AC/DC Power Up

Tout comme le récent DEEP PURPLE, un nouvel album d’une légende du rock est de plus en plus complexe à évaluer tant il faut occulter les albums qui ont fait leur légende. Cela l’est encore plus quand il faut maîtriser son impatience après six ans d’attente et quand il s’agit ici de rock binaire dont l’originalité n’est plus à déceler.

Aussi, après une première écoute mitigée à cause de mon cerveau embrouillé, ce sera après avoir passé ma tête sous une douche froide que mes quelques neurones revigorés auront de nouveau envie de revenir à l’essence de ce rock binaire, à cet instinct primaire qui fait prédominer parfois les réactions aux analyses.

Car il n’y a pas besoin de réfléchir ici. Pour savoir si un album d’AC/DC est bon, il suffit d’observer si dès la première écoute, quelques chose bouge chez toi … à l’exception de vos hémorroïdes, de vos morpions ou de tout autre parasite stocké après autant de jours de confinement. … Bonne nouvelle ! ça tangue quelque part, mon commandant ! Il y a de la houle. Le minima semble donc assuré. 

Mais pour savoir si un album d’AC/DC passe de bon à très bon, cela est un peu plus compliqué. Alors je m’appliquerai ma règle de trois : 10 écoutes à minima en 10 jours sous 10 humeurs différentes. Vous me direz que ce n’est pas simple de programmer ses humeurs en claquent des doigts.  Si ! si ! Il suffit de penser à la jambe cassée d’Axl ROSE lors du premier concert avec le groupe et je rigole, puis mon empathie arrive, pour à son tour laisser place au respect : fallait quand même avoir du courage pour remplacer Bon SCOTT et la voix de canard de Brian JOHNSON déjà, le tout avec une patte cassée. Cela fait déjà 3 ! 3 humeurs, pas trois pattes cassés à un canard hein ? S’ajoute l’enthousiasme d’apprendre que certains titres ont été composés par Malcom YOUNG, enthousiasme qui invite vite une tristesse qui m’empoigne alors, en me rappelant qu’un de nos héros musicaux nous a quitté, et si jeune, ce qui a tendance à me révolter. Ce sera donc plus tard dépité que j’enchainerais en constatant, agacé par ses mauvaises actions, que l’accusé Phil RUDD est de retour ; puis calmé en faisant appel à la rédemption et surtout à la modestie car au final, ses histoires appartiennent au groupe et aux juges et non pas à un fan qui n’a ni les éléments ni les compétences pour juger. Au passage, petit coup de boule aux juges moyenâgeux des réseaux sociaux qui invectivent sur tout et n’importe quoi sans savoir et même, sans lire les articles. Je ferai donc appel à la sagesse pour apprécier cet énième angle d’écoute, puis au soulagement, en apprenant les retours de Brian JOHNSON et de Cliff WILLIAMS, bien vivants, … le tout satisfait d’entendre à nouveau ce groupe, certes vieillissant, mais qui tel un parent, est quelque part un compagnon depuis mon enfance, touchant ma sensibilité nostalgique.

Alors comme pour PURPLE, je n’espère pas un grand disque énergique tant cet élément nécessite la force de la jeunesse. J’attends juste un certain savoir-faire et une complicité, une ambiance. Et tout cela répond bien présent dans son ensemble.

Mais primairement, c’est souvent le sentiment de méfiance qui agit en premier chez moi. Et le point qui me picote, est un manque de nerfs dans la guitare rythmique. Shot In The Dark est l’exemple même de mon propos : un bon titre mais auquel il manque un peu de peps. Ok ! Il n’ont plus vingt ans ! Et quand on sait que leur ADN est l’énergie, on doit s’attendre à quelque chose de plus bluesy. C’est un peu dommage pour ceux qui préfèrent le hard au blues car il y a beaucoup de bons ingrédients dans ce Power Up.

L’autre chose que j’ai un peu de mal à valider, ce sont certains choeurs qui ont tendance à aseptiser plutôt qu’à booster. Ils ont choisi ici des choeurs moins guerriers, moins festifs, davantage intrigants, dépités peut-être ou sarcastiques !? Peut-être que les paroles pourraient donner une explication, une précision ?… Bref, ces choeurs décontenancent mais ont l’avantage de proposer autre chose. …  Choix de production ? Du coup, je me mets plus en mode blues que hard, c’est clair. J’aime le blues donc ça me va. Enfin, quand je parle de blues, je parle de celui d’AC/DC, pas de celui de Chicago. Toutefois, le blues, ok mais ce n’est pas ce que j’attends tout du long chez la bande aux YOUNG.

Heureusement, Angus est comme souvent hyper présent. Il en balance partout et c’est jouissif. Je ne sais pas où en sont les soucis auditifs de Brian, mais vocalement tout est au vert ! Il chante toujours aussi bien avec ce côté bluesy en sus. Ses ”yeah yeah” sont un régal. Phil RUDD n’a pas perdu son bit pendant ses affaires judiciaires. Il a peut-être donné quelques conseils à la Juge en lui montrant comment taper avec son marteau de façon plus groovy !?

Toutefois, si les compositions sont très bonnes, il y a un côté trop propre dans la production. Pour ce groupe, je préfèrerai une production plus live, plus brute (il paraît que les technologies actuelles ne le permettent plus !?). C’est bien de bosser avec la même équipe, d’être fidèle mais peut-être qu’avec un jeune producteur ou mixeur, cela sonnerait un peu plus nerveux !? Remixer, ce disque pourrait passer de bon à très bon.

Ce que l’on pourrait aussi déplorer, c’est le manque de variations au sein même des morceaux. On reste dans le registre couplet-refrain-solo sur la même ligne, là où autrefois, le groupe proposait quelques accélérations au milieu d’un titre ou un passage plus nerveux. Là, on finit comme on a commencé. Et dans le binaire, à force de trop de linéarité, la menace plane de tomber dans le monocorde, ce qui parait paradoxal quand on est dans un groupe qui maîtrise le triphasé ! (t’as compris la vanne hein ? t’as compris ?).

Au final, ce disque ressemble à un très bon disque roots. AC/DC manque la note A- d’un simple éclair. Il me manque donc un peu de variations de tempo au sein d’un même morceau, des choeurs davantage prenants et aussi un zest de gnaque par moment. Je trouve qu’il y a trop de titres qui cherchent leur équilibre entre ces trois ingrédients : choeurs+énergie+le petit plus fédérateur. On a souvent l’un des trois mais rarement les trois ensemble. Paradoxalement, ce sera le dernier titre Code Red qui, à mes oreilles, trouve la parfaite harmonie entre rythme, intensité et les choeurs. On retrouve même une certaine juvénilité dans ce closer, tant le titre est basique, limite agréablement naïf, pur, que l’on croirait qu’il a été écrit dans un garage de collégiens en répét !? Peut-être aussi que son tempo est plus lent et que du coup, les choeurs ressortent mieux !?

Un album d’AC/DC est toujours une offrande, un bon moment. Un B- reste toutefois bien, mais aurait pu mieux faire car la matière était là. Si je considère les derniers albums comme les moins bons du band, ce Power Up est bien au-dessus de Stiff Upper Lip et Black Ice mais se heurte à la concurrence pour moi d’un Rock Or Bust plus ”commercial”. Alors, entre album plus bluesy et plus commercial, cela se jouera aux prolongations selon l’humeur du moment. Mais je le placerai tout de même en dessous de Rock Or Bust plus complet et efficace. Un album qui se défend, bien qu’il ne possède pas d’hymne, mais qui aurait pu être mieux avec quelques détails et/ou réglage en plus. Et en me réécoutant la discographie période JOHNSON et notamment le faux live d’Anything Goes sur Black Ice, la question qui me court-circuite : est-ce qu’AC/DC ne ferait pas mieux d’enregistrer ses albums en live ?

 

Titre par titre

Realize – 5/5

Ok ! But d’entrée ! Tempo, riff, gimmicks vocaux, choeurs, refrain, relance du rythme sur le solo : bingo ! Peut être que les choeurs auraient mérités d’être plus nerveux au lieu d’être en mode désabusés.

Rejection – 3,5/5

Je ne sais quoi en penser ! Ni fédérateur, ni déplaisant ! Ses mélodies se défendent mais il me manque un truc ! Peut-être aurait il mieux valu l’éjecter plus loin dans la playlist où du coup il pointerait à 4/5 ?! Mais là, en second, je n’arrive pas à lui trouver son rôle d’invitation à entrer dans un album d’AC/DC. Pourtant il est réjouissant ce titre.

Shot In The Dark – 4/5

C’est le titre qui traduit le plus mon enthousiasme frustré de ce disque. Le titre est bon mais il manque un zest de quelque chose (énergie ? Un comble pour AC/DC ! Du fun ? ). On a envie d’y aller, d’entrer dans l’arène avec lui, mais le titre manque tous ses penaltys ! Pourtant il fait un bon match ! Frustrant et du coup, gonflant ! Next !

Through The Mists Of Time – 4/5

Riff fun comme au bon temps de MTV des années 80. On retrouve ici un vieux copain. Mais il a un peu vieilli aussi. On sent toujours de la qualité dans le bonhomme mais il lui faut prendre son viagra. Bref, on prend un certain plaisir, on tapote sur la table, on rigole, on se ressert à boire, on est bien mais on n’a pas forcement envie d’aller danser.

Kick You When You’re Down – 4,5/5

Premier titre que je trouve complet dans son objet. Pour moi le match commence vraiment là, même si j’aurai bien aimé que le groove de batterie soit plus appuyé à la production.

Witch’s Pell – 4,5/5

Idem ! Equilibre quasi parfait entre groove – refrain – choeur ! Le refrain aurait mérité peut être un peu plus de boost ainsi que certains passages rythmiques dans les couplets. Mais en live, cela devrait le faire sur ce titre invitatoire !

Demon Fire – 4,5/5

On ne dira rien sur cette intro connue. C’est le boogie indispensable à un album d’AC/DC et il fait bien le job ! Secouage de têtes et d’épaules dans la fosse assuré ! Le disque est définitivement lancé.

Wild Réputation – 4/5

Mid-tempo bien, à la fois fun et bluesy ! Le parfait titre coéquipier qui vient aider à tenir la baraque ! Pas inoubliable mais solide !

No Man’s Land – 4/5

La voix de Johnson est un régal sur ce genre de tempo lent bluesy à la Hell’s Bell ! Un titre qui paraît insignifiant mais qui s’écoute agréablement au final grâce à un Brian brillant et des choeurs en osmose.

Systems Down – 3,5/5

Le riff est gagnant mais le refrain tombe un peu à plat. Parfois on a envie de jouer le jeu, parfois on se lasse de ce refrain. C’est dommage que le groupe se contente trop souvent du même rythme sur un titre. Ce riff aurait mérité d’être soutenu par un changement de tempo peut être !?

Money Shot – 4/5

Titre enjoué ! L’ensemble se tient bien ! Efficace de bout en bout même si je trouve cette prod un peu molle avec des choeurs qui mériteraient d’être un peu plus nerveux. Mais bon, ça, on se chargera de le compenser dans la fosse, hein les gars ?

Code Red – 5/5

Bizarrement, c’est le titre le plus ”simple” ou le moins bankable mais c’est celui que je trouve le moins critiquable, tant tout se tient bien de bout en bout avec notamment un refrain aux choeurs sournois, pas forcément accrocheur mais qui s’immisce directement dans les sinus. Parfait !

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Je suis d’accord avec cette chronique. Production top mais un peu trop lisse. Certains titres manquent cruellement d’énergie.” Manuel François

Electrons

01. Realize
02. Rejection
03. Shot In The Dark
04. Through The Mists Of Time
05. Kick You When You’re Down
06. Witch’s Spell
07. Demon Fire
08. Wild Reputation
09. No Man’s Land
10. Systems Down
11. Money Shot
12. Code Red

Dynamos

Angus Young guitare

Phil Rudd batterie

Cliff Williams basse

Brian Johnson chant

Stevie Young guitare rythmique

Production  Brendan O’Brien / Mix  Mike Fraser

Label   Columbia  //  Amazon CD / CD Deluxe / LP / K7

www.ac-dc.netwww.musicglue.com/ac-dc

Sortie  13 novembre 2020

– CD
– Deluxe Edition CD “light” Box
– Black Vinyl Lp
– Silver Vinyl Lp
– Yellow vinyl Lp (EU, US AC/DC store)
– Red vinyl Lp (EU, Wallmart in US, Sanity in Australia)
– Picture Disc Lp (EU & Australia only)
– Cassette (Black, Red, Silver or Yellow, EU only)
– Download

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