Tommy BOLIN Teaser

Après Come Taste The Band, le premier disque que je me suis acheté de BOLIN, poussé par les chroniques d’alors, fût Private Eyes. J’avais trouvé cela moyen sans plus.

En fait, ce n’était pas ce que je voulais écouter à l’époque de mon adolescence pendant laquelle mes oreilles se cherchaient, se formaient. Ce que je voulais, c’était du bon hard rock que je venais de découvrir, du FM si possible, des mélodies plus directes, que l’on qualifierait aujourd’hui de plus ”évidentes”, avec des chanteurs à voix puissantes. Aussi, cette musique trop ”jazzy” pour moi, ne me parlait pas (encore). Et puis Ian GILLAN et le duo Glenn HUGHES-David COVERDALE représentait (et représente toujours) à mes oreilles, l’ultime qualité. Alors, cette voix fine de BOLIN me semblait comme un léger sifflement de vent qui ne pouvait attirer mon attention plus que le temps nécessaire pour fermer la fenêtre.

Ce fut le cas aussi pour THIN LIZZY et la voix de Phil LYNOTT. Je ne détestais pas mais ce n’était pas ma came. Moi dans les années 80, je voulais du gros son, du flashy ! Pas jusqu’à aller vers le glam rock à paillette mais les BON JOVI, le WHITESNAKE de 1987, les AEROSMITH, les VAN HALEN avec leurs fringues invraisemblables, … tout ce mystère de vie de rock star, cela scotchait le p’tit jeunot de la campagne agricole agenaise, qui se demandait bien ce qu’il pouvait se passer au-delà de ”son lopin de terre” (texte de l’agenais Francis CABREL).

J’essayais de temps à temps de remettre cette galette sur ma platine à force de lire les chroniques dithyrambiques sur ce guitariste défunt. Je trouvais ça sympa, mais mouais bof, j’avais vraiment d’autres choses à écouter, d’autres groupes de hard-rock à découvrir avec mon budget limité de jeunes salariés. Et puis, on nous bassinait en institutionnalisant en tant que références mondiales, les célébrités comme Eric ”God” CLAPTON qui était loin de me séduire ou des Jeff BECK et Frank ZAPPA dont les univers m’étaient inconnus et pour le peu, m’étaient incompréhensibles. Alors inconsciemment, je me disais comment un BOLIN pourrait-il être plus intéressant ? D’autant plus quand des VAN HALEN, MALMSTEEN et autres SATRIANI déchiraient tout !!?? … Hormis quelques exceptions comme DEEP PURPLE, cette musique des années 70 ne me touchait pas plus que ça! J’étais en plein dans celle des années 80 ! … En fait, j’étais comme un gamin gâté qui rechignait à manger les plats de chef étoilé que lui concoctait pourtant sa mère attentionnée, parce que lui voulait son plat préféré de l’entrecôte-frites binaire, sans même de sauce au poivres ou à l’échalote. Grave erreur ! Quelle hérésie !

Quelques décennies plus tard, après m’être ouvert aussi au blues, au gospel et à divers autres genres musicaux, tout comme pour THIN LIZZY, je revenais donc tenter une énième écoute …parce que bon, Come Taste The Band est un p’tain de super album et que ses interprétations live des solos de BLACKMORE me captivaient. Finalement, ce sera dans les années 2000, voire même 2010 que là : Boum !!!! La Révélation !!!!

Cette musique que je qualifierai de world music constituée de rock soul blues jazz reggae, commençait à me séduire. Il y avait comme un côté à la SANTANA sans le côté latino, quoique, … une richesse que je n’avais pas décelée … Et puis, tout comme celle de Phil LYNOTT, je succombais alors à la délicatesse de cette musique et de cette voix suave.

Une grosse boule m’envahit alors ! Comment ai-je pu être aussi en retard au départ de ce train de la volupté et du bon goût en général ? Vous me direz que l’essentiel est de ne pas manquer ce train ! Oui mais quand même ! … Ne faites pas la même erreur, chers novices ! Laissez-vous le temps d’apprendre, de vous laisser imprégner.

Dès The Grind, on est invité par ce swing des cymbales, puis le jeu de slide. La voix, légèrement nasillarde, peut décontenancer mais petit à petit, on se laisse charmer par son côté séducteur du jeune branleur non-chaland talentueux. BOLIN avait de la classe et une musicalité rare. Ce titre rock funky-bluesy au refrain entraînant, aurait eu sa place sur un album du WHITESNAKE boogie de 1978-83.

L’instrumental funky Homeward Strut arrive en seconde position. C’est peut-être un peu tôt et c’est probablement cela qui à l’époque, ne m’a pas permis de rentrer de plein pied dans cet univers, surtout avec ces claviers assez moderne limite SF qu’un Don AIREY serait avisé de jouer parfois en concert juste pour le clin d’oeil. Ceci dit peut-être l’a-t-il fait !?

L’universel Dreamer qui suit, une ballade avec cette voix tendre et presque timide, vous prend à la gorge. Le piano relègue un Billy JOEL en seconde division. L’arrivée de la guitare est d’un tact absolu. Cette exquise ballade devrait être inscrite parmi les plus grandes de l’histoire. Cerise sur le gâteau, Glenn HUGHES vient interpréter un final tout aussi intense.

Savannah Woman œuvre dans l’ambiance latino. Tout groupe de salsa, jouerait ce boléro enchainé de cha cha cha avec un plaisir coupable. La mélodie capte par sa sensualité vibrante.

Teaser se verrait postuler dans les répertoires de ZAPPA ou SANTANA.

Le côté reggae de People People ne dénoterait pas dans la discographie de Bob MARLEY et ferait un malheur dans tous festivals.

Mais ne vous méprenez-pas, ce n’est pas une compilation stylistique qui partirait dans tous les sens. Non ! Tout se tient bien. Il est clair que le bonhomme expose une marque et pas que celle de la Mark IV, mais bien la sienne, tout en n’imposant pas sa présence : en délicatesse ! Ce sera le mot invitatoire. BOLIN ne prend pas toute la place avec sa guitare, loin de là même, laissant des cuivres colorer l’ensemble pour mieux apporter un contraste plus-valuesque avec sa guitare. On pourrait même penser que ce disque a peut-être influencé la présence des cuivres sur le Play Me Out de Glenn HUGHES à suivre.

Et puis niveau batterie, ça joue grave aussi dans les nuances. Les présences des Jeff PORCARO et de Phil COLLINS ne sont pas étrangères à cette qualité indéniable. J’évoquais la délicatesse, on peut ajouter la subtilité.

La guitare qui ouvre à nouveau l’instrumental Marching Powder, solidifie ces contrastes. Le jazz est ici à l’honneur, c’est dire la palette que possédait cet artiste, qui à mon sens, aurait pu faire une carrière internationale bien plus conséquente que certains artistes mondialement connus aujourd’hui.

On retrouvera quelques interventions ici, aussi dans ses solos lors de la tournée avec le POURPRE, tout comme la douce ballade Wild Dogs dans laquelle la voix nonchalante, désabusée ? – qui a du inspirée quelques chanteurs de Grunge – se fait émotionnelle, auréolée par un final swing, dansant … Car précisons, que BOLIN avait déjà contractualisé ce projet solo juste avant son remplacement de Ritchie BLACKMORE. Et que le fait que le guitariste d’origine Sioux n’a pu tourner pour promouvoir cet album, a peut-être amené à un accord pour en jouer quelques extraits lors de la tournée de la Mark IV !?

Lotus vient clôturer de la meilleure des façons. Une autre power ballade qui aurait enchanté Woodstock avec son riff fédérateur, tant elle respire le flower-power et autres produits avec son final reggae qu’on aurait aimé durer plus longtemps ici.

Le désir de départ du chanteur-guitariste était de produire un album semi-chanté, semi-instrumental. La maison de disque ayant refusée, on retrouve alors en bonus ces instrumentaux.

L’un d’entre eux, Crazed Fandango se situe dans un jazz latino SANTANAien, introduit par des cuivres et qui ressemble davantage à une excellente jam qu’à une véritable composition. Nous sommes dans les 70’s et ça jamme beaucoup. Si la maison de disque avait cédé, la diversité de styles et de tons aurait donné l’impression d’avoir affaire à une compilation, même si le projet était de séparer les titres chantés aux titres instrumentaux dans chaque face du vinyle. (source Wikipédia).

Mais si ce premier album solo manque un zest de cohésion, sa qualité est indéniable ; cohésion qui peut être aujourd’hui corrigée par les technologies et la possibilité de changer l’ordre des titres. Cette pépite a été occultée à cause de la promotion faite à DP. Car elle regorge de potentiels classiques voire de hits, alors ne manquez pas ce disque empli de sensualités et de classe ! Je vous l’ai déjà dit non ? 😉

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” Tu as raison Franck, ça me fait plaisir. Je l’ai eu dès sa sortie. J’en ai quelques exemplaires en vinyle dont un neuf acheté il y a trois semaines aux USA. Rock onEric Bouger

– Comment as-tu vécu sa sortie à l’époque ? sa promotion ? comment était il perçu en France à ce moment là ? tu sais ? (Franck AndFurious)

– C’etait exceptionnel. Je l’ai acheté en import à Lille. Une révélation pour moi et mes potes car je leur passais cet album sur la chaine. C était pas très connu et la difficulté était la comparaison avec Blackmore. Je ne le faisais pas mais à référence à DP, les autres oui. De plus en 77 après la sortie de Last Concert in Japan, Tommy était fort critiqué. Depuis ce temps, je suis sur ma première écoute et toujours aussi passionné par ce musicien d exception. A chaque fois que j’en parle, c était comme si c’était hier. Les gens adhérent à sa musique tellement ouverte sur l univers de tout type de musique. J ai 59 ans,il n y a pas un jour où je ne pense pas à ce musicien. Ce n’est pas du fanatisme, c est sa musique qui est la mienne. Voilà la description de mon amour pour la musique de Tommy Bolin avec toute mon authenticité et le respect du monde de la musique dont nous partageons les valeurs Franck. Au plaisir de partager nos musiques, nos émotions. (Eric Bouger)
 
”C’est une vraie bible ! Je partage tout à fait ton opinion sur cet artiste disparu trop tôt ! Discréditer à cause du désastreux Last Concert in Japan ! J’ai déjà écouté quelques titres sur Y Tube et c’est trop bien ! Cet artiste mérite qu’on le découvre et dommage qu’il n’y ait pas eu d’autres vinyles et une autre galette avec les Deep Purple ! Xavier Mercier
 
” A grandi avec le rock basé sur le blues des années 60 et 70. Puis est devenu branché au blues authentique, au funk, au reggae jazz. Puis immergé dans la musique du monde. Cet album rassemble tout ce qui précède sur un seul fil très fin ” Jonathan Shulman // ”… This album brings all of the above together in one fine thread.” traduction google 

Merveilles

Face 1

1. The Grind   (Bolin, Stanley Sheldon, John Tesar, Jeff Cook)

2. Homeward Strut  (Bolin)

3. Dreamer  (Jeff Cook)

4. Savannah Woman  (Bolin, Cook)

5. Teaser  (Bolin, Cook)

Face 2

6. People, People  (Bolin)

7. Marching Powder  (Bolin)

8. Wild Dogs  (Bolin, Tesar)

9. Lotus  (Bolin, Tesar)

Musiciens

Tommy Bolin  chant, guitare, piano, synthétiseur

Stanley Sheldon  basse (titres 1, 2, 3, 5, 6 & 7)

Paul Stallworth  basse (titres 4, 8 & 9)

Jeff Porcaro  batterie (titres 2, 3 & 5)

Prairie Prince  batterie (titres 4 & 8)

Narada Michael Walden  batterie (titre 7)

Bobby Berge  batterie (titre 1 & 9)

David Foster  claviers (titres 1, 2 & 3)

Jan Hammer  claviers (titres 6 & 7), batterie (titre 6)

Ron Fransen  piano (titre 9)

Phil Collins  percussions (titre 4)

Sammy Figueroa  percussions (titres 6 & 7)

Rafael Cruz  percussions (titres 6 & 7)

David Sanborn  saxophone (titres 6 & 7)

Glenn Hugues  chœurs (titre 3) non crédité

Tommy Bolin, Dave Brown & Lee Kiefer : chœurs (titre 1)

Production  Tommy Bolin, Lee Kiefer, Dennis MacKay

Label  Nemperor Records, Epic Records  

Amazon CD / CD Deluxe 1bonus / Réédition CD 20titres / LP / 40th 3LP+2CD live / Definitive 5CD

Sortie 17 novembre 1975

Le coin collector

Signé par Tommy Bolin (LP de Philippe Leroy)

Album en écoute ci-dessous