WHITESNAKE Hellfest 23 juin 2022

« Plus de voix, il faudrait qu’il arrête ! » Voilà ce qu’on lit et entend depuis quelques années de la part d’un certain public au sujet de nos vieilles légendes qu’ils ne jugent plus aptes pour le service. Bah ! Les vœux de ce public là seront exaucés puisqu’il s’agit de la tournée d’adieu(x). Et vu le rapport qu’à COVERDALE avec le business, il m’étonnerait qu’il fasse le coup des OZZY, SCORPIONS ou autre MOTLEY CRUE qui nous disent adieu à l’infini.

Pas vu le Cov’ depuis 2006 ! Autrement dit, je me fous de son état, je me fais une joie de revoir une troisième et probablement dernière fois un de mes héros musical. On sait que l’âge n’épargne personne. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a embauché Dino JELUSICK afin de compléter ses manques vocaux. Alors dans quel état vocal est le maïtre et quel sera le réel rôle de la nouvelle pépite vocale actuelle ?

C’est donc avec cette double curiosité que je m’empresserai de rejoindre la barrière. Car la réponse à la question de la set-list dans le cadre d’un festival nous est connue : on sait qu’elle va se ”limiter” qu’aux tubes et non aux dernières compositions ou raretés, malgré une belle chemise soyeuse en faisant la promo.

Déjà c’est avec un léger embonpoint et quelques nouvelles rides que Monsieur David COVERDALE vient prendre possession du parterre avancé pour saluer la foule. Souriant à souhait, l’homme dégage toujours une présence charismatique et il le sait, s’amusant à jouer au vieux beau auprès des zoizelles : pas un regard pour les mecs ! Hé ho ! On peut idolâtrer un musicien et ne pas se la jouer groupie pour autant, faut se calmer le Dave ! Bref ! Hormis cette ”censure”, le bonhomme en impose encore malgré ses quelques recettes ! Il reste encore lucide sur son âge et n’abusera pas de gestes qui ont fait aussi sa réputation scénique, ce qui lui donne une classe supplémentaire.

 

Ses musiciens quant à eux sont cantonnés à l’arrière boutique et ne viennent devant nous que lors de leurs solos ou sur invitation du boss.

Bien que l’avancée de la scène me masque une partie de la scène, les écrans ne me dévoilent pas la présence de Reb BEACH. Clairement absent, ce sera Joel HOEKSTRA qui effectuera tous les solos, à l’exception de … chut ! surprise !

La jolie et nouvelle bassiste est un nouvel atout charme pour le band. Mais pas que, elle viendra diffuser un court mais efficace solo de basse qui nous fera penser qu’elle n’a pas volé sa place. Son acolyte à la rythmique enthousiasmera la foule avec son habituel et toujours impressionnant solo à mains nues. 

 

Niveau visuel, les écrans nous diffusent les divers artworks du groupe au fil des années, parfois dans leur jus brut ou enguirlandés de compléments issus de l’Histoire. C’est ”simple” mais ça le fait bien !

Le show se passe à la perfection, niveau set-list avec l’enchaînement des classiques, ce qui ravira mes voisins de barrière. Dino JELUSICK n’est pas qu’un (futur) grand chanteur. Le bonhomme sait aussi jouer du clavier et viendra balancer un solo en mode schredder démonstratif, clavier dans le dos … Il est loin le boogie des années 78-83.

Quant à la voix, j’avoue que je suis assez perplexe. COVERDALE ne peut plus monter autant qu’autrefois dans les aigus bien qu’il s’arrache bien par moments, ses nuances vocales se font de plus en plus rares. Mais, ce qui est étonnant, c’est qu’il conserve une sacré puissance dans le registre rocailleux. Alors, beaucoup ne s’en contentent plus. Mais ce qui est drôle au Hellfest, c’est que vu la place de LEMMY et l’énorme présence de chanteurs de grolls (ya quasiment plus que ça d’ailleurs, ce qui devient pénible : la journée d’ouverture m’a paru longue), je me dis qu’il est en totale adéquation avec ce festival de l’extrême. On peut être déçu par la perte d’une tonalité de Klaus MEINE ou de Ian GILLAN mais les bons chanteurs de hard rock se font rares. Et quand il y en a, ils n’ont pas toujours cette fameuse tessiture qui fait la différence. Bref comme on dit, quand on se regarde dans la glace, on se dit que c’est pas terrible. Mais quand on se compare, on se dit que c’est pas si mal. Et ici, j’ai trouvé que COVERDALE ne s’en tirait pas trop mal.

Il faut dire qu’il sait s’économiser avec l’aide de ses choristes, pour mieux balancer un rugissement de lion. Moi j’aime bien les rugissements de lion. Pour les nuances, désormais, faudra voir avec JELUSICK. Le jeune croate double COVERDALE sur la moitié du set. Ils font même un duo à distance sur Slide It In et se charge des cris aigus sur Still Of The Night. Mais ne vous y trompez pas, COVERDALE rugit toujours. A chacun de tolérer ou non si cet apport est un plus ou si cela devrait entériner ce farewell tour ! WHITESNAKE n’est pas DEEP PURPLE, dans le sens où il ne fait pas de tounée française. Aussi, j’étais ravi de le voir. Et puis il permet de faire vivre ses musiciens et techniciens tout en lançant des jeunes. La boucle est bouclée, lui qui a débuté avec des cadors et même si il ne clôturera pas ce soir par Burn.

Il n’est pas non plus ingrat sur l’histoire de son groupe. Comme il le dira : « Serpent un jour, serpent toujours ! » On s’attendait à la venue de Steve VAI qui jouait lors du créneau précédent. Vu l’absence de BEACH, je m’attendais à ce qu’il intervienne sur Fool For Your Loving. Il n’arrivera que pour le final sur Still Of The Night à qui l’honneur de jouer le solo lui sera revenu. Honnêtement, j’aurai préféré que ce soit sur un autre titre. Car le jeu de VAI est trop lyrique, trop musical pour ce titre qui demande à être bestial, donc rock et non pas prog ! Son solo sera joli mais pas animal ! Décidément, VAI aura été une erreur de concept dans la carrière du Serpent. Mais là n’est pas l’important ! Les retrouvailles furent chaleureuses, que ce soit avec COVERDALE ou avec Tommy ALDRIDGE par de nombreux gestes d’affections ! COVERDALE ne se montrera pas avare en présentant (paternellement?) ses musiciens à tour de rôle sur le devant de la scène.

Cette soirée fut donc un moment plaisant à vivre. Tous étaient souriants, ravis de partager ce moment. En cela, ce concert sera unique ! … Et je ne vous cache pas que j’ai craqué une larmichette sur l’outro We Wish You Well, Burn étant une de mes toutes premières K7 d’adolescent, usée jusqu’à la couenne ! … Merci Mister COVERDALE !

Dernière minute : Quand on connait les soucis de voix que subit régulièrement David COVERDALE depuis les années 90, on ne s’étonne donc pas d’apprendre l’annulation de quelques concerts. Aussi, cela démontre qu’il vaut mieux encore profiter de ses derniers jougs, même si ce ne sera pas aussi bon qu’autrefois. Le vieux lion rugit toujours mais la nuit approche !

Set List (ordre peu fiable)

Bad Boys – Slide It In – Love Ain’t No Stranger – Slow An Easy – solos Jelusick, Hoekstra – Crying In The Rain – Fool For Your Loving – Is This Love – solo O Callaghan, Aldridge – Here I Go Again – Gimme All You Love – Still Of The Night (avec Steve Vai)

Line Up : David Coverdale (chant), Tommy Aldridge (batterie), Michele Luppi (claviers, choeurs), Joel Hoekstra (guitare), Tanya O Callaghan (basse), Dino Jelusick (clavier, chant)

Steve VAI :

J’étais curieux d’entendre pour la première fois un set de ce génie de la guitare. Mais hélàs, son goût pour l’expérimentation aura pris le dessus sur mon goût pour la mélodie. Un abus de notes stridentes, aiguës, auront eu raison de moi, et pas que de moi. Bizarrement et contradictoirement, je trouve ce qu’il joue intéressant par certains aspects. On frôle la recherche scientifique par moments. Son public doit probablement se trouver davantage du côté des fans de musiques contemporaines expérimentales, plutôt que des fans de Joe SATRIANI. Toutefois, à l’inverse, on tombe aussi dans le pathos évident avec une bleuette qui narre l’évolution d’un phoetus : un titre aussi crémeux et pompeux qu’un Is This Love écouté en boucle. Bref ça a le mérite d’exister mais y a peut-être de meilleurs moments qu’un festival de l’Extrême pour nous napper de barbe à papa, question d’humeur, de circonstances ! Donc, un meilleur équilibre devrait être trouvé surtout dans le cadre d’un fest où la fatigue et la chaleur se font plus pesantes sur le degré d’attention du public. Un concert pas inintéressant mais très … pesant.

Quelques vidéos amateur