DEEP PURPLE The House Of Blue Light

Le 12 janvier 1987, sortait le controversé The House Of Blue Light, second album de la MARK II.b depuis la reformation ! chronique plus détaillée dans le livre … et vous, qu’en pensez-vous ?

En 1986, le monde du hard est scindé en deux : d’un côté la scène Thrash et Speed Metal des METALLICA, SLAYER, MEGADETH, … de l’autre la scène A.O.R-Hard Fm & Glam qui monopolisent les charts mondiaux avec les AEROSMITH, BON JOVI, DEF LEPPARD, FOREIGNER, SURVIVOR, MOTLEY CRUE … Si DP a toujours revendiqué ne pas suivre les modes, ce qui n’est pas totalement faux vu son identité musicale propre, à regarder leur nouvelle coupe de cheveux, ce n’est pas totalement vrai non plus. Après un très bon album du retour, Perfect Strangers, le groupe doit se savoir attendu au tournant. Alors, comment aborder ce nouvel album alors que la scène Metal a énormément évolué?

Musicalement, le speed&thrash metal, c’est en quelque sorte eux qui l’ont initié avec des titres comme Speed King, Fireball et Highway Star ; Les hits radiophoniques ? Ils ont toujours essayé d’en composer avec les Hush, Black Night, Strange Kind Of A Woman, Woman From Tokyo. Reste que la tendance planétaire se situe donc entre davantage d’agressivité d’un côté, et davantage de mélodies et autres refrains accrocheurs de l’autre. Des producteurs-compositeurs comme Mutt LANGE, Bob ROCK et Desmond CHILD ont révolutionné les ondes radios et boosté leurs poulains, faisant de leurs albums les plus vendus au monde (Hysteria, Slippery When Wet, Back In Black, Foreigner 4 …). Nos cinq fantastiques vont donc se retrouver ici, un peu à faire le grand écart entre ces deux tendances, tout en essayant d’innover un peu et de conserver la marque de fabrique, le tout avec plus ou moins de réussite.

Le titre qui symbolise cet antagonisme me semble être The Unwritten Law. Une attaque, un chant, un couplet agressifs face à un refrain plutôt mélodique, bien que peu réussi, un solo assez torturé (j’aime bien : il est très symbolique) et enfin un solo de batterie final qui aurait du amener à une suite, ce fameux côté innovant, ce côté particulier du groupe, prog? … mais un côté vers lequel il ne plonge jamais totalement ici ! Dommage !

L’autre symbole de cet entre-deux aura été le choix des deux singles (=clips). Bad Attitude est faussement agressif mais véritablement en tension (quelle intro !! … et outro ! potentielles B.O. pour un épisode du Parrain). Ce classique oublié, fait face au guilleret Call Of The Wild, sorte de Black Night actualisé (”glamisé”) et qui démontre à quel point Ritchie BLACKMORE aurait pu faire un excellent guitariste de studio pour d’autres artistes de tous styles (cf aussi Stormbringer). L’ambiance de ces deux clips s’opposent : le premier, menaçant, et le second, joyeux, traduisent donc cette direction musicale opposée, qui rend cet album bancal, bon mais bancal.

Hard Lovin’ Woman, clin d’oeil au Hard Lovin’ Man, tente une approche moderne en faisant appel à des synthétiseurs qui ont fait le succès des derniers albums de ZZ TOP. Ce côté novateur aurait pu faire mouche si cela n’avait pas été fait par les barbus. Avoir été devancé casse un peu la surprise. Toutefois, l’idée fonctionne. Strangeways aurait pu être ce titre innovant avec ces séquenceurs sur une ambiance orientale, ses mélodies accrocheuses et ces choeurs peu habituels, tout comme ce final LORDien qui aurait convenu parfaitement à Don AIREY. Mais il manque quelque chose : un break? une accélération? un arrêt momentanée de cette boucle répétitive de ces claviers modernes ? On rate le classique de peu là aussi. Et c’est hélas cette frustration qui prend le dessus et qui fait de ce Strangeways un titre … étrange. Mais ce titre quelque peu maladroit, anachronique au milieu de cette période MTV, démontre que le groupe a essayé d’innover ou du moins de se démarquer.

Mad Dog et Dead Or Alive avec un GLOVER déchainé, sont des morceaux plus classiques : ils viennent recentrer les nuances vers le pourpre voire de l’arc-en-ciel. Spanish Archer est un titre épique fort bien réussi qui n’aurait pas dépareillé chez RAINBOW période DIO avec un BLACKMORE lumineux (un autre oublié des set-list). La bluesy ballade esprit cabaret en mode Lazy, Mitzi Dupree, peu appréciée par le guitar-héro et qui pourtant excelle sur son solo, vient faire partie de la liste des morceaux un peu à part de la discographie, tout comme l’était Anyone’s Daughter, à part mais jouissif.

Le chant de GILLAN tout du long vient en contre-point aux mélodies comme si il voulait faire dominer le côté hard rock à cette facette hard fm. L’intention est bien vue mais quelque part du coup, cela donne un côté peu fini ou plutôt mal défini. Black And White avec son refrain prenant, chanté de façon presque punk, pourrait traduire le mieux mon propos. Bizarrement, à l’opposé, c’est justement ce chant décalé par rapport à la mélodie, qui donne tout l’intérêt à cet album et le démarque de la production FM (polie donc trop? parfaite) de cette époque. DP reste unique, une personnalité à part. Car au final, une fois que l’on a décortiqué chaque pièce, cette maison là regorge de bonnes choses, à commencer par Bad Attitude, incroyablement oublié des set-lists, Spanich Archer et Mistzy Dupree, auxquels ont peu rajouté quasiment tous les autres titres.

Cet album agace autant qu’il séduit selon son humeur ; une humeur qui oscillera entre le côté hargneux de ce disque ou son côté plus radiophonique. Il semble moins bon que son prédécesseur mieux défini, mais ce bleuté a quelque chose de bien plus recherché (raffiné?), et aurait mérité un meilleur traitement, ce p’tit quelque chose en plus. Et si on décontextualise, on prend toujours plaisir à l’écouter même si on aurait aimé qu’un producteur de renom viennent peaufiner quelques idées. Preuve que cet album a un côté serpent charmeur : à chaque fois que son écoute arrive à sa fin, j’ai envie de me le repasser ou plutôt de repasser cette porte hypnotique pour voir ce qui s’y cache derrière. Dommage qu’ils n’aient pas conceptualisé cette belle pochette vers des compositions plus longue, plus prog? façon Knocking At The Back Door justement (Frapper à la porte de derrière) ; la suite aurait été logique. Du très bon Pourpre mais qui aurait pu mieux faire.

L’ironie de l’histoire, c’est qu’entre les mouvements du Speed/Thrash Metal et du Hard Fm, ce sera la bombe GUNS’N ROSES qui mettra tout le monde d’accord en 1987. Mon bouquin titrait “Les années 90 ont eu NIRVANA, les années 80 G’nR, les années 70 ont eu DEEP PURPLE ! (avec l’explosif In Rock lire ici). Quitte à rendre hommage à cet album via Hard Lovin’ Woman, au lieu de  naviguer entre deux eaux aux berges mal définies, il aurait mieux valu que le band renouvelle la déflagration d’un In Rock avec un zest d’inventivité/modernité en sus. Quand on entend la fougue et le modernisme du GILLAN 78/82 avec Colin TOWNS, le potentiel et surtout la sève étaient toujours là ! Raté !  Ceci dit, le public jeune veut des groupes jeunes auxquels s’identifier. Pas sûr donc que même si DP avait sorti un tel album, il aurait été reconnu comme tel ! Car quel groupe a sorti un Classique au-delà de sa première décennie de créativité ?

Bref si DEEP PURPLE  a ouvert beaucoup de portes dans les années 70 pour les jeunes groupes qui s’en sont inspirés, il semble que nos quadra passent timidement la tête derrière cette porte des années 80, alors qu’ils auraient pu en être encore moteur et le garant d’un hard rock classieux unique ! Il suffit d’écouter les versions live de quelques titres joués pour apercevoir leur potentiel scénique. Le groupe a toujours su magnifier en concert ses compos studios. Mais si cette progression était une qualité dans les années 70, cela passe moins dans les années 80 au vu de la concurrence radiophonique. Les versions studios doivent être au top ! Ici, si elles sont bonnes, voire excellentes pour certaines, mais la plupart laissent un goût d’un manque de je-ne-sais-quoi !

On pourrait même rêver que la Mk VIII ait envie de le réenregistrer pour y apporter les quelques modifications qui en auraient fait un standart. Probablement l’album de la discographie qui n’a pas exploité tout son potentiel, avec Fireball. Pour être davantage compréhensible, pour moi, Perfect Strangers aurait besoin d’un simple remixage ; ses compositions et l’album dans son ensemble sont aboutis, je n’y toucherai pas. Si Bob EZRIN s’ennuie pendant sa retraite, je le verrai bien rajouter dans cette ”maison à la lumière bleu” quelques décorations, quelques pistes avec … MORSE et AIREY. Ce serait une idée de dingue … comme je les aime ! 🙂 … Mais pas si dingue que ça car le son reste assez moderne et pourrait donc se voir rajouter des pistes sans que cela fasse anachronique, contrairement à Fireball qui sonne trop 70′. Le son et le jeu de guitare du Steve MORSE actuel, ressemble parfois à celui de ce Ritchie BLACKMORE … Appelez-moi Bob le dingue !

Vos avis sur facebook :

” Un assez bon album, Je l’aime bien ; souvent décrié même si j’ai un faible pour Perfect Strangers. Bad Attitude est un vrai tube ! ” Harry Bosch

– Entièrement d’accord ! Je n’ai jamais compris qu ils ne défendent pas davantage sur scène ce titre !? ” (Franck)

” Vraiment très bon, toujours un plaisir de l’écouter à chaque fois.” Ritchie Starpaice

” C’est un album excellent !!!! Il n’y a que des perles !!!! Je ne comprends toujours pas pourquoi cet album fut controversé en son temps !! Pour moi il est aussi bon que le premier avec le retour de RB !! (Perfect Strangers)” Serge Aubert 

–  C’est un peu toujours le même souci : comparé à la Mk II, c’est difficile de rivaliser ! Pourtant si on oublie l’histoire, effectivement, à mon sens, je suis d’accord avec toi, cet album se défend bien, malgré 2-3 fautes de goûts ! merci pour vos avis 😉 (Franck Andfurious)

” Franck Andfurious : quels sont les fautes de goût d’après toi ?” Serge Aubert 

”Serge Aubert je te dirai plus tard je préfère laisser les autres s’exprimer là dessus d’autant que je l’ai écris dans le livre 😉 ”Franck Andfurious 

” Y a de bonnes chansons, mais ce disque est bancal , la moitié est à virer et je sais pas pourquoi le fantôme de JLTurner  hante cet album mdr” Thierry Pierron 

– Quelque part je comprends ce que tu veux dire, Thierry , sur le fantôme surtout pour le titre Call Of The Wild (Franck Andfurious)

– Par exemple oui.. (Thierry Pierron)

– Je pense que c’est le titre le plus faible de l’album (Serge Aubert)

– Serge,  Il n y a donc pas que des perles ?? Ce titre aurait du être un bonus. Son coté fun et léger, mais trop commercial, serait mieux passé en tant que tel à mon avis ! (Franck Andfurious)

– Tu le trouves trop commercial ? Je trouve que c’est un bon morceau, mais si il fallait hiérarchiser du meilleur au moins bon, si je puis dire, effectivement je le positionnerais en dernier. (Serge Aubert)

– Trop” peut-être pas !? Mais par rapport à ce qu’ils faisaient avant, c’est probablement le plus commercial … avant que n’arrive Love Conquers All ? (Franck Andfurious)

” J’avais beaucoup aimé à sa sortie. Il y a même des titres que j’adore dessus comme Mitzi Dupree et Unwritten law. Après, il est typé années 80 dans ses sonorités.Si déception il y a, c’est au niveau le batterie robotique de Paice et de la relative discrétion de Jon Lord” Hubert Allusson

Titres (Tous les titres sont signés par Blackmore, Gillan & Glover, sauf indications)

Bad Attitude (Blackmore, Gillan, Glover, Lord)

The Unwritten Law (Blackmore, Gillan, Glover, Paice)

Call of the Wild (Blackmore, Gillan, Glover, Lord)

Mad Dog

Black and White (Blackmore, Gillan, Glover, Lord)

Hard Lovin’ Woman

The Spanish Archer

Strangeways

Mitzi Dupree

Dead or Alive

Mark IIb

Ritchie Blackmore : guitare, guitare synthétiseur Roland

Ian Gillan : chant, congas, harmonica

Roger Glover : basse, synthétiseur

Jon Lord : claviers

Ian Paice : batterie, percussions

Producteurs : Roger Glover & Deep Purple

Label : Polydor Mercury  //  Amazon CD / LP / K7

Sortie le 12 janvier 1987

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Album en écoute ci-dessous

Exemple d’une version live de Bad Attitude :

P’tain de classique oublié !!!! 😡 Ils sont énormes dessus ! Les attaques au clavier de Lord des l’intro jusqu au final, Blackmore qui se fait plus incisif sur son solo que la version studio, ce riff qui embarqué et donne envie d en découdre, Paice qui enflamme le final et qui aurait pu en faire quelque chose d encore plus grand et Gillan et sa ligne vocale aussi sur le final en appui de Lord et qui rappelle celle de Child in Time… Bref j ai toujours kiffe ce titre studio ! Et je regretterai toujours qu ils l aient quasiment pas joué live …. Grrrrr

The Unwritten Law + solo de batterie + Blues + Dead Or Alive

Un Hard Lovin’Woman qui prend toute sa force sur scène sans les boucles de synthés et qui rappelle à un degré moindre un Speed King !

Mad Dog plus dispensable car il fait un peu double emploi avec Hard Lovin Woman me semble-t-il mais avec un Lord toujours aussi jouissif

Call Of The Wild (sans Ritchie) => traduction de l’explication ”

”Je vous présente ici la seule séquence connue existante et disponible de la chanson ‘Call Of The Wild’ interprétée en LIVE, par Deep Purple. Ce qui rend celui-ci très spécial, c’est que c’est la dernière fois qu’ils ont joué cette chanson en direct. Il n’a cependant été joué que 6 à 7 fois lors des premiers spectacles de la tournée ‘House Of Blue Light’ en 1987. Celui-ci se démarque pour une autre raison, le groupe l’interprète sans Ritchie. Même si c’est une chanson orientée synthé. C’était le premier des deux rappels que le groupe a fait au Johanneshov Isstadion à Stockholm, en Suède, le 27 février 1987. Pour une raison quelconque, Ritchie a refusé de faire les rappels, soit parce qu’il avait eu une mauvaise journée, soit parce que le public ne l’avait pas fait. il ne “méritait” pas de rappels selon son point de vue. Le reste du groupe a cependant décidé de jouer les rappels, même si c’était sans Ritchie. Ils ont fait ‘Call Of The Wild’, que vous pouvez apprécier ici, et ‘Smoke On The Water’, dont vous pouvez voir un extrait, à la fin de ce clip. Malheureusement, celui qui a filmé cette émission n’a plus de vidéo, donc seul un extrait de ‘Smoke On The Water’ sans Ritchie existe.”