FORTUNATO – Discographie chroniquée

En quelques mots, on retrouve dans ce groupe le néo-classique d’un RAINBOW et d’un MALMSTEEN, le côté légèrement plus immédiat, plus FM, d’un MAGNUM avec un zet de speed à la HELLOWEEN et STRATOVARIUS, de profondeur des BLACK SABBATH période DIO-MARTIN, THIN LIZZY ou de grandiloquence à la RUSH, MARILLION ! Bref la liste des nombreuses influences de Markus est aussi longue que son manche de basse. Et si ton oreille ne trouve pas ce quizz, la liste des références se trouve dans ses livrets.

Markus FORTUNATO est considéré comme un des meilleurs bassiste-compositeur du genre. Sa carrière parle pour lui (MZ, ARCHANGE, OBLIVION = KINGCROWN, SPIRIT WAR, …). MZ était d’ailleurs un groupe majoritairement instrumental, signe d’une certaine virtuosité.

Si il avait été de nationalité allemande, anglaise ou suédoise, nul doute qu’il aurait été recruté dans les grands groupes du genre. En France, on peut s’enorgueillir de compter un tel musicien parmi nous, même si hélas notre mentalité stupide à la ”Nul n’est prophète en son pays” prend souvent le dessus par pure bêtise.

Les trois premiers albums sous le nom FORTUNATO vous sont présentés. On peut les inclure dans la catégorie ”La Relève Pourpre” même si le style s’étend plutôt vers les couleurs de l’Arc-En-Ciel.

Si la grande majorité des titres sont de longueurs ”habituelles”, chaque disque comporte deux-trois morceaux oscillant entre les 8 et 12mn. Ils rappellent le bon temps des titres épiques à la RAINBOW tels que Stargazer ou Gates Of Babylon. D’autres sont plus démonstratifs mais pas moins mélodiques – on n’est pas fan d’Yngwie pour rien ; quant au reste, il se veut plus immédiat ; l’ensemble se voulant toujours très mélodieux.

Cette palette permet de diversifier les tons, tout en restant cohérent et permet de faire ressortir la couleur du titre qui suit et inversement. Diversité et équilibre permettent donc à l’auditeur de ne jamais se noyer. Il est souvent difficile d’harmoniser différentes couleurs. Mais quand on évoque l’Arc-En-Ciel, on touche souvent à la perfection.

Seul petit bémol manière de vous paraître objectif et … français : un petit accent français qui par quelques instants dénote. Markus fait un gros effort de prononciation qui paradoxalement accroche un peu mon oreille. Les anglais ne s’embêtent pas autant et avalent les syllabes si cela doit mieux sonner. Pour ceux qui voulaient absolument comprendre les paroles, les anglo-saxons ont inventé le livret. Mais peut-on faire le reproche à quelqu’un de bosser une langue étrangère pour la respecter à son maximum?

D’autant que la voix éraillée et plutôt grave, rare dans le genre, offre justement une diversité au style qui propose souvent des chanteurs à voix soprano, aiguë. La voix rappelle par moments, celle émotive de FISH, l’ancien chanteur de MARILLION. Des chœurs somptueux sont aussi là pour donner les frissons. Car qui dit néo-classique, dit … orchestrations et choeurs s’approchant de l’opéra et peut-être aussi de formations comme NIGHTWISH.

Autre atout : Quand on est un virtuose et fan de MALMSTEEN, on pourrait être tenté de balancer des déluges de notes. Or, Markus and co s’efforcent de varier tempos et ambiances, laissant respirer l’auditeur et mettant en valeur des instruments que les fans de musique Classique ont davantage l’habitude d’écouter (piano, violon, clavecin, basse en mode contrebasse). Si je devais rédiger pour chaque album, une chronique titre par titre pour décrire la richesse musicale de chaque morceau .. que dis-je ? … de chaque œuvre, la chronique serait plus longue à lire que la durée de l’opus.

Alors, entre la musicalité de la basse de Markus, des refrains accrocheurs, des montées progressives poignantes, une voix originale pour le genre, ces approches Classique et ces choeurs frissonnants, sans oublier des solos de guitares inspirés et lumineux, on tient là des compositions où la mélodie est la note centrale.

Quelque soit le morceau, il y a toujours une accroche qui fait mouche. Honnêtement, ils ne sont pas aussi nombreux où les albums sont aussi qualitativement pleins.

MALMSTEEN et NIGHTWISH semblent en panne d’inspiration ! Leur manager serait bien avisé de leur donner le numéro de téléphone de Markus ! A bon entendeur …

Chapeau bien bas l’artiste ! Il serait dommage que vous, français, passiez à côté d’un tel musicien !

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Insurgency – 2021 – Rock City Music Label

Restless Fire – 2015 – Brennus Music

Liberty – 2012 – Autoproduction

 

** Chronique album par album **

Liberty (2012 – Autoproduction) – 3,5/5

Pour ce premier ouvrage, peu encore sûr de son chant pour assurer le lead tout le long de l’album, Markus partagent le micro avec deux chanteurs, André KERGONNA et Christophe BEGOT. Si le timbre de KERGONNA est voisin de celui de Markus, c’est moins le cas de celui de Christophe BEGOT, au chant plus lisse et lyrique. Personnellement, je n’aime pas trop les albums où se succèdent les vocalistes d’un titre à l’autre. Cela me donne un sentiment de compilation et freine quelque peu mon immersion dans l’opus. Je préfère alors les duo. Alors, selon vos goûts et humeurs, on pourrait apprécier le fait que ces changements de vocalistes permettent de casser une éventuelle monotonie.

Je dis bien ”éventuelle” car heureusement, la musique, elle, reste compacte et ce malgré les nombreuses influences du maître de service, qui sont bien maîtrisées, alors que leurs immenses quantités pourrait faire partir le schmilblick dans tous les sens, tel une compilation. Une musique riche, néo-classique oblige, jouée aussi par pléthores d’invités. Petits grains de sables par endroits : on pourrait toutefois se surprendre à être autant ensorceler par des refrains qu’autant lasser à la longue par leur répétition, et auxquels un pont ou un break supplémentaire, qui pourtant ne sont pas rares – va comprendre Charles ? – auraient peut être été ”solution” (Down Of Love, voire même le pourtant intense Liberty qui voit ici les trois chanteurs à l’oeuvre …) – question d’humeur probablement. Ce sentiment contradictoire pourrait venir éventuellement d’une production bien que très correcte, pas encore optimale … ou de mes oreilles vieillissantes.

Restent que pour ceux qui ne connaissent pas l’oeuvre de Markus avec son groupe quasi-instrumental MZ, ce premier jet, qui bien que ”tanguant” par moments, est une bonne carte de visite qui annonce les couleurs. Il mérite d’être soutenu par sa qualité d’ensemble et ses louables intentions fédératrices. Je serai de ce soutien là, bien que, pour ma part, ce sera surtout avec les deux albums à suivre que l’excitation née de ce premier album, va se transformer en réel plaisir davantage continu.

Titres conseillés : Cross Of Stone – A Thousand Years.- Cold And Alone Liberty – Tears And Pain – Poussière

Pochette : Sobre mais superbe ! Le noir et blanc et la police de caractère du titre, sont des choix simples mais gagnants.

 

Restless Fire (2015 – Brennus Music) – 5/5

Les grands moments : ben heu !? Tout l’album en fait !

Le titre qui rend dingue par son refrain lobotomisateur : Fountain Of Youth. Il s’ancre tellement dans la tête que vous n’avez qu’une envie, c’est d’en fredonner le refrain. Et là … ben, le débit vocal est tellement dense, que chanter en yaourth va s’imposer à vous hahaha ! Le pire, c’est qu’il joue de la basse en même temps ! Et quelle ligne de basse !!! Hallucinant !

Le titre fun, limite glam : Little Troubles. Pas en général le style que j’affectionne mais là, la frontière du mauvais goût qui touche le glam à mon avis, n’est pas franchie ! Il a le double mérite de vous enjouer et d’alléger le disque ! Bien joué !

Le titre épique : Fall Under My Blows

Le filer : Yen a pas !

Pochette : Jolie, esprit Malmsteen !

 

Insurgency (2021 – Rock City Music Label) – 4,5/5

Excellentissime : Blood For The Unknow – For Eternity – The Sun Shall Never Shine

Très bons : Carry On The Depths Of The Sea (esprit Helloween, Stratovarius)Fly Away – A White Cross On A Norman Field – My Mother Was A Who – Insurgency

Corrects : Everywhere (ballade un zest convenue mais qui touche) – A Star In The Sky

Le titre qu rend dingue par son refrain lobotomisateur : Blood Of The Unknow. Des choeurs sur ce refrain à tomber !! Si en concert, vous ne chantez pas et ne frissonnez pas, vous méritez un coup de baïonnette ! 🙂 For Eternity est un jumeau  avec une rythmique entre tendance FM et heavy d’un SAXON qui aurait fait les beaux jours de MTV dans les années 80 !

Le titre avec les choeurs de la mort : The Sun Shall Never Shine ! Avec un bel effort de modulation vocale de Markus !

Le titre ”fun”, limite glam : My Mother Was a Who. En l’écoutant en single, je l’avais apprécié sans plus. Il prend une plus grande dimension dans le cadre de l’album en allégeant le ton avec ce refrain typé THE WHO ! Excusez le terme ”fun” assez indécent vis à vis du thème des paroles, mais qui traduit surtout la musique

Le titre à la comparaison flatteuse : A White Cross On A Norman Field. Encore une réussite ! Le couplet me rappelle un titre de Jean-Pax MEFRET, auteur-journaliste français peu médiatisé, spécialisé dans les chansons aux thèmes militaires. Le thème ici est le débarquement en Normandie avec un refrain efficace … qui invite au recueillement !

Le titre épique : Insurgency. Plutôt sobre pour un titre épique, la seconde partie avec ses choeurs prenants, nous ramène à ce qu’ont pu vivre les gens de la Commune dans leur dramaturgie.

Le filer : Big Time

Le petit grain de sable : Qu’à l’égard de la magnifique pochette, le disque ne soit pas intégralement un concept-album consacré à l’histoire de la Commune. Mais on imagine que cela aurait nécessité un travail historique de dingue.

Interview promo Insurgency

 

A la lecture de cette trilogie, et à l’heure où on subventionne des évènements, que l’on donne donc les moyens à un tel artiste de réaliser une prestation live avec choeurs et orchestres que méritent son talent et ses albums studios !