GILLAN The Japonese Album

Après la période jazzy prog du Ian GILLAN BAND, l’ex-chanteur de DP revient vers un état d’esprit davantage pourpre.

Pourpre dans le sens où il s’alliera à un compositeur et claviériste de grand talent, Colin TOWNS. Celui-ci rappellera dans un certain sens Jon LORD bien qu’il ait un style différent comme le suggère l’intro futuriste et intrigante Street Theater (ou Second Sight selon votre version du disque). Mais il a dans sa palette, tous les styles, qu’ils soient futuriste, boogie piano ou ”Hamondien”. Le talent de TOWNS se vérifiera tout du long des albums du projet GILLAN et ailleurs. Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il aurait pu apporter un renouvellement autre que celui de Don AIREY au sein de DP, comme le laisse à penser aussi sa carrière en tant que musicien de studio, de bandes originales de films, de musiques pour la télévision et autres. Mais ceci est un autre débat dont on n’aura jamais la réponse.

Pourpre ? Car le gros rock est de retour avec le speed punky Secret Of The Dance (esprit Speed King en moins hurlé), le lourd (Sabbathien et esprit Into The Fire sans les cris) I’m Your Man, l’intrigant au refrain accrocheur Dead of Night dans lequel on aura droit à un beau solo de claviers, ou encore Message In A Bottle. Du rock plus léger aussi, davantage esprit année 50-60 (qui aurait pu figurer dans un album survitaminé de The JAVELINS) avec un Not Weird Enough enjoué. Pour le moderniser, Colin TOWNS proposera un solo au son futuriste entre deux riffs de piano à la Jerry Lee LEWIS pendant que Steve BYRD (Kim WILDE, Billie OCEAN, Bonnie TYLER, …) exécutera un solo déjanté en tout point et qui convient parfaitement à l’état d’esprit excentrique qui se dessine dans ce groupe. ”Pas Assez Bizarre” nomme donc cette chanson son parolier tel un appel à davantage d’intrépidité : ce Message (Dans la Bouteille, à proximité ?) sera entendu par ses coéquipiers, qui petit à petit, vont se lâcher dans le délire, un délire jouissif, d’avant-garde même qui hélas, ne sera pas suivi par les promoteurs un peu paumés en cette période mouvementée avec, entre autres, les débuts fracassant de la NWOBHM et du Punk. Et qui probablement aussi par facilité, ont plutôt oeuvré à une reformation de DP plutôt qu’à la promotion de ce GILLAN là !?

Et puis, ce retour se traduit par ce Fighting Man, une merveille de ballade intimiste, puis explosive qui vaut l’achat de l’album à elle seule ! Frissons garantis !!! A la fois ”intimiste et explosive” ? cela ne vous rappelle rien chers fans de DEEP PURPLE ? Rien d’autre que la jumelle de Child In Time ! Les couplets rappellent la voix de velours de ce génie vocal ; le refrain, une montée crescendo avec la voix qui module à souhait, tantôt bluesy, tantôt lyrique, douce ou écorchée, puis sa voix galactique s’en va s’étendre dans tout l’univers avec ce cri final sur-aigu ! Ian GILLLAAAANNN !!! Une beauté power bluesy qui démontre entre autres titres, que le groupe GILLAN aurait pu avoir une carrière aussi conséquente que le POURPRE PROFOND si le public n’était pas autant suspendu aux étiquettes et ”aux doigts pointés vers la lune”.

Le son de l’album se fait toutefois un peu vieillot et manquerait selon les standarts d’aujourd’hui d’un zest de puissance … mais je chipote car ça sonne bien, parfois même live, ce qui est encore mieux. Ce son lui donne du charme et rappelle cette période charnière, cette période de créativité (me demande bien ce que je penserai dans 10 ans, de la créativité de la musique des années 2010 ? hum!). Et même si Ian GILLAN ne semble pas trop savoir où aller par moment, entre la période plus jazzy précédente voire expérimentale (Abbey of Thelema), ses influences boogie des années 50-60, le bon hard rock à la DP, on sent le zest de dinguerie qui commence à régner dans cette formation. « ”M.A.D.” ? On y va ? On y va pas ? » Au niveau de l’intervention des musiciens, cela s’en ressent aussi, chacun restant concentré surtout sur leur partie rythmique, dont la basse grondante de John McCOY. Peu de solos donc mais des solos marquants ! = « On y va ! »

Alors hésitant parfois ? Si son chant n’est pas contestable (faut pas exagérer non plus! On parle du plus grand chanteur de hard rock là tout de même), on sent le chanteur pas encore décidé à redevenir le hurleur lyrique qu’il fut il y a peu encore et qu’il va redevenir au ”match” suivant, même si il nous balancera quelques hurlements par moment qui font du bien aux oreilles (Back in the Game = ”Retour dans le Jeu” : tout un symbole boosté aussi par un grand duel solo guitare-clavier fracassant). Ne vous méprenez pas, braves gens ! Ce tâtonnement n’est point péjoratif car on sent là l’envie d’innover avec des fondations solides. En quelque sorte, cet album est progressif ! Et il est bon, Mes seigneurs ! (Roller : quelle dinguerie ! c’est qui le vrai Metal God ? ou plutôt c’est qui God ? Ian GILLLAAAANNN !!!)

Ce mélange d’influences fait l’intérêt du POURPRE .. heu pardon je voulais dire de ce GILLAN. Mais comme tout mélange, il faudra encore peaufiner le dosage ou annihiler les quelques hésitations (ce qui sera fait sur l’album suivant, Mr Universe où certains des titres ici, y seront repris). Retour donc aux ”choses sérieuses” chez ces loufoques avec certes, un premier album décousu, de rodage en somme, idem avec ce line-up – c’est peut-être pour cette raison (?) qu’il ne sera commercialisé qu’au Japon et sur les îles australiennes et néo-zélandaises – mais un album très prometteur, rafraîchissant, inventif même, qui a du influencer un Mike PATTON dans ses géniales élucubrations futures (Abbey of Thelema, Back in the Game)! On sera donc ravi que le duo TOWNS-McCOY soit reconduit pour une suite qui s’annonce palpitante! … même si le guitariste Steve BYRD n’en fera pas partie alors qu’il fait ici parfaitement le job !

Epilogue :

Vu que pas mal de titres figurent dans l’album suivant, j’avoue que j’avais peu écouté les autres titres de ce ”japonais” là ! Du coup, à la fin de son écoute et de la rédaction de cette chronique, mon singe vint me dire :

« Fais pas ton fan timide Francky ! Ecoute ton Furious : cet album est absolument génial !!! » (rire)

– Tu as raison ! je dirai même plus mon cher Furious, ce GILLAN là est le remède pour les fans de DEEP PURPLE qui ont perdu la foi après le départ de Ritchie BLACKMORE en 75 puis en 93 ! Et j’enfoncerai le clou : en écoutant l’inventivité et la fraicheur de cet album, on comprend la frustration du chanteur fou au sein du Purple Mk IIc voire IIb, freiné par un Ritchie BLACKMORE devenu alors conservateur ! Donc ceux qui sont frustrés de la réunion de DEEP PURPLE en 1984, courrez vite écouter ce GILLAN 78/82 bien meilleur que le Deep Purple 1987-1993 … et pourtant je suis fan de cette période aussi ! ……… Comme je me suis tapé sur les doigts, j’enfonce un autre clou : A l’heure où pullulent les Tribute Band à DP, des fous furieux de musicos seraient bien avisés de former un Tribute Band à ce GILLAN là ! Je prends mon billet d’avion de suite à la première date ! Amen !»

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”Excellente chronique. Un de mes albums favoris de Gillan et dans la disco purpleienne en général ❤️👍” Lylian Pothron

”Grand album effectivement et.excellente critique. Je me rends compte que j’ai sous-estimé Colin Towns…. je vais réécouter cet album.” Leroy Twa

– merci ! oui dans les discussions avec des fans, me suis rendu compte que ce projet de GILLAN était étonnamment méconnu des fans de DP … (Franck Andfurious)

– c’est assez logique. Album japonais, peu disponible par chez nous et vite oublié car les suivants sont sortis hyper rapidement dans la foulée. (Lylian Pothron)

Belle chronique, bel album. Fiiiighting maaan 🤩” Xav Muzyk

 

   

Titres – Chansons écrites par Ian Gillan et Colin Towns à l’exception de ( )

Face A

Second Sight (Colin Towns) *

Secret of the Dance **

I’m Your Man

Dead of Night

Fighting Man (Towns) – 7:35*

Face B

Message in a Bottle **

Not Weird Enough

Bringing Joanna Back

Abbey of Thelema

Back in the Game

* Morceaux qui apparaissent aussi sur la version standard UK LP et CD de l’album Mr. Universe

** Morceaux aux versions différentes que celles figurant sur la version standard UK LP and CD de l’album Mr. Universe

En 1993, un album combinant des morceaux de la version Japon / Australie / Nouvelle-Zélande du Gillan et du Mr. Universe est sorti au format CD par le label RPM sous le titre “Gillan – The Japanese Album”. La liste des pistes révisée était la suivante:

Street Theatre” (Towns) – 2:40 (instrumental)*

Secret of the Dance

I’m Your Man

Dead of Night

Fighting Man” (Towns) – 7:37

Message in a Bottle

Not Weird Enough

Bringing Joanna Back

Abbey of Thelema

Back in the Game

Bonus

Vengeance **

Move with the Times (Gillan, Towns, John McCoy)*

Sleeping on the Job **

Roller **

* from the Japanese/Australian/New Zealand version of Mr. Universe LP

** previously unreleased version of tracks from Mr. Universe (UK) LP

Il existerait une autre chanson,dont l’enregistrement serait égaré?, datant des sessions de Mr. Universe, nommé “Parliament Square” (wikipedia)

Interprètes

Ian Gillan – vocals, production

Steve Byrd – guitares

Colin Towns – claviers, flutes, arrangement, production

John McCoy – basse

Liam Genockey – batterie, percussion (sur l’album)

Pete Barnacle – batterie, percussion (pour les live shows)

Production  Paul “Chas” Watkins, Ian Gillan, Colin Towns

Label  Eastworld (Japan and New Zealand) / Interfusion (Australia)

Sortie au Japon en Septembre 1978

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Album en écoute ci-dessous