géniaux, superbes mais à qui ils me manquent un p’tit quelque chose de je-ne-sais-quoi pour être classés définitivement comme chefs d’oeuvre. Pourtant, ils n’en sont pas loin. Comme si après une folle nuit d’amour avec la plus belle femme du monde, je me retrouvais au p’tit matin avec un p’tit morbak mort dans le lit qui ne m’aurait même pas piqué. Bref je me la joue “Monsieur est pénible, jamais content”. En terme de compositions et d’interprétations, tout est sublime. Pour synthétiser, l’autre exemple flagrant est l’album Addiction de HUGHES sur lequel IOMMI aurait DU jouer pour faire davantage rejaillir la profondeur de repentance, de la mélancolie et des power-mélodies de ce concept album pourtant lui aussi réussi. Reste que ce second album, pourtant indispensable dans votre vitrine à disques, me paraît le moins compact des trois.

Ces projets ayant été réalisés dans des périodes ”récréatives”, peut-être que cet état d’esprit est venu empiéter sur un certain aboutissement, une optimale concentration !? La présence d’un ”vrai” producteur aurait pu peut-être répondre à mon exigence (très) élevée. A l’âge des protagonistes et vu leurs projets respectifs, répondront-ils à ma légère démangeaison par un quatrième album mettant les points sur les I de Iommi ? Quoiqu’ils en soient, ils nous ont encore délivré un indispensable.

Sessions

1. Gone

2. From Another World

3. Don’t You Tell Me

4. Don’t Drag the River

5. Fine

6. Time Is the Healer

7. I’m Not the Same Man

8. It Falls Through Me

Musiciens

Tony Iommi – guitars

Glenn Hughes – chant, basse

Don Airey – clavier

Jimmy Copley – batterie

Neil Murray – additional bass

Geoff Nicholls – additional keyboards

Mike Exeter – additional keyboards, ingéson, mixage

(Dave Holland : Le batteur de Trapeze et Judas Priest avait enregistré toutes les parties de batterie. Mais condamné pour viol, il a été décidé que celles-ci seraient réenregistrées pour la sortie de l’album)

Production   Tony Iommi

Label   Sanctuary (US), Mayan (UK)

Enregistré en 1996 (batterie réenregistrée en 2004)

Sortie  4 Octobre 2004 (UK)

Interview de Tony Iommi et Glenn Hughes (cliquez sur l’image)

Retour sur la discographie chroniquée de Glenn Hughes

Album en écoute ci-dessous