BLUE MURDER s/t (John SYKES)

Grandiose ! Il n’était pas loin que John SYKES n’invente le heavy metal fm prog !? Peu importe le terme, celui de ”classieux” n’a jamais autant bien défini un album comme l’évoquent sa pochette, le logo et même le nom du groupe.

Remboninons le temps ! Viré après l’enregistrement du multi-platine 1987 alors que co-auteur, il paraissait inenvisageable pour John KALODNER, ex-Atlantic, de laisser en plan ce jeune guitar-hero fougueux ayant déjà illuminé TYGER OF PANG TANG, THIN LIZZY et en dernier lieu, WHITESNAKE. Celui qui a donc suivi les ASIA, WHITE ZOMBIE, MADNESS, XTC, NELSON, AEROSMITH, etc …, fera signer sur le jeune et ambitieux label, Virgin, celui qui sera probablement un des derniers guitar-hero Rock Star comme les années 80 en enfantaient, et assurément un nouveau sex-symbol du niveau des Jon BON JOVI, David Lee ROTH et un certain David COVERDALE.

SYKES ayant en travers de la gorge son éviction, voyant ses successeurs s’accaparer son travail en posant en couverture de magazines à sa place, fort du tsunami de 1987 et quelque peu revanchard, il bénéficiera d’un soutien financier pour recruter Cozy POWELL, Tony FRANKLIN et pour le chant, le talentueux Ray GILLEN (BADLANDS, BLACK SABBATH). Le blond guitariste a carte blanche mais l’entente ne se fait pas avec le chanteur. Tenir le micro va vite devenir un parcours de galérien : pas moins que Tony MARTIN (BLACK SABBATH), David Glen EISLEY (GIUFRIA, DIRTY WHITE BOY) et Derek St. HOLMES (Ted NUGENT) sont testés. Que des noms réputés ! L’expression « super groupe » n’est pas encore employé mais clairement, l’ambition est là. Alors, syndrome MALMSTEENien anti-chanteurs? Lassé, POWELL mettra les bouts. KALODNER, séduit par la démo avec la voix de SYKES et probablement aussi lassé que le projet n’avance pas, convainc le guitariste de prendre le micro. Carmine APPICE arrive et le trio peut enfin se mettre à l’oeuvre.

Tout simplement, neuf pépites vont jaillir de cet océan de classe. Et plus précisément neuf morceaux qui auraient pu figurer pour une suite à 1987. Black-Hearted Woman est d’ailleurs un jumeau à Children of The Night. Mais n’allez pas croire que les autres titres sont des redites. Non ! De plus, la voix de SYKES est totalement différente de celle de COVERDALE. Plus lyrique à la Ray GILLEN ou Glenn HUGHES, plus soul dans certaines intonations à la Phil LYNOTT, il n’est pas dit que la voix de COVERDALE aurait proposé les mêmes mélodies.

Et quelles mélodies ! Si on est en terrain connue, le son énorme et les nombreuses variantes d’ambiance (prog?) amenèrent leur lot d’originalité, qui exigent aussi un zest d’effort pour s’imprégner d’une musique moins directe que la production MTV en propose encore, avant le ras-de-marée Grunge.

D’ailleurs, le choix du premier single est la power ballade Valley Of The King et semble avoir (presque) tout pour séduire. Sauf que sa longueur et ses parties progressives semblent trop complexes pour le friand de barbe-à-papa. Pourtant le look est là pour accrocher la vue. Mais accrocher aussi les oreilles semble demander trop d’efforts pour le zappeur. Il faut dire que personne ne sort un single de quasiment 8mn sauf exception. Pourtant, il a essayé le coup des ”Na Na Na” : ça aurait du marcher ! 🙂 Mais probablement trop hard pour une ballade, ce single fait injustement plouf !

Jerry Roll, titre rock acoustique plus direct, essaie de relancer la machine à billets, avec à peine davantage de succès mais insuffisamment. Ce single n’est d’ailleurs pas vraiment représentatif du reste de l’album … mais peut-être plutôt de son auteur qui, on le constatera avec la suite de sa carrière, manquera un peu de cohérence.

Le disque ne se vendra pas comme espéré et sera même un flop commercial par rapport aux standarts de l’époque qui se vendent encore par millions. Ce nouveau manque de reconnaissance, frustrera une seconde fois son géniteur. Il suspectera que le label n’a pas réellement défendu l’album sous prétexte de faire pression sur lui pour l’obliger à renouer une collaboration avec COVERDALE. GILLAN aussi prétextera un manque de soutien pour l’obliger à un retour dans DP en 1992. Argument que chacun est libre de croire ou pas. Mais peu importe les Charts ! ça ne serait pas la première fois qu’un excellent opus entre dans la catégorie des albums cultes et non dans celle des albums de platine.

Car il n’y a rien à jeter par-dessus bord. Riot, Sex Child, Blue Murder, Billy (Quels riffs!!!) sont des ”flibustueries” digne de figurer dans 1987. Ptolemy est à l’instar de Valley Of The King, le titre progressif qui donne ce joli bleu mystère à cette mer faussement calme. La montée en puissance ici rappelle l’arrivée sournoise d’un requin paré à l’attaque ; un titre qui aurait probablement été refusé dans WHITESNAKE car trop prog, Enfin, Out Of Love est une seconde ballade qu rappelle à la fois le côté immédiatement envoutant de Is This Love et le côté épique de Looking For Love. Il est probable que celle-ci aurait fait un meilleur choix de single selon les critères mercantiles. Reste qu’elle dure presque 7mn. C’est probablement là que l’art de l’accroche immédiate de COVERDALE a manqué le plus à SYKES. Personnellement, je ne me plaindrais pas de cette direction artistique tant elle apporte un côté soyeux à la production ”glam” qui domine alors.

Car tout du long, John SYKES nous dévoile une jolie voix suave. Tony FRANKLIN colore le tout avec son jeu de basse caractéristique tout en rondeur et Carmine APPICE, tel un John BONHAM en puissance, cartonne l’ensemble de façon carré. Le duo rythmique nous offre de superbes intro et autres interludes du plus bel effet. Et que dire du jeu et de ce son uniques de guitare … il n’y a pas un solo qui ne déchire pas, tout en restant dans la mélodie et l’élan du morceau. On est guitar-hero ou on ne l’est pas. On peut entendre d’ailleurs la différence avec ces deux successeurs qui rament dur pour reproduire l’oeuvre du blond guitariste, sur le bootleg présent dans la boxset 1987 30th. (chronique à venir)

Quand on découvre les deux bonus de 1987 (chronique ici), Looking For Love et You’re Gonna Break My Heart Again, on ne peut donc qu’être déçu par l’arrêt de la collaboration avec le COV’ et de l’arrêt de ce projet bleu, même si un second album verra le jour. Celui-ci sera davantage orienté vers un style THIN LIZZYien. Mais ceci est un autre voyage au-delà d’autres océans …

Partagez vos avis sur la page facebook

Un de mes 10 albums préférés dans le style. Chef d’oeuvre absolu : tout y est excellent et la qualité du chant de Sykes n’a d’égal que son jeu de guitare” Emmanuel Pitchelu

Merci pour cette découverte ! J’aurais fini par mettre la main dessus au vu du fait que je m’amuse depuis quelques années à récupérer tout ce qu’a fait Appice, mais je n’avais jamais écouté encore Blue Murder, c’est chose faite (Youtube est notre ami) grâce à ton article.” Florian Boire

Titres

1. Riot 6:22

2. Sex Child

3. Valley of the Kings Sykes, Tony Martin 7:51

4. Jelly Roll”

5. Blue Murder Sykes, Carmine Appice, Tony Franklin

6. Out of Love 6:44

7. Billy

8. Ptolemy” 6:30

9. Black-Hearted Woman

Les Assassins bleus

John Sykes – guitares, chant et choeurs

Tony Franklin – basse et  choeurs

Carmine Appice – batterie et choeurs

Moussaillons additionnels

Nik Green – claviers

John Webster – additional keyboard programming

Mark LaFrance – additional backing vocals

David Steele – additional backing vocal

Production Bob Rock

Label Geffen

Sortie 24 avril 1989

 

Album et démos en écoute dont deux titres non publiés officiellement

Démo instrumentale publiée par Tony Franklin

Démos avec Cozy POWELL publiées sur YT en août 2022 dont deux inédits

Live TV

Bootlegg vidéo Japan 1989

Waho ! Grosse surprise pour moi que ce boot de BLUE MURDER en 89 au Japon !
Surprenant dans l’interprétation vocale et guitaristique de John SYKES !
Surprenant aussi dans le choix de reprises (Rod STEWART, The FIRM, HENDRIX) là où on s’attendrait à du THIN LIZZY, du WS et surtout à quelques titres perso supplémentaires !
 
Vocalement, le fougueux blondinet, se veut moins propre que sur album.
A la limite de la fausseté, sa voix est davantage écorchée et ça le fait grave !
En 89, on pourrait même le considérer comme le premier chanteur de Grunge !
 
A la guitare, c’est un tueur ! un peu trop par moment où il semble oublier de suivre le rythme de Carmine APPICE ?! On frôle le concert Punk et on s’attend à un fracassage d’instruments à tout moment !
Ce qu’on perd un peu en mélodicité, on le gagne en fureur ! Pas sûr que ce soit ce que veulent les fans de THIN LIZZY et du WHITESNAKE de 87′ !? Mais on s’en fout ! ça déchire ! C’est la magie du live ! L’énergie de la jeunesse ! SYKES a 30 ans et il est en pleine force de l’âge alliant folie juvénile et expérience d’avoir boosté les WHITESNAKE, THIN LIZZY et TYGER OF PANG TANG, rien que ça !
On a tendance à oublier combien son son de guitare a été imité et combien ont plagié la ballade Is This Love ! ça a du l’agacer et ça s’entend bien ici !
 
Tout comme s’entend très bien la basse vrombissante d’un Tony FRANKLIN, parfait alter-égo aux jeux, scénique et musical, de SYKES !
On pourrait même les comparer au duo Mickael ANTHONY et Eddie VAN HALEN
 
Ce live contient toutefois quelques longueurs à l’écoute d’un CD mais qui ne devaient pas être trop gênantes dans la fosse !?
Au niveau du son, ce boot est très bon même si les choeurs auraient mérité un meilleur mix pour appuyer cette fougue !
Reste qu’avec un poil de maîtrise entre ces deux mondes, mélodie et fureur, et peut être aussi avec quelques pilules en moins tant on sent un peu speed celui qui est passé à côté du titre d’icône universel, et non pas hélas que pour public averti, ce trio là aurait fait un malheur !
Ce live qui ne respecte pas à la lettre les versions studios, et c’est tant mieux, montre tout l’énorme potentiel qu’avait ce groupe !
 
John SYKES ? Peut être la plus belle merveille des Guitar-Hero-Chanteur mais aussi le plus grand gâchis vivant de l’histoire du rock !