Glenn Hughes a beau dire que tout va bien entre les 4 musiciens, cinq ans après une séparation houleuse avec Joe Bonamassa priorisant sa carrière solo au point de ne pas faire tourner ce dirigeable, et un couac avec Jason Bonham dans leur projet California Breed, on sent bien que BCC est un des gardes-manger du bassiste chanteur dans lequel il apprécie se nourrir par philosophie et/ou bouddhisme. Et ce n’est pas son annonce d’un prochain album à sortir avec un ”autre fameux compagnon” en pleine promo de BCC, ni le nouveau groupe Sons of Apollo de Sherinan qui retrouve son élément, qui vont nous rassurer, et ce même si tous, mettent tout leur talent dans ce nouvel album. Car écrire des paroles aussi personnelles sur ce IV, alors qu’on aurait pu croire que leur place serait sur un album solo, n’est-il pas gage d’investissement ?
Bref, à l’écoute de ce phénix, à l’artwork facile, une dualité de sentiments m’habite. Aussi je ferai une chronique à la Docteur Hyde et Mister Jekyl.
D’un point de vue de Mister Jekyl
Il y a toujours eu un truc qui me gêne dans ce groupe, et qui demeure pour ce IV, c’est son côté non exploité à 100% ; je m’explique.
J’estime que Glenn Hughes a suffisamment de talent pour éviter de mettre des influences Led Zeppeliniene aussi grasse dans BCC, même si c’est une influence assumée, même si il y a à la batterie le fils de … et même si Joe Bonamassa n’a pas une personnalité assez forte pour proposer quelque chose d’innovant, lui même l’assume. Sauf que c’est un peu trop facile parfois, quand il y autant de talent au m2. Car à l’inverse, porter le costume d’un Jimmy Page quand on en a ni le charisme, ni le talent, même si JB est un grand guitariste, peut faire un effet boomerang. Mais évidemment pour ceux qui vénèrent LZ, ce reproche fera pschiiiit.
Autre ronchonnement : un album (trop?) varié avec du folk celtique, un zest d’aor, du classic rock, du LZ, qui part un peu dans tous les sens à la première écoute, même si au fil des replay, cela en devient au final une force. Puis une ballade hors propos chantée seul par Bonamassa comme de coutume, placée trop vite en 3ème position, casse un peu l’entrée en matière. Enfin, Derek Sherinan, ex Dream Theater, il faut le rappeler, vu son sous emploi indécent, est toujours autant mis de côté, et ce malgré des interventions d’accompagnement du plus bel effet.
J’aurai envie de dire à Hughes : ”Arrête avec ce groupe bancal, et poursuit tes délires en solo” ! Bref, tous ces petits détails qui grattouillent mon omoplate, apportent toujours son petit côté déception, par rapport à ce que devrait offrir cette équipe de super-héros aux multiples influences, avec en plus, ce léger doute quant à la réelle direction artistique qu’est censé apporter le producteur Kevin Shirley, surtout quand on sort juste d’un album solo de GH au son assez moderne. Bref, mon Jekkyl ronchonne, mais pas au point de grogner tout de même donc …
… Demandons à mon côté Hyde
Une fois ôté ces quelques poils à gratter, ce 4ème album va-t-il surpasser les I et II du groupe, et indirectement aussi, ce surprenant récent album solo du bassiste ? Et bien passé les premiers titres somme toute assez classiques, mais rassurez vous, d’excellent niveau, on découvre tout simplement un petit chef d’œuvre. Si composer 4 titres de plus de 7mn, jusqu’à 8 et un de 6, n’est pas gage de qualité, la déception s’évapore au fur et à mesure des écoutes, pour disparaître à jamais. La magie opère et se faufile dans le grandiose. Le groupe tire vers le meilleur des précédents albums. Des titres épiques aux arrangements claviers exquis, des titres classieux, des titres aux mélodies accrocheuses : il est clair qu’un effort supplémentaire a été fait, probablement du fait des succès de titres comme One last soul, Great divide, … , et du dernier album solo de l’ex-Deep Purple. Resonate.
The Voice est toujours aussi hallucinant de puissance, de lyrisme, de blues et de soul … et change de tonalité pour quasiment chaque titre, ce qui fait que ceux qui n’aiment pas telle variable de cette légende, ne seront pas trop gênés. A son âge, il reste encore époustouflant. Le pire c’est qu’il chante paradoxalement de façon soft, et n’éclatant les nuages que quand le ciel est trop surchargé d’émotions. Les frissons sont encore au rendez-vous à l’écoute de cette voix à la fois majestueuse et déchirante. Ce mec est un extraterrestre. Le guitariste Doug Aldrich (Whitesnake, Dio, ..) a déclaré : ”Glenn Hughes est une bénédiction pour la musique” ! Tout est dit dans cette phrase : Amen !
Joe Bonamassa, s’il reste dans l’ombre des disparus SRVaughan, Gary Moore, et Rory Gallagher, ne délivre pas moins tout ce qu’il a dans sa besace. Et c’est déjà un excellent pic-nique 4 étoiles en perspective.
Bonham fait du … Bonham, ou plutôt Jason fait du John, donc du costaud. Quant à Derek Sherinan, il illumine magnifiquement la salle de ce mariage blanc, bien qu’on aimerait qu’on le laisse briller davantage en solo. Ha … j’oubliais Kevin Shirley … ben lui, c’est simple, c’est le gars qu’on croit hyper important, mais qui au final pousse un groupe au classicisme le plus ennuyant, alors que le groupe a un potentiel pour sonner moderne. Cf Sherinan et Resonate. Heureusement, Hughes veille au grain en apportant étonnamment une subtile couleur aor, par ses mélodies vocales, qui n’aurait pas dépareillée sur son classieux album solo The Way it is.
Si vous n’avez rien de la discographie de Hughes en solo et de Led Zeppelin, alors cet album, qui est une pure merveille, vous paraîtra un chef d’œuvre de chez Chez d’œuvre.
Le titre par titre essaiera de vous convaincre davantage qu’on tient là encore un bijou de classic rock, même si j’aurais apprécié un son plus aventureux, comme la plupart des mélodies auraient pu l’inciter. On pleure d’avance s’il n’y a pas de tournée, et on priera pour que Hughes se charge alors de présenter en solo des titres de cet album indispensable à vivre live. Encore un joyau pour 2017. Probablement dans mon top 5 de l’année.
Ps : Glenn Hughes a 65 ans : Pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, il est temps d’amener vos progénitures voir une des dernières légendes encore en scène et, surtout une voix qu’il faut entendre au moins une fois live dans sa vie. Vous ne viendrez pas pleurer auprès de tonton Francky ensuite, alors soyez curious, c’est pour votre bien 😉
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Collide 4,75/5
Un démarrage Zeppelien à la The boy can sing the blues (album Blues de Hughes), donc à la Black dog de qui vous savez, tant par l’esprit que la folie vocale, mais avec un refrain à la mélodie oratrice, captivante, avec ces claviers séducteurs qu’on prend en pleine face, pendant que Joe Page joue parfaitement son rôle de clonage soliste. Belle entrée en matière grâce surtout à ce refrain enlaceur. 5/5 si les 2 titres cités n’existaient pas.
Over my head 5/5
Petit rythme rock sympa, et invitatoire, un refrain simple mais gagnant, assez fm au final avec cette voix de tête. Un morceau léger bienvenu qui ne vous lâche pas le cerveau, et qui va permettre surtout de prendre son souffle pour la suite de l’album, et de fredonner tranquilou dans les bouchons, sans devoir s’appeler Pavarotti. Titre qui aurait sied sur Resonate avec la production de Resonate..
The last song for my resting place 4,5/5
Ballade celtique folk mode pizza complète (violon, guitare sèche puis électrique) qui est à deux pieds de partir en gigue, mais heureusement cela ne va pas dans cette caricature là. Chantée par Bonamassa. très bien chantée d’ailleurs, un zest en plus grave, avec un progrès vocal évident. Une chanson et une voix qui rappellent celles de Darren Wharton (Dare). Hughes ne fait qu’accompagner de loin en choeur le refrain. La ballade n’a pas l’intensité de Song of yesterday, faut dire que c’est difficile de faire mieux, mais sa mélodie est charmeuse et fera sa place dans les soirées hivernales auprès du feu. Effet Bonamassa garanti avec un solo à rallonge pas piqué des vers. Seul bémol : sa position bien trop tôt sur l’album qui casse un peu l’entrée en matière dans l’ambiance BCC, par un intermède au final genre très (trop?) Bonamassa solo.
Sway : 4,5/5
C’est la version LZ -BCC de I am not your slave de l’album solo Addiction. Titre rock ici très sympa mais sans plus, quoique son groove est assez traître car mine de rien, assez hypnotiseur. La plus value restant l’énorme voix de Hughes, et un Sherinan déterminant mais hélàs là encore contraint au banc des remplaçants, alors qu’il aurait pu être le buteur décisif. Ceci dit Bonamassa, ici très Schenkerien envoie grave. Mais je préfère Slave. Comme quoi ça ne sert pas toujours d’avoir des noms, ni d’avoir 5 compositeurs de haut niveau pour refaire ce qui a déjà été fait … de surcroît en mieux : ce titre résume là, toute la pensée de Mister Hyde : Qu’on donne les moyens à Hughes, qu’il embarque Sherinan avec lui, et recrute un guitariste moderne, et qu’il nous fasse une (autre ?) tuerie en solo ou dans un autre super groupe hors LZ.
The Cove : 6/5
Une power ballade qui monte crescendo en intensité et en émotion, qui rappelle la splendide I don’t want to live again (album Addiction), mise à la sauce LZ No quarter. C’est planant, ça monte doucement en puissance et surtout en dramaturgie : Monsieur Glenn est brillant, émouvant, et porte encore à lui seul ce titre d’une beauté mélancolique à faire pleurer un Président Nord coréen. … Bonamassa essaie de retranscrire cette dramaturgie, mais il ne boxe hélàs pas dans la même catégorie que Hughes à qui on devrait décerner le titre de 8è merveille du monde pour sa voix. Juste incroyable.
The Crow : 5/5
Badaboom ! Le groupe se lâche ici avec ce rock intrépide, et une intro basse au gros son très sabbathien. Hughes balance sa hargne, tout en restant mélodieux dans un refrain encore prenant. Encore une prestation vocale XXXL et toujours sans répéter la prestation XXXL du titre précédent. Et puis le chanteur laisse place à l’excellent bassiste pour un solo, qui invite, ENFIN, le duo Sherinan-Bonamassa à s’envoyer des baffes tel un Bakkies Botha face à un Gorgodze. Ca fait très mal, et ça fait du bien. Et le pire : une violence qui reste majestueuse. Phrase que vénéreront les matadors et leurs publics avides de sang et de souffrance … pour les autres, pas pour soi n’est ce pas ? petit message perso du corbeau.
Wanderlust 6/5
Attention ! À la première note de piano, appelez de suite le 15, frissons submergeant ! Wanderlust (Chef d’) oeuvre dans la même catégorie des rock blues mélodieux mélancolique du duo Tina Turner–Tony Joe White sur Foreign affair. Un début suave dont la voix et le piano font tomber par terre. Le piano qui donne une légère couleur aor à la Toto, mais on reste tout de même dans le blues rock, notamment avec un Bonamassa qui se veut classieux et présent de bout en bout, et se hisse enfin au niveau hughesien : sa meilleure performance de l’album. Le refrain et le pont montent crescendo sur lequel The Voice est juste exquis de suavité, divin de feeling et d’intensité. La dramaturgie rappelle aussi l’album Fused du duo Iommi-Hughes, à l’exception bien entendu, du son du guitariste de Black Sabbath. Un titre qui ne se s’arrête pas – 8mn. Si l’orgue Hammond s’invite sur le final comme accompagnateur, on aurait aimé qu’il s’inscruste en solo aussi, pour définitivement tout exploser avec le guitariste, dont un Neil Schon (Journey) aurait pu aussi être invité pour ce côté mélodieux, et ce même si pour moi, il manque surtout à ce titre le son unique de la Stratocaster de Ritchie Blackmore. Un titre qui aurait pu aller jusqu’au 10mn sans qu’on s’en lasse. Epique, juste fabuleux. Les frissons ne m’ont pas lâchés du début à la fin … Nooooonn ! Mais pourquoi une fin ? … Allez vite : replay ! Allo le 15 ? S.O.S grands enfants en ”déstress” …
Loves remains 5/5
Reprend l’ambiance de Over my head avec un joli refrain mélancolique chantée encore en voix de tête, sans en faire des tonnes. LZ qui côtoie Muse. Le meilleur du passé et du présent en somme.
Awake 4,75/5
Riff original saccadé rythme rock’n roll façon LZ Trampled under foot, qu’aurait apprécié un Brian Setzer, avec le match revanche entre Sherinan et Bonamassa qui doit exciter Mike Tyson. Hughes se fait sobre, puis appuie quand il faut. Pas un classique en soi, mais un super titre d’album.
When a morning comes 4,75/5
Une ballade à la Days of Avalon (album R.O.C.K) où Hughes commence en mode papa tendre, accompagné de ces touches de clavier en version flûte qu’il affectionne tant. Puis Sherinan réveille ce beau monde avec quelques touches heavy d’Hammond. Le riff est lourd à la Black Sabbath avec le son de Led Zeppelin. Bonamassa déchire à nouveau ce rythme épais de Bonham, toujours inspiré Jimmy Page, et ne laisse que quelques miettes à Sherinan, pourtant encore sur un morceau de 8mn ; mais la présence du piano reste encore soignée et déterminante. Le final s’accélère, avec un Hughes encore en mode boss, sans en faire des tonnes. La force tranquille. Ce titre est un zest moins bien que Days of Avalon, mais comme il s’agit ici de BCC et non de Hughes solo, la masse pensante publique impose qu’on dise que ce ne peut qu’être mieux. Ceci dit, on tient là encore du caviar, qui aurait du avoir la note de 5/5 si Days of Avalon n’existait pas, ou si Bonamassa invitait sur le final un John Sykes, ou pour rester dans le même registre, un Joe Perry ou un Slash. Peut être pour le V ? chiche !
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1 commentaire sur “BLACK COUNTRY COMMUNION IV – 22/09/2017”
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