Geoff TATE – Seyssinet Grenoble – 26/03/2022

(Pour ceux qui n’aiment pas les intro personnelles, zapper directement au paragraphe ‘‘Les Concerts”)

   

Introduction

Bonté divine ! Il aura fallu quasi 35 ans pour que je vois enfin le plus grand chanteur d’heavy métal : celui qui fit partie de QUEENSRYCHE, groupe qui a su proposer un style allant de PINK FLOYD, LED ZEPPELIN, KANSAS à IRON MAIDEN, qui a créé trois chef d’oeuvres, ce qui est déjà beaucoup dans l’industrie musicale et chose encore plus rare, aux ambiances différentes (Rage For Order, Operation Mindcrime, Empire) et deux autres albums très vivement recommandés (Warning, Promised Land). On le sait, rester au sommet est le plus difficile. La suite de la discographie sera moins inspirée bien que restant ambitieuse. Un certain essoufflement aura fini par faire clasher les membres entre eux : départ du guitariste et compositeur originel, Chris de GARMO puis du chanteur, Geoff TATE.

J’avais 17 berges quand, moi le jeune provincial ”sud-ouestiste”, influencé par une couverture dans Hard Rock Mag sous-titrant “Queensryche, Nouvel album futur numéro Un”, puis par la chronique, je me suis acheté ce qui sera une de mes 5 premières K7 (et donc ”album” pour moi, CD, LP tous confondus) de ce qui allait devenir un des plus grands albums de tous les temps. Je n’y connaissais pas grand chose en heavy-metal, étant alors porté par le Hard-Fm, et ce fut une de mes plus grandes claques musicales de ma vie.

N’ayant pas les moyens d’aller à Paris, j’attendrais donc impatiemment le jour Q. Une tournée en Espagne se profila à mon horizon. Mais Covid annula, reporta, reprogramma, reporta à nouveau, pour au final me faire perdre ma boussole sans pour autant attraper ce virus à la ”Quon”. Beaucoup de groupes annulant leurs dates françaises (mais pas forcément européennes : The DEAD DAISIES par exemple), j’avais perdu le fil. Ce sera un forumeur qui postera ce mercredi cette affiche, cette date (reprogrammée en urgence?). Oui mais Pau-Grenoble, ça fait un bout de chemin … Puis mon petit singe me claqua la tête en me disant ” T’as des jours de disponibles. A quoi ça te sert de vivre en camping-car si ce n’est pas pour voyager ?” …

Ce sera donc sur un coup de ”Tate”, sans billet, que je me déciderai à traverser la France d’Ouest en Est, de part ”Empire” (ok vanne nulle) : Pau – Agen – Mende – Valence – Grenoble, sans autoroutes et donc avec environ une dizaine d’heures de paysages à voir en deux jours de route. En cc, on n’est pas pressé … Et la France compte de magnifiques paysages variés.

     

Les concerts

Et le déplacement en a valu le coup ! Tout simplement énorme … !!!

Deux groupes de première partie chauffent la salle. Le son est moyen pour le premier (SONS OF SOUNDS – Allemagne) surtout au niveau du chant, un peu mieux pour le second (DARKER HALF – Australie) : un comble pour une salle de moyenne capacité. Malgré cela les deux formations se sont données à fond et leurs prestations m’ont donné l’envie d’écouter leurs albums.

SONS OF SOUNDS (www) propose un heavy rock dont la particularité à mon sens se trouve dans la voix se situant entre celle de Phil MOGG (UFO) et Ian ASTBURY (The CULT) ; pas forcément un grand hurleur mais dont le timbre particulier donne une touche d’originalité au genre. A vous de voir. De plus, les compos sont assez chiadées,  parfois prog, ce qui éveillera aussi mon intérêt.

Les musiciens de DARKER HALF (www) ont tourné avec Tim Ripper OWENS, Paul Di’ANNO et Blaze BAYLEY. Autant dire que question heavy metal, ils s’y entendent. Le chanteur balancera des cris aigus du plus bel effet rappelant les pionniers du genre (Ian GILLAN, Rob HALFORD et la TATE d’affiche du soir). Seul petit bémol, certaines compo présentent des types de couplets ou de refrain un zest répétitif, plus précisément dans les dictions : un petit détail sans gravité mais qui mériterait d’être retravaillé car le potentiel est intéressant. Deux bonnes découvertes qui collent bien de surcroit au style de QUEENSRYCHE.

Puis approche le moment fatidique ! Trois magnifiques back-drop classieux ornent la scène. C’est simple mais ils sont beaux, ça sent la classe, une certaine noblesse … comme la voix du maestro !

Les musiciens abordent la scène, non pas tous ensemble mais l’un après l’autre à intervalles précis, chacun y allant d’un geste pour nous exciter. Ils sont costumés, maquillés. Je ne m’attendais pas à un tel visuel ultra travaillé et … classieux ! Ça le fait grave !

Il ne pouvait en être moins avec le ténor. Portant une somptueuse chemise ornée et un chapeau qui va à ravir à son joli crâne lisse reflétant les lumières, un simple sourire viendra nous embarquer. Clairement, le côté visuel est gagnant et vaudrait déjà à lui-seul d’être une tête d’affiche de certains festivals. Et ce n’est pas fini …

Si l’ingé-son oubliera ”d’allumer” le micro sur les premières syllabes, dès le souci réglé, on aura droit à un show carrée et exceptionnel. La voix est encore fabuleuse et chose encore plus surprenante à son âge, il ne la ménage pas. Il balance les cris aigus et tiendra un tel registre de hautes notes tout du long du show, au point même de reproduire quasiment à la virgule près les versions studios. C’est assez hallucinant de l’entendre autant performer ! Qu’est-ce que ça devait être quand il était à son top durant sa jeunesse !!! Sachant combien de chanteurs dans son registre, n’y arrivent plus avec l’âge, j’en suspecterai même du playback. Mais non ! J’aurai beau suivre ses lèvres et son micro tel un RG suivant des Gilets Jaunes ou ceux qui manifestent contre le pass pour assister aux concerts entre autres, aucun indice ne validera ma suspicion. Incroyable ! Certes, sur certains passages, il module mais quelle prestation vocale de bout en bout !!! Exceptionnelle !!!

La set-list de la tournée est connue. Après avoir fêter les 30 ans d’Opération Mindcrime, cette fois ce seront ces deux autres indispensables de Rage For Order et Empire qui nourriront au caviar – foie gras – champagne, le public grenoblois … et palois:)

Dès le premier riff de Walk In The Shadows, le public rentre en transe. Et je ne vous cache pas que j’aurai craqué quelques larmes à certains moments de cette soirée qui va devenir inoubliable. Certes, par moments, je me suis demandé si mon émotion était due principalement à mes souvenirs d’adolescence et à cette longue attente. Mais la musique du groupe, cette voix – p’tain cette voix !! – sont suffisamment puissantes, fortes émotionnellement pour me faire croire que le show en lui-même s’empare bien de moi. Des moments forts, en veux-tu en voilà ! Que des classiques ! Des moments de partages avec la foule, il y en aura eu plusieurs. Ce sera aussi sur Jet City Woman repris par la salle comme un seul Homme, qu’il se passera un truc d’encore plus fort entre le public et les musiciens. Eux-mêmes l’ont ressenti en lâchant des mimiques qui ne trompèrent pas de leur sincérité. Que de frissons !

Pourquoi évoquer la sincérité ? Parce que parfois on sent les musiciens remplaçants les membres originels, timorés, faisant le job sans plus, conscients que ce n’est pas leur histoire qu’ils content mais celles d’autres acteurs légendaires. Alors dans ces cas là, certains restent ”à leur place”, timides, humbles, respectueux dans la sobriété. Respectueux : ces jeunes gens le seront mais par l’envie, par la fougue de la fantitude. Clairement, ils sont fans de l’oeuvre du groupe. Ils s’accaparent carrément le patrimoine et lui rendent hommage de la meilleure des façons : par l’insouciance et la passion de la jeunesse. On ne peut pas jouer convenablement Silent Lucidity si on est pas touché par cette œuvre, cette grâce. Les deux solistes sont totalement imprégnés (2 solistes sur ce hit mais les trois guitaristes ont oeuvré en lead). Il suffit aussi de les entendre s’époumoner à fond pour assurer les choeurs.

Ces cinq jeunes compères sont complices, s’amusent avec la foule, entre eux puis avec Il Divo, qui lui-même n’hésitent pas à aller jouer avec eux ou à les encourager à se livrer à fond, à s’éclater en somme. Et ils s’éclatent ”parseubleu” ! Inutile de les y inviter à deux fois. Quelques chorégraphies du meilleur effet sont même prévues : l’entrée en scène comme dit et aussi en se regroupant tous autour du batteur, TATE inclus, dos à la foule, pour mieux rejaillir face à celle-ci tel un lion fonçant sur sa proie.

Même les moments les plus imprévus dégagent une magie quand deux des guitaristes se font face et que le chanteur, faute de place, doit passer entre eux pour aller se désaltérer. Les deux jeunes se sont écartés à l’unisson, comme deux gardes impériaux laissant passer leur Roi ! L’image improvisée était belle à voir, tout un symbole sur cette transmission de génération. Totalement impliqués, bravo et merci à ces musiciens !

Parfois, jouer sur une petite scène étroite peut avoir du bon. Cela a donné au final une chaleur supplémentaire. Et peut-être qu’après deux ans de ”confinement”, on a envie de se rapprocher les uns des autres comme pour se dire que, on a beau se concurrencer parfois, l’essentiel est de s’aimer et de vivre en paix.

Alors, le chanteur ne manquera pas par moments de nous narrer quelques anecdotes qui feront rire la salle. La complicité est totale. L’homme a un tel charisme en plus …

P’tain ! Il m’a vu ! haha 😉

Les deux set-list seront entrecoupées d’une entracte et d’un changement de costumes du plus bel effet de la part des six acteurs. Six ? Oui parce que bizarrement et sans que je n’en connaisse la raison, depuis quelques concerts seulement, le groupe se produit avec trois guitaristes et quelques changements de line-up aussi (guitariste et batteur). Les costumes sont du plus bel effet et même assez amusants comme cet ensemble jaune lumineux, limite façon disco-Cloclo ou T-Rex glam, que porte le batteur. Et ça le fait grave aussi !

Des deux titres en rappel, aucun ne sort d’Opération Mindcrime (logique vu que ses 30 ans ont déjà été fêtés). Et si pour ma première fois, j’aurai tout de même bien aimer entendre égoïstement un Eyes Of Stranger et un Don’t Believe In Love, ben vous savez quoi ? ils ne m’ont pas manqué tant le show fut fantastique et que Take Hold The Flames est un classique aussi indispensable et qu’en définitive Last Time In Paris, bonus LED ZEPPELINien, a allégé avec bienvenue, une soirée forte en intensité. Quel show !!!

… Pendant la file d’attente de l’ouverture des portes, une dame nous demanda des précisions sur ce groupe qu’elle voulait découvrir. Mon voisin de file lui répondra : « C’était le plus grand chanteur de heavy-metal dans les années 80 ! » … « C’était » : vraiment ? Après une telle performance, je crois que c’est encore le plus grand ! … TATE, c’est tout simplement top !

C’est même carrément illogique qu’un tel spectacle se produise dans des salles de cette capacité alors qu’il mériterait les Zénith. Ceux qui ont raté TATE, feraient mieux de se tarter ! 🙂

Ce soir, j’ai tout simplement assisté à l’un de mes meilleurs concerts tous styles confondus en 35 ans. Félicitations à l’organisation d’avoir programmé un tel artiste et d’avoir pris le risque financier. Merci !

A la fin du spectacle magique, mon petit singe revint me questionner : «Où jouent-ils demain?» Une façon de me dire que j’aurai bien remis le couvert … mais j’espère qu’il(s) recaleront une date à San Sebastian ou Pampelune ou… Grenoble, les Alpes sont si belles.

Pensées :

J’avais vu pour une seule fois le QUEENSRYCHE avec Todd de LA TORRE au Hellfest 2016 : concert excellent avec un chanteur brillant aussi. Continuer à comparer les deux formations depuis tout ce temps me semble déplacé d’autant que là, les conditions étaient du plein air, grande scène et avec la fatigue d’un festival, loin du côté chaleureux et plus intimiste d’une salle. Mais je me suis dit qu’avec un tel visuel, un tel talent aussi classieux et avec un tel groupe de jeunes loups affamés avec qui la complicité fut omniprésente, à quoi bon, espérer une reformation ? Cette formation de ce soir vaut à elle seule toute les têtes d’affiches : qu’on se le dise, ni plus ni moins ! Et qu’on arrête de bader des noms, que ce soit l’affiche QUEENSRYCHE ou Geoff TATE, peu importe le nom, qu’on s’intéresse plutôt à l’art pratiqué !

Set-List

Acte 1 : Rage For Order (album complet)

Acte 2 : Empire (album complet)

Rappel : Last Time In ParisTake Hold The Flames

Autre avis :

”YEEEEEEEESSSSSSSSS … Oui, on s’est mangé un sacré beau concert hier soir, un retour de 30 et 36 ans en arrière, mais pas que ; parce que (because) “Rage For Order” et “Empire” sont ce genre d’album intemporels qui ne prennent aucune rides et qui pourraient allégrement avoir été enregistrés hier ou après demain.
Dès “Walk in the Shadows” la messe était dite, Tate en voix, super musicos, musicalement hyper en place, visuellement le plaisir d’être sur scène est palpable. Belle communion avec un public hélas trop peu nombreux (250, 300?) . “I Will Remember” : fin du 1er acte, entracte de 20 mn et 2eme effet “Queens-cool” (p’tain c’est mauvais ça) avec le magistral “Empire” puis un final sur un “Take Hold of the Flame” bienvenu.
Je reste un éternel accro puissance 2.5 au Queensryche de “Rage ….” à “Promised Land”, j’avais pas revu Tate depuis 1991, p’tain quelle belle soirée. Bravo, très très beau report . Je serais moins entrain à écrire autant de superlatifs mais belle claque. Oui ! Tate est un grand chanteur, bluffant ce soir là … Au final un magnifique show” Steph Simeon

”Magnifique chronique de la non moins superbe soirée du concert de Geoff Tate à L’Ilyade ! Tout est parfaitement retranscrit. Ayant eu la chance d’avoir vu plusieurs fois la formation originelle sur scène du temps de leur splendeur (tournées Operation Mindcrime et Empire), j’ai adoré la prestation proposée par Tate et ses jeunes musiciens. Ils ont été au niveau, ce qui n’est pas évident tellement les musiciens originaux étaient grandioses sur scène ! Bravo donc pour avoir rendu un bel hommage à ces deux magnifiques albums ! … ps : les petits jeunes ont bien assuré. Les originaux étaient intouchables sur scène car carrément stratosphériques (voir cosmiques !). Pour illustrer çà, c’est James Hetfield qui avait raconter une anecdote dans une interview : Queensrÿche ouvrait pour Metallica (tournée Black Album je crois) aux US et pour fêter je ne sais plus quel truc (fin tournée US ?), et jugeant que les mecs étaient de vrais machines sur scène, les gars de Metallica avaient décider de leur faire une blague : ils avaient fait mettre des centaines de balles de ping-pong dans des filets que les roadies avaient ensuite hisser dans les cintres d’éclairage au dessus de la scène. En plein milieu du set de Queensrÿche, ils ont fait libérer les balles sur le groupe, eux étant sur le bord de scène pour se marrer… Ils ont halluciné en voyant les gars regarder dans tous les sens pour savoir se qui se passait, sans pour autant se planter et en assurant le morceau comme si de rien était ! James et les autres ont conclus que ces mecs étaient d’une autre planète. ” Xavier Bouvet

– Merci ! ça me rassure que quelqu’un qui a vu QUEENSRYCHE plusieurs fois, valide mon avis. J’avais peur d’avoir exagéré par manque de comparaisons et par une excitation surdimensionnée. Idem pour les jeunes musiciens … Et chouette anecdote merci ! La question qu’on se pose alors : étaient ils des bêtes au ping-pong ? haha ! (Franck Andfurious)

Ressenti la même chose à Colmar (date du lendemain), très pro et la joie de jouer ensemble.” Nicolas Lombart

super !!! Ce fut vraiment un moment magique !!!!Joël Thibaudeau

Autres reports : RiffOnStage.com

Quelques vidéos amateur ci-dessous (La faible qualité du son et de l’image ne reflètent pas la haute qualité du concert mais merci pour ses souvenirs)