Glenn HUGHES Return Of Crystal Karma (R.O.C.K) + Live in South America

L’avantage de ces chroniques anniversaire, c’est qu’avec le recul, on prend conscience de certains détails qui peuvent gêner ou accentuer le plaisir d’écoutes, comme un cocktail qui a été savouré sur l’instant mais en découvrant plus tard quel était l’ingrédient qui nous a fait tant salivé. Pour moi certains de ses albums n’ont pas été évidents à saisir aux premiers cercles du 33t. Ce fut le cas pour The Way It Is qui mit du temps à devenir le masterpiece qu’il est devenu dans mes oreilles.

Pour cet album fêté, le processus fut le même mais avec moins de succès auprès de moi. Et aujourd’hui je crois savoir pourquoi. Si on juge un album bon ou moins bon, c’est souvent à raison de la qualité des compos. Mais ici ce n’est pas aussi simple. Glenn HUGHES est un artiste à part on le sait, parfois même complexe à saisir mais non dénué de profondeur. Et comme pour certaines personnes dans la vie, il faut parfois gratter pour savoir ce que révèle telle personnalité ou telle création. Sa pochette illustre bien mon propos avec son côté mystique qui m’hypnotise et m’amène à me poser la question : Que veut-il nous dire ici ? 

Après l’album aux abréviations F.U.N.K, voici R.O.C.K. Le ton serait presque donné si un disque de HUGHES était aussi simple à décrypter que les noms de ses opus ou un riff d’AC/DC. Mais s’il aime varier les styles musicaux, il aime aussi “conceptualiser”(j’exagère) ses oeuvres : Addiction, Play Me Out ou The Way It Is en sont pour moi les parfaits exemples de sa discographie. Mais ici, cela est moins le cas. Et c’est de cela que je viens de m’apercevoir dans ce qui m’a toujours gêné sans trop savoir pourquoi. Au delà de la qualité des compos, je n’arrive pas à savoir où HUGHES veut nous amener cette fois-ci, tant certains titres ne me semblent pas coller avec leur frangins, un peu comme BASTAREAUD avec cette EDF de rugby : efficace dans son style mais pas dans celui choisi pour cette équipe. Où veut en venir conceptuellement tonton Glenn ?

On a pourtant une trame savoureuse qui marque l’ambiance générale vers un certain Karma.
L’exquise et prenante ballade Days Of Avalon, le psychédélique Switch The Mojo, le bon coéquipier Midnight Medidated, les funky The Other Side Of Me et l’excellent punchy et précieux This Life qui ne vous quittera pas de la tête et des jambes, ou l’élégant The State I’m In. Celui-ci est d’ailleurs intéressant par son contraste entre la rythmique bien hard et son duel solos Purplien avec le chant posé à contre sens tout en délicatesse, comme si les instruments représentaient le Mister Hyde qui habitait un temps l’artiste et le chant du Docteur Jekkyl devenu sage. Musicalement, les luminaires touches de claviers créent une bonne atmosphère générale.

Puis vint des titres qui dénotent dans ce que j’avais cru comprendre de l’esprit vendu dans ce disque, notamment dans son appellation. Pléthore de titres funky, certes de qualités (le groovy Angela), mais heu … c’est pas ROCK qu’il s’appelle l’album ? A moins qu’il fallait comprendre par ce Retour Du Crystal Karma, le vrai désir, la vraie flamme qui habite musicalement l’artiste, à savoir le funk ! Ok pourquoi pas, mais ça fait un peu arnaque pour ses fans de DP qui espéraient un album vraiment pêchu, et ce même si ça groove bien et que les instrumentistes font aussi un très bon boulot. Que ce soient en solo ou en accompagnement, ils déploient toujours des pointes de finesses tout du long comme le démontrera l’instrumental Owed To J clin d’oeil à Tommy BOLIN (cf Owed To J de Come Taste The Band) : le J est ici une référence à Jeff BECK. De mémoire, l’artiste avait bien vendu sa nouvelle production comme un retour au rock. On ne doit pas avoir la même définition, mais on lui pardonnera, car on commence alors à le connaître dans sa diversité et ses quelques contradictions.

On sent là qu’il a beau vouloir revenir au rock, difficile de renier sa vraie nature, elle revient vite au galop, et ici au bout deux titres ”seulement” (!) 🙂 avec l’entraînant It’s Alright : pas un meneur, ni un filer, il a sa place au cœur, mais file moi le beurre qu’on passe à l’autre quart d’heure ! Avec le recul, ça prêterait à sourire ! A l’époque, on espérait beaucoup un vrai retour. Aujourd’hui, ayant accès à toute sa discographie, la frustration d’alors a disparu, ce qui permet d’autant plus d’apprécier le dit présent. Mais on se demande donc ce que ces compos funky viennent faire là, avec comme point d’orgue le très heavy Gone. Composé avec Tony IOMMI, il ne manque que sa guitare ici pour en faire un classique de pur SABBATH. Si Gone colle bien avec la dénomination de ce cru 2000, comparé à l’ambiance régnante, il est au final un peu comme l’invité inconnu d’un mariage.

Entendons nous bien, il ne faut pas comprendre dans ce décalage un écart qu’on pourrait trouver dans une compilation fourre tout : Non ! L’album se tient dans son ensemble mais j’aurai aimé un peu plus de liant et de cohérence avec l’appellation. Mais lui rétorquera que c’est son appellation contrôlée :). Et si certains de ses détracteurs reprochent parfois à The VOICE d’en faire des tonnes sur scènes – ce qui n’est pas toujours faux : mais pourquoi demander à un pilote de conduire une formule 1 comme une 4L ? – ce n’est jamais le cas sur album où il est toujours dans le ton juste, dans le bon vrombissement, et que ses productions pointent toujours ce supplément d’âme, de classe et de créativité qu’on ne retrouve pas tant que ça chez d’autres.

ROCK illustre parfaitement le chanteur bassiste en cette période-là : talentueux au plus haut point, riche d’éclectisme, mais parfois une carrière un zest floutée pour ses DP fans … mais pas pour lui ! Un R.O.C.K. de qualité mais décousu qui ravira les fans de … F.U.N.K. ! … voire ceux de The Way It Is ! Et quitte à jouer avec les appellations, on peut effectivement se demander : mais quel ”chemin” veux-tu enfin prendre ? Lui,semble nous dire : ”Je fais ce que je veux : Tel Est Mon Chemin” ! Peu importe s’il est sinueux, voire ponctué d’aller-retour ! Et après tout, cette liberté ne se doit-elle pas d’être le leitmotiv de tout artiste ? les vrais !

PS : à noter le bonus inclus dans l’édition limitée : Live In South America 6 titres dont 2 de The Way It Is avec un Kill Me tueur et qui lui rock à fond (pitin cet intro de basse et quel riff et quel refrain et quel … ) ! Indispensable aussi la version dantesque de Coast To Coast avec son délire clavier en solo version latino qu’on aimerait entendre durer 10mn de plus comme savent le faire les salsero, délire bien amené vocalement par le maestro, comme lui seul en a le secret, et que dire du final : wahou !! Impro sympa pour les locaux et ceux qui aiment la salsa ! Suivez mon regard ! Que j’aurai aimé vivre ça ! J’achète !

Sur la page Facebook, ils en ont dit entre autres :

”Pour moi la grosse déception de cet album vient du son…. Très brouillon, la production n’est pas top ce qui tend à fatiguer à l’écoute. Mais cet opus contient malgré tout quelques belles petites pépites. ?J’aime beaucoup le cd live…. Très brut, naturel et pas retravaillé comme certains albums live. ????? ” Manuel

” Ha !? intéressant ! je ne trouve pas le son brouillon (!?)?, je me l’écoute en boucle depuis 2-3j c’est surtout la ligne éditoriale musicale qui m’a paru brouillonne surtout par rapport au nom de l’album. … les albums live de la DPF sont rarement retravaillés surtout chez GH et DP ! dommage que tu n’aies pas répondu sur la page DPF LMDL mais je mettrai ton comm sur le site ! merci à toi ?” Franck AF LMDL

 

Les Karma

  1. “The State I’m In” – 4:58 (Hughes, Marsh)
  2. “Midnight Meditated” – 4:27 (Hughes, Marsh)
  3. “It’s Alright” – 4:31 (Hughes, Marsh)
  4. “Switch the Mojo” – 4:33 (Hughes, Marsh)
  5. “Gone” – 5:51 (Hughes, Iommi)
  6. “The Other Side of Me” – 3:50 (Hughes, Zermüehlen)
  7. “Angela” – 5:57 (Hughes, Zermüehlen)
  8. “Owed to J” – 5:58 (Ferguson, Hughes, Marsh, Zermuehlen)
  9. “This Life” – 4:52 (Hughes, Zermüehlen)
  10. “Days of Avalon” – 5:58 (Hughes, Marsh)

Japon Bonus

  1. “The World Is Broken” – 4:54 (Hughes, Zermüehlen)

Live in South America (Bonus CD)

  1. “You Kill Me” – 4:38 (Hughes, Sales)
  2. “Neverafter” – 6:46 (Hughes, Marsh)
  3. “First Step of Love” – 6:12 (Hughes, Thrall)
  4. “No Stranger to Love” – 8:06 (Hughes, Iommi)
  5. “Coast to Coast” – 10:23 (Hughes)
  6. “Your Love is Alright” – 9:40 (Galley, Holland, Hughes)

Les Cristaux

Sortie le 19 juin 2000