Joe Lynn TURNER The Usual Suspects

Quand on nomme son album du nom d’un film qui a proposé un des scénarios des plus originaux qui soit, on peut s’attendre à une prise de risque, ou à minima lui rendre hommage.

Le risque ? Musicalement avec TURNER, c’est espérer beaucoup, même si le projet MOTHER’s ARMY avait osé. Aussi, on va interpréter ce clin d’oeil pour saluer surtout l’équipe de fidèles habitués qui l’entourent. Parce que mine de rien, ses détracteurs ont beau le charrier, il arrive à maintenir autour de lui une équipe fiable. Et ce n’est pas Ritchie BLACKMORE qui démentira, lui qui lui a carrément débauché ses musiciens pour le RAINBOW 95′.

Question qualité musicale ? A défaut d’être surpris, difficile d’être déçu dans le hard rock mélodique que le chanteur distille depuis ses premières mélodies fredonnées devant un micro professionnel. Et puis quand on s’apprête à faire un casse, mieux vaut s’y préparer avec ce qu’on sait faire de mieux.

Avec ce Usual Suspects, on revient vers un peu plus de chaleur bluesy, là où son précédant crime (JLT) avait plutôt appuyé sur le côté hard voire heavy, que ce soit musicalement que vocalement.  L’expérimenté chanteur pose davantage sa voix en mode cool voire crooner bluesy, notamment sur Realy Loved qui vous masse les oreilles tout en douceur. On se croirait dans un pub-cabaret où la danseuse semble être la témoin à interroger avec délectation ; ça swingue et il sera difficile de lui résister.  Joe enchaîne sa mission et semble ne pas vouloir passer Le Reste De Sa Vie à la regarder danser. Joe lui sort tout son charme, son savoir faire et la fait craquer sur cette seconde ballade tout en douceur (niveau chant et mélodie) mais suffisamment virile par son riff, pour la faire s’agripper aux draps.

Le principal suspect remet son courage à l’oeuvre et repart Dans Le Feu du combat. C’est étonnamment sobre comme morceau. Il n’y en a ni trop ni pas assez. Mais ça fonctionne très bien presque avec une nonchalance séduisante comme tout bon suspect sournois. Blood Money et All Alone poursuivent l’oeuvre : C’est si cool si charmant que l’on se laisse avoir : hypnotique, il te fait les poches avec un sourire innocent (comme il m’a piqué une photo française du site pour l’inclure sur sa page fb sans mentionner son origine – ce que fait pourtant le staff fb de Ian GILLAN – m’obligeant désormais à filigraner- no merci pour le respect du travail). On a du mal à accuser de quoique ce soit cet homme là (si si !), même si il sort ses Ball and Chain quand il faut hausser le ton à nouveau tel le tueur confirmé qu’il est.

On a bien sûr toujours d’autres riffs bien sentis comme l’opener Power Of Love bien que son refrain soit un zest trop AOR pour moi. Mais le riff groovy et menaçant conforté par des claviers malins de Devil’s Door me relance dans mon enquête, d’autant qu’une courte virée vers l’orient a haussé ma curiosité. On s’approche de l’assassin avec Jacknife qui prend la fuite à toute enjambée. Or j’ai envie de sport et je lui cours après avec délectation comme ces bons joueurs de l’Equipe de France de rugby vainqueurs courageux au Pays De Galles. Cette course poursuite a défilé à fond avec un bon hurlement sur le final.

Sur la ballade qui clôt ce film, Live And Love Again, on sent Joe prêt à avouer son crime sur un final vocal prenant. C’est sur ce genre de passage, de montée progressive qu’on aimerait un peu plus de suspens, d’aventures instrumentales voire de jams. Quoiqu’il en soit, il est fort probable que tu sortes tes menottes. De là à savoir ce que tu comptes en faire avec ton suspect-conjoint.e, ça te regarde. Si t’as encore besoin de réfléchir, il te reste le bonus Unfinished Bizness, direct et boogie qui invite à un baiser infini (et menotté hé hé).

Pour certains, Joe Lynn est un coupable parfait. Il s’est essayé à côtoyer les Maîtres, mais des Esclaves lui font payer cette outrance. Pourtant ici, il est d’une totale sérénité. Sobre j’ai dit ! Parfois sournois, parfois charmeur, parfois homme d’action, on n’arrive pas à déterminer si il est bien coupable ou innocent … Et même si coupable, il fait partie de cette catégorie qu’on a envie d’aider à faire un casse ou à échapper à ses poursuivants.

En fait, je me rends compte que tout colle ici comme un film policier (chant non forcé et compositions coulantes) … Et si en fait, TURNER nous avait proposé ici un concept album et assorti son chant et sa musique sur le rythme de ce thriller ? Si il ne sera pas aussi détonnant que le film homonyme, cet album s’écoute comme on va voir un de meilleurs thrillers policiers ! A voir et à revoir ! On a donc ici un très bon scénario qui certes aurait pu être optimisé. Sa réalisation, elle, fait partie des Top du genre. En somme, le crime était presque parfait !

Et toi, t’en penses quoi ? Suspect ou pas ? Venez en parler sur la page Facebook

”Quand un des compositeurs like ton post, tu es à la fois content mais tu fais de l’huile aussi ???? like de Chris Marksbury ” Franck Andfurious

Bon album…le live en Allemagne qui suit est un niveau au dessus…” Frédéric Gandon (ndFAF : oui le Live In Germany)

Je vois pas ce que Blackmore trouvait à Turner ! Blackmore avait été plus inspiré en s’incrustant dans le groupe ELF juste pour récupérer James Dio ! Qui réussi à vivre très bien sous son nom ou avec Black Sabbath. Même Bonnet a su avec Alcatrazz et Schenker tenir la route.” Yves André

”C‘est omettre que DIO avant qu’il ne revienne dans BS ou plutôt Heaven and Hell ne jouait plus que dans de toutes petites salles, de même taille que celles de JLT, MSG et d’ALCATRAZZ aujourd’hui, soit des salles de 500 places maxi ! Il était loin le temps où DIO était tête d’affiche de festival ! Donc hélas, il y a des autoroutes qui se sont muées en départementales. Je crois que le talent ne dépend pas non plus du nombre de spectateurs ! Qu’on l’aime ou pas, on ne fait pas une carrière comme la sienne avec une trentaine d’album sans être un minimum compétent et respecté. … J‘ai rencontré un chanteur d’un groupe français (Renaud du groupe Kragens), que j’ai fait jouer autrefois, qui m’avait avoué être impressionné. ”Pourtant”, il oeuvrait plutôt dans le trash heavy métal ..” Franck Andfurious

C’est l’environnement populaire qui est comme ça. Turner est un sacré chanteur qui peut aller pratiquement sur n’importe quel terrain musical. En revanche pour beaucoup d’autres chanteurs, aller sur son domaine de prédilection, là ça va être beaucoup, beaucoup plus rare. C’est ainsi, la popularité fonctionne à l’inverser, en sacralisant du commun et non pas du performeur comme Turner… Je le prends de suite comme chanteur moi Turner. Je bosse avec un bassiste qui faute de grives, chantent et s’en tire pas trop mal question tessiture avec Ian Gillan ; pour Coverdale/Hughes, il m’a dit “même pas en rêve j’y arrive !” Et j’ai pas besoin de demander pour Turner ou Dio : je connais la réponse ;)” Laurent Pineaud, prof de guitare

Titres

Power of Love (Cochran/Held/Turner)

Devil’s Door (Cochran/Held/Turner)

Jacknife (Held/Lecar/Turner)

Really Loved (Marksbury/Turner)

Rest of My Life (Held/Lecar/Turner)

Into the Fire (Marksbury/Turner)

Blood Money (Cochran/Held/Turner)

All Alone (Marksbury/Turner)

Ball and Chain (Lecar/Turner)

Live and Love Again (Lecar/Turner)

What Can I Do (Turner/Byrd)

Bonus

What Can I Do (Markbury/Turner)

Unfinished Bizness (Markbury/Turner)

 

Membres

Joe Lynn Turner: Lead vocals

Al Pitrelli: Guitars on 3,4,5,6,9,10,11

Karl Cochran: Guitars on 1,2,7,8

David Z: Bass

John O’Reilly: Drums

Paul Morris: Keyboards

Andy Burton: Keyboards on 11

Nancy Bender: Backing vocals

Production Bob Held & JLT – Producteur executif Mark Wexler

Label Yamaha Music Communications  //  Amazon CD

Sortie 23 février 2005

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Album en écoute ci-dessous

Bonus japonais